Le 11 octobre 2022, le président de la Transition a reçu l’avant-projet de Constitution. Oui, c’est une avancée significative dans le processus de la transition, mais il va forcément falloir du temps et des moyens pour mieux expliquer aux Maliens le contenu de ce document. Il s’agit de dire au peuple, en terme clair et au bon moment, tous les changements que comportera cette nouvelle Constitution.
Cela permettra justement d’éviter les interprétations personnelles et de répondre aux inquiétudes qui gagnent déjà le terrain. Durant toute la semaine dernière, les discussions autour dudit projet de Constitution allaient dans tous les sens, particulièrement autour des attributions du pouvoir des institutions et les valeurs des langues nationales. Evidemment, cela témoigne de l’intérêt que le peuple malien accorde à cette nouvelle Constitution. Mais, ça dénote également le déficit d’informations sur le document.
L’ancien ministre et avocat à la Cour, Me Kassoum Tapo, a souligné le 16 octobre 2022, sur Africable Télévision, que le pouvoir du président de la République a été maintenu et même renforcé. « Dans l’avant-projet de la nouvelle Constitution, le président a l’initiative des lois. C’est pourquoi, je dis que je ne sais plus dans quel régime on est ? Ça veut dire qu’on va emmener tous les services techniques de l’Etat au niveau de la présidence de la République. Sinon, comment le président va-t-il initier un projet de loi ? Donc, ça paraît être très problématique », a-t-il souligné.
Et Me Tapo d’ajouter : « On a augmenté le pouvoir du président tout en fragilisant l’Institution par deux choses : le président doit, une fois l’an, se présenter devant le parlement pour faire un discours sur l’état de la nation et le parlement peut le destituer. Ça peut nous amener à un véritable coup d’Etat civil. »
Cette intervention a également suscité beaucoup de débats sur les réseaux sociaux. Certes, une Constitution ne peut pas prendre tout en compte, mais il va falloir organiser des vrais débats politiques constructifs sur ce document. Ce qui est sûr, c’est que les partis politiques et les organisations de la société civile doivent avoir le courage d’organiser des séances de dissémination du contenu dudit projet avec leurs basses.
Aussi, ils doivent l’analyser pour voir si toutes leurs observations ont été prises en compte ou alors pour faire de nouvelles propositions aux autorités de la transition visant à améliorer davantage le contenu du document. Le but est de faire en sorte que la nouvelle Constitution qui sera votée puisse répondre au mieux aux aspirations des Maliens.
Ousmane BALLO
Source : Ziré