Tout comme au Burkina et au Niger, au Mali l’on redoute aussi un mandat hors élection pour le Gal. Assimi Goïta, alors que nous sommes à quatre ans et huit mois de transition. Sur la question, les Maliens s’enflamment aussi bien sur les réseaux sociaux que dans les grins. Dans ce micro-trottoir que nous avons réalisé cette semaine, les Maliens sont loin de parler d’une seule voix sur le sujet. Si certains sont d’accord avec une nouvelle prolongation de la transition, d’autres, par contre, réfutent en bloc et excluent toute continuité avec l’actuel chef de l’État.
Diawara Touré, vendeuse d’encens à Lassa à Bamako : « Je suis pour… »
Je suis pour une prolongation, parce qu’il y a eu beaucoup de changement. Il (Assimi) a pu résoudre les problèmes d’armement et surtout la sécurité des biens et services. Et aussi, les gens se plaignaient de la coupure d’électricité, mais maintenant nous avons 19 heures d’électricité, ce qui est une très bonne chose, un très bon changement pour le développement du Mali. Alors pourquoi ne pas souhaiter que la transition soit prolongée de 5 ans ?
Soumaïla Ballo, étudiant à Bamako : « Si ça ne dépendait que de moi, ils seraient partis depuis longtemps »
Si ça dépendait que de moi, ils seraient partis depuis longtemps. Nous sommes dans un pays où personne ne peut s’exprimer librement sans risquer la prison. En plus, leur soi-disant fonds de soutien, c’est pour nous ruiner dans ce pays. En tant qu’étudiant, tu ne gagnes rien à part l’argent de récréation que tes pauvres parents te donnent. Ce petit argent aussi, le Mali veut prendre ça. Les gens parlent de changement, franchement moi je ne vois pas de changement. Avant l’arrivée de l’actuel président, les Maliens avaient l’électricité, mais maintenant, on nous soutire de l’argent contre notre volonté pour avoir de l’électricité. Maintenant, où est le changement ? Franchement j’ai marre de cette histoire de fonds de soutien.
Souleymane Traoré, étudiant à Bamako : « Le président mérite la même chose que les autres présidents de l’AES »
Quand on essaye de voir actuellement le cas du Mali, je suis pour le prolongement de la transition. Le président mérite la même chose que les autres présidents de l’AES (Burkina-Faso et le Niger). Grâce à lui, on a pu quitter la CEDEAO, qui représentait une menace pour les États membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) et leurs populations.
Mahamadou Diallo, mécanicien à Niomirabougou, Bamako : « Prolonger la transition pourquoi faire ? »
Prolonger la transition pourquoi faire ? Pour qu’ils nous tuent tous ? Non merci ! Les militaires au pouvoir, c’est la catastrophe. Déjà, les gens sont terrorisés, ils ont peur de s’exprimer par craindre d’être enfermé ou tué. Dans ce pays, c’est quatre choses, soit tu es en prison, soit tu fuis le Mali pour ne pas être en prison, soit tu es tué, s’ils n’arrivent pas à te neutraliser. Dans le cas contraire, il faudra s’abstenir de dire quelque chose qui pourrait être contre la volonté des autorités. On nous dit que le Mali est un pays démocratique, or on nous gouverne dans la dictature. Voyons bien le cas de ce pays, sinon ça ne va pas.
Fatim Kadi Diakité, citoyenne à Mahina (région de Kayes) : « Il faut même plus de 5ans »
Actuellement où nous sommes, il faut même plus de 5 ans, je suis tout à fait d’accord. Nous assistons et constatons du changement dans plusieurs domaines. Grâce au président (Assimi), le projet de réparer les routes ont vu le jour. Nous le constatons bien vers le grand marché de Bamako. En plus, nous avions des problèmes d’eau chez nous à Kayes. Dans certains villages comme à Mahina, à Bafoulabé… Dieu merci, il a résolu ce problème en mettant des forages là-bas. De plus, la plupart de nos écoles étaient inachevées, mais maintenant tout est réparé. Il prend les choses en main.
Ramata Niamelé, vendeuse de charbon à Samé à Bamako : « l’actuel président n’a pas idée de ce que nous traversons »
L’actuel président n’a pas idée de ce que nous les pauvres traversons. Avec la pauvreté qui n’en finit pas, la cherté des choses, plus cette extrême chaleur, comme si ce n’était pas suffisant, le fonds de soutien s’en suit. En plus, le Mali n’est pas du tout sécurisé, ceux qui sont à Bamako n’ont pas idée de ce qui se passe dans certains villages. J’ai l’impression que les Maliens pensent que le Mali se résume seulement à Bamako. Les gens sont en danger, il est temps de voir en dehors de Bamako.
Mariam Keita, ménagère à Lassa à Bamako : « pour moi, c’est le meilleur président »
Pour moi, c’est le meilleur président que le Mali n’a jamais connu. C’est vrai qu’en ce moment avec le fonds de soutien, ce n’est pas facile pour certain, mais si nous voulons du changement, nous voulons que le Mali aille de l’avant, il faudra aider et il faudra avoir beaucoup de patience et d’endurance.
Mariam Tangara, vendeuse au grand marché de Bamako : « c’est la dictature qu’il nous faut »
Pour la bonne gouvernance de ce pays, il n’y a pas plus mieux qu’un militaire au pouvoir. Parce que le Mali est un pays où la majorité des citoyens sont analphabètes. Par conséquent, c’est la dictature qu’il nous faut. Lorsqu’on donne la liberté d’expression ce pays sera comme le marché. Les gens n’ont pas de limite. C’est mieux ainsi, comme ça tout le monde réfléchira à deux fois avant de parler ou de faire quoi que ce soit. Je suis pour le prolongement.
Mah Keita, vendeuse de rideaux à Samé, Bamako : « ce n’est pas facile de diriger un pays qui n’a pas d’argent »
Je suis pour la prolongation de la transition. Parce que ce n’est pas facile de diriger un pays qui n’a pas d’argent. Nous devons comprendre que quand il est venu au pouvoir, le Mali n’avait pas d’argent dans les caisses. Donc, c’est petit-à-petit on pourra s’en sortir.
Propos recueillis par Maïmouna Fakaba Sissoko, stagiaire
Source : Ziré