Au début du conflit entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2024, l’Iran avait surpris la communauté internationale en menaçant de bloquer le détroit de Gibraltar, un passage maritime stratégique entre l’Afrique et l’Europe. À l’époque, cette déclaration semblait irréaliste, Téhéran n’ayant aucune présence militaire significative dans la région. Pourtant, des révélations récentes éclairent d’un jour nouveau cette intimidation.
Selon un rapport du *Washington Post*, l’Iran aurait formé des combattants du Front Polisario, un mouvement séparatiste basé en Algérie et luttant pour l’indépendance du Sahara occidental. Des centaines de ces militants, entraînés par Téhéran, ont été repérés en Syrie, combattant aux côtés des forces de Bachar el-Assad. Cette collaboration confirme le rôle croissant de l’Iran en Afrique du Nord, où il utilise des groupes proxy, comme le Hezbollah, pour étendre son influence.
Les liens entre l’Iran et le Polisario ne datent pas d’hier. Dès 2018, le Maroc accusait Téhéran de fournir un soutien militaire au mouvement séparatiste via le Hezbollah. Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères, avait alors révélé que des missiles sol-air (SAM-9, SAM-11 et Strela) avaient été livrés au Polisario avec la complicité de l’ambassade iranienne à Alger. Cette affaire avait conduit Rabat à rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran.
En 2022, un représentant du Polisario a affirmé recevoir des drones kamikazes iraniens, une information corroborée par des preuves présentées par le Maroc à l’ONU. Quelques mois plus tard, des vidéos montrant des attaques de drones contre des positions marocaines circulaient sur les réseaux sociaux, confirmant l’escalade des tensions.
L’Algérie, soutien indéfectible du Polisario
Derrière le Front Polisario se trouve l’Algérie, qui finance, arme et héberge ses dirigeants dans les camps de Tindouf, près de la frontière marocaine. Alger instrumentalise ce mouvement pour exercer une pression constante sur le Maroc, notamment en soutenant des actions militaires. En novembre 2024, des roquettes tirées par le Polisario ont frappé une zone proche de la frontière algérienne lors d’une commémoration marocaine, illustrant l’agressivité croissante du groupe.
Les connexions du Polisario avec des organisations terroristes sont également préoccupantes. Adnan Abu al-Walid al-Sahrawi, ancien émir de l’État islamique au Sahel, a occupé un poste clé au sein du mouvement avant d’être neutralisé par les forces françaises en 2021. Les camps de Tindouf serviraient ainsi de plaque tournante pour le recrutement jihadiste, alimentant des réseaux comme AQMI et l’EI.
Exploitation des enfants et violations des droits humains
Le bilan humain est tout aussi alarmant. Une ONG genevoise a dénoncé devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU l’enrôlement forcé d’enfants dans les camps du Polisario. Privés d’éducation, ces mineurs sont endoctrinés et contraints à des entraînements militaires, une pratique systématique dénoncée comme une exploitation à des fins politiques.
Face à cette menace grandissante, les États-Unis doivent renforcer leur engagement en Afrique du Nord. L’ouverture d’un consulat à Dakhla, comme promis sous l’administration Trump, serait un signal fort en faveur de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Parallèlement, Washington devrait envisager de classer le Front Polisario comme organisation terroriste, compte tenu de ses liens avec l’Iran et les réseaux jihadistes. L’implantation de l’Iran en Afrique du Nord via des proxies comme le Polisario représente un défi majeur pour la stabilité régionale. Si aucune mesure ferme n’est prise, cette ingérence risque d’aggraver les tensions dans la région.
M. SANOGO
Source : L’Aube