Mali: l’officialisation des langues nationales au centre des débats des assises nationales de la refondation

Les Assises Nationales de la Refondation (ARN) poursuivaient son cours normal ce mercredi 29 décembre 2021 au Centre International de Conférence de Bamako (CICB). Au cours des débats, le groupe des hématiques Arts-Tourismes-Sport; Jeunesse-Sport-Education, Civique-Construction Citoyenne; Education-Questions scolaires universitaires et recherches scientifiques a proposé l’officialisation d’une ou des langues nationales.

C’est un débat sans conclusion réelle auquel les participants se sont livrés ce mercredi autour des langues nationales. Animés de sentiments de rejet de la France et de sa langue, le français, les Maliens pensent que le processus de refondation d’un État passe nécessairement par une souveraineté linguistique et monétaire. A cet effet, les participants ont trouvé impératif de valoriser nos langues afin qu’elles puissent un jour rivaliser ou même remplacer la langue française, retenue comme langue officielle jusqu’ici.

Mais, quelle langue faut-il prioriser?

C’est là le véritable débat. Pour certains, il faut donner priorité à la langue la plus parlée qu’est le Bamankan, pour d’autres cela risque de marginaliser les autres langues.

Dr Fodé Moussa Sidibé est un enseignant chercheur et homme de lettres. Pour lui, le Mali doit officialiser toutes les langues nationales pour résoudre les problèmes de compréhension entre l’élite et les populations. «La remarque est faite à tous les niveaux qu’aucun pays du monde ne s’est réellement développé avec une langue étrangère pendant que ces langues nationales sont autant parlées. Si nous officialisons nos langues nationales, en ce moment, on aura résolu les 90% des problèmes de compréhension et de développement personnel et intellectuel de nos concitoyens », souligne-t-il.

Aussi, Dr Fodé Moussa Sidibé estime qu’il n’y a pas de crainte à avoir plusieurs langues nationales. «Les gens s’interrogent sur comment faire avec autant de langues nationales parlées. Mais écoutez, partout au monde, les langues sont en compétition avec elles-mêmes et à un moment donné, il y aura toujours une langue qui va dominer les autres. Aujourd’hui, je pense que nos autorités doivent tout simplement s’adresser aux populations avec nos propres langues, n’importe laquelle et on traduira pour ceux qui ne comprennent pas. Mais avec le français, il y a beaucoup moins de gens qui comprennent », ajoute-t-il.

Pour Abdoulaye Tounkara, professeur d’enseignement supérieur et vice-président de l’ADP-Maliba, toutes les langues se valent. «Nous avons déjà un document qui a réglé cette question des langues. Il s’agit du document de politique nationale de linguistique. Selon ce document, toutes les langues ont la même valeur et qu’au Mali désormais il faut rendre officielle toutes les langues nationales », précise-t-il.

Cependant, Seydou Diassana pense que pour éviter tout dysfonctionnement, les Maliens doivent trouver un consensus autour de la langue la plus parlée, à savoir : le Bamankan

Amadou Kodio/Afrikinfos-Mali