Des sites de déplacés font face aux défis de la prise en charge sanitaire des personnes âgées

Les humanitaires considèrent les personnes déplacées comme l’une des populations les plus vulnérables. Ces personnes rencontrent des problèmes de santé, et la situation est encore plus préoccupante pour les personnes âgées déplacées. Ces hommes et femmes d’un âge avancé se plaignent de leur santé fragile et expriment un besoin d’assistance particulière. Cependant, certains d’entre eux bénéficient d’une prise en charge modeste et gratuite sur les sites des déplacés à Bamako et à l’intérieur du pays.

Le jeudi 20 mars, vers midi, nous nous sommes rendus au centre Mabilé, un site d’accueil pour personnes déplacées. Ibrahim Diallo, un homme de 70 ans visiblement en bonne santé, nous a accueillis sous sa tente après notre visite des lieux.

« Je suis le plus âgé ici. Heureusement, je n’ai pas été malade depuis mon arrivée. Par conséquent, je n’ai pas été consulté au centre de santé », nous déclare cette personne âgée.

Ibrahim Diallo déplore tout de même le manque d’une prise en charge spécifique pour les personnes de la même génération que lui. Aussi il affirme que l’intimité des patients n’est presque pas protégée sur le site. « Certaines personnes refusent d’être exposées publiquement. Elles choisissent donc d’aller dans un centre de santé hors du site », a-t-il fait remarquer.

Amadou Sadio Diagayette, qui est sur le site avec sa mère, regrette cette exposition publique des malades. N’ayant pas d’autre option, il dit accompagner fréquemment sa mère au centre de santé le plus proche du site.

Ce déplacé qui affirme tenter de joindre les deux bouts nous explique ses sacrifices afin de prendre soin de sa maman : « Si tu tombes malade, informe le service développement social. Les responsables t’autoriseront à être pris en charge par la Croix-Rouge sur place. Cette organisation s’occupe gratuitement des malades. Je vis avec ma mère, mais je l’emmène dans un autre centre de santé quand elle a des problèmes de santé, car les consultations se font ici sous les regards, ce que nous ne voulons pas. »

De l’aide face aux urgences sanitaire

Les services étatiques, notamment celui du développement social, et leurs partenaires travaillent sur différents sites face aux premières urgences sanitaires. L’association Monde Sans Guerre et Sans Violence, du projet Abareka Nandree, fait partie des organisations humanitaires qui offrent des soins sur le site de déplacés du centre Mabilé. Cette organisation se rend sur le site quelques fois par mois.

Diabé Sada Bathily est un de ses agents. Il nous explique leur plan d’action : « On a un programme spécifique. On doit faire des consultations et des soins gratuits pendant une année. Donc, nous avons commencé en août dernier. On va terminer vers fin juin 2025. Au début, c’était cinq fois par mois pour les trois premiers mois. Maintenant, on est à deux fois par mois. Chaque deux semaines, on vient, on consulte, on donne des médicaments gratuitement. »

Une prise en charge semblable est aussi visible à Bankass dans la région de Bandiagara

Un père de famille explique que son « arrivée à Bankass en fuyant Diallassagou il y a 10 mois, il a été prise en charge par l’ONG Première Urgence Internationale ». Une autre personne déplacée, originaire de Kani-Bonzon, confirme que « leurs soins de santé sont entièrement et gratuitement pris en charge depuis leur installation à Bankass ».

Des défis sanitaires à relever sur d’autres sites

À Ségou, la situation est plus complexe. Les déplacés se plaignent du manque d’assistance médicale. Youssouf Sidibé, déplacé depuis des années sur le site ATT Bougou, explique que les ONG qui les aidaient ne sont plus actives.

Le vieux Sidibé déplore que « leur santé soit préoccupante et leurs soins problématiques, surtout s’ils n’ont pas les moyens de s’en occuper ».

Il souligne aussi qu’« actuellement, ils rencontrent de réelles difficultés, sans aucune solution. Lorsque tu tombes malade, on te prescrit des médicaments que tu n’as pas les moyens d’acheter, c’est vraiment problématique ».

Ces personnes âgées réclament la création d’installations adaptées sur les sites, afin d’améliorer leur prise en charge. Par ailleurs, les spécialistes de la santé recommandent à la population de surveiller attentivement les personnes âgées pendant cette période de forte chaleur.

Source : Studio Tamani

Last Updated on 08/04/2025 by Ousmane BALLO