BandiougouGakou, Ancien ministre : « Ceux qui se disent héritiers de la première République, ont le devoir de demander pardon…! »

Aminé par un sentiment de révolte, le professeur d’enseignement supérieur non moins ancien ministre de la République, Bandiougou Gakou, vient de publier simultanément deux livres assez provocateurs. Le premier est intitulé ‘’Le Mali dans la tourmente de l’Indépendance’’ et le second s’appelle ‘’l’Essai de l’Islam’’. Dans ces deux ouvrages dont les lancements officiels onteu lieu le 19 février 2020 au Centre International de Conférence de Bamako, le professeur lance un éternel débat autour des sujets assez sensibles. 

Si, dans le premier livre, le professeur retrace les dérives de la gouvernance de 1960 à nos jours, dans le second, il parle de l’instrumentalisation de l’Islam pour des fins non expliquées. Engagé désormais dans l’analyse de l’islamisme, l’ancien ministre, à travers ses deux livres, reconnaît que le Mali vit actuellement un drame. « Le politique, le religieux et l’économiste furent, certes, au cœur de soubresauts répétitifs, surgis depuis les fonts baptismaux de son indépendance, mais, à ces questions déjà complexes, vient se greffer aujourd’hui une manipulation ethno-centrée orchestrée par de puissantes mains invisibles », estime-t-il.

Ensuite, Bandiougou Gakou pense que, dans ce contexte de l’Etat qui se désagrège à coup d’intrigues savamment et puissamment entretenues, le religieux tisse sa toile et donne aussi de nouvelles raisons d’inquiétude, tant le clivage en son sein, crucial et épidermique, assombrit l’horizon. A travers des textes publiés à diverses étapes de la crise, l’auteur dénonce la gouvernance qui a volontairement fragilisé tout le pays, en bradant sa puissante armée nationale. Pire, avance-t-il, en invitant royalement des rebelles suréquipés, prêts à porter l’estocade à une armée en détresse. «Le pays a été livré à de criminels assaillants venus de nulle part. Alors dès lors, les îlots d’affrontements se multiplient et le pays s’interroge… », a-t-il ajouté.

Bandiougou Gakou, économiste de formation et ancien ambassadeur, est aussi un arabisant chevronné, très versé dans l’exégèse coranique, au point de se voir attribuer parfois un titre d’islamologue par la presse occidentale. Dans le passé, il a écrit et publié ‘’L’inflation malienne ?’’. Mais, depuis sa mission d’ambassadeur accomplie en lran, ses orientations s’affichent désormais vers l’analyse de l’islamisme rampant qui veut emporter un pays délité, le nôtre.

« Nous avons détruit notre armée et voilà… »

Au-delà des simples analyses et des pistes de solutions, l’auteur se présente comme un fervent provocateur, des provocations destinées aux pères de l’indépendance et de la démocratie auxquels il demande une excuse publique au peuple du nord. « A l’Indépendance de notre pays, le parti au pouvoir a été très fortement aidé par les Tamasheqs, grâce auxquels on a mis en échec plusieurs plans du colonisateur. Mais dans la gestion de l’Indépendance également, nous nous sommes affrontés aux mêmes Tamasheqs. Il y avait eu une résistance farouche au régime socialiste, je veux dire, une résistance armée même. Mais la réponse a été disproportionnée. C’est pour dire qu’aujourd’hui ceux qui se disent héritiers de la première République, ont le devoir de repentir, un devoir de  demander pardon au gens du nord pour avoir fauté gravement par rapport à leur traitement»

Les jihadistes, il les traite de « mauvais élèves de l’Islam ».Parlant aussi de l’armée, l’ancien ministre précise : « Nous vivons dans la mauvaise gouvernance depuis plusieurs années. Si nous avions l’armée léguée par le père de la nation, Modibo Kéita, et renforcée par Moussa Traoré, est-ce que cette situation peineuse nous serait arrivée ? Nous avons détruit notre armée et voilà que nous nous sommes livrés aux jihadistes. »

 En ce qui concerne la religion, notre analyste en islamisme s’en prend aux extrémistes religieux. Ceux-là qui, au nom de la religion, ont fait du mal aux gens. Selon l’écrivain, la religion est un exemple de démocratie, donc de pardon et de tolérance et non une arme de violence et de destruction.

 Amadou Basso

 

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