Contrôle de l’action gouvernementale : lers un CNT soumis !

Juste après la publication les décrets de la mise en place du Conseil National de Transition (CNT) avec les modes de désignation et la clé de répartition publiés, une bataille fait rage entre les autorités de la  transition et une grande partie de la classe politique. Au-delà des tractations pour des poste au CNT, une question revient dans les esprits bienveillants, à savoir quel pouvoir attribue-t-on à ce fameux CNT ? Et qu’en est-il de ce pouvoir ?

Le Conseil National de Transition, puisque c’est de ça qu’il s’agit, est sensé contrôler l’action du gouvernement de la transition tel que recommandé par la Charte de la Transition adoptée à l’issue des trois jours de concertations nationales. Le processus bien que contesté est donc lancé depuis la signature des deux décrets par  Bah N’Daw, président de la Transition. Ces décrets concernent les modes de désignation et la clé de répartition entre les différentes corporations civiles et militaires .

L’indépendance de l’organe mise en doute !

Dans cette clé de répartition du CNT, l’on constate que les forces de défense et de sécurité détiennent vingt deux (22) sièges. Elles sont suivies des partis politiques avec onze (11) sièges ; la société civile neuf (9) sièges ; du M5-RFP qui possède huit (8) sièges ; les faîtières de la presse, quatre (4) sièges…

Avec un conseil majoritairement dominé par les militaires qui visent d’ailleurs la présidence de l’institution et qui sont aussi bien représentés dans le gouvernement, l’on peut bien se poser la question de savoir si réellement ce CNT peut contrôler l’action du gouvernement. Mais, cela ne sera pas du tout surprenant au Mali dans la mesure où les actions des régimes démocratiquement mis en place n’étaient pas non plus contrôlées à hauteur de souhait par les Assemblées nationales précédentes.

Au cours d’un cours classique à l’Institut français, Salifou Koné, docteur en sciences du langage et analyste des discours politiques, a donné son avis personnel là-dessus. Il pense clairement que ce CNT n’a pas sa raison d’être. « Ça reste mon avis personnel. Mais pour moi, ce CNT n’a pas besoin d’être mis en place. Les Maliens dans l’ensemble ont voulu qu’il y ait ce CNT, tant mieux, on doit respecter cette majorité, mais pour moi, ce CNT ne peut pas contrôler l’action du gouvernement. On est entre Maliens et si vous voyez le mode de désignation qui est très difficile à décortiquer, ça devient difficile. Qui désigne qui ? Et qui contrôle qui réellement ? Enfin c’est compliqué. De plus, il faut payer ces gens qui pour moi ne seront là que comme ça. Je pense que dans l’état actuel des choses, cet argent aurait pu servir à autre chose », a-t-il précisé.

En tout cas, le mode de désignation qui se passe des couloirs au bureau du vice-président de la transition, reste flou. Tout d’abord, si une corporation a droit à dix sièges, elle doit envoyer une liste de 20 personnes parmi lesquelles le vice-président choisit les dix représentants au CNT. Quels seront alors les critères des choisis ? La seule réponse que l’on puisse donner actuellement, c’est qu’aucun critère n’a été encore rendu public. Mais, la vérité est que toutes les  personnes désignées par le Vice-président peuvent lui être redevables. Ce qui laisse planer le doute sur l’indépendance des futurs membres du CNT du pouvoir en place. Donc, ce CNT a de forces chances d’être soumis ou d’être tout simplement à la solde des autorités de la Transition.

Amadou Kodio

Source : Ziré

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