Toutes les deux ont le statut d’aide-ménagère. Elles ont toutes contracté une grossesse indésirée et se sont débarrassées de leurs nouveaux-nés de façon tragique. Les juges les ont condamnées à l’ordre
C’est aux environs de midi que AK, originaire du Burkina Faso, âgée de 20 ans, a comparu devant les jurés de la Cour d’assises pour répondre à un cas d’infanticide dont elle s’est rendue coupable à Yirimadio Zerny, en Commune VI du district de Bamako. Au moment des faits, AK était employée comme aide ménagère dans une famille de ce quartier populaire de la périphérie de la capitale. Très probablement, cette jeune fille ignorait que l’acte répréhensible qu’elle a commis est prévu et puni par une disposition de articles 199, 200 al. 2, 204, 205, 206, et 281 du code pénal, pouvant donner lieu à des peines criminelles.
C’était courant 2017. La pauvre fille a contracté une grossesse alors qu’elle ne l’avait pas désirée. Pis, le jeune homme sur qui elle comptait pour endosser la paternité du nouveau-né, a eu une réaction tout à fait contraire. Il semble que ce dernier a catégoriquement rejeté la responsabilité d’être l’auteur de sa grossesse. Avec le temps, AK a accouché de la façon la plus normale au monde, au Centre de santé communautaire (CSCOM) de Yirimadio. Après son accouchement qui s’est passé sans problème, AK est rentrée à la maison avec son nourrisson, comme cela se fait dans les cas du genre.
Mais bizarrement, une semaine après tout cela, elle décide de se débarrasser de son nouveau-né dont la présence semblait lui causer plus de mal que de bien. Et elle l’a fait de la façon la plus cruelle. Le jour où elle a pris cette cruelle décision, elle s’est servie d’un objet contondant. Et c’est comme cela que la jeune fille a administré plusieurs coups sur la tête du nouveau-né qui n’avait que sept jours de vie. Puis, pour en finir définitivement avec cet enfant dont elle avait de la peine à supporter la présence, la mère n’a pas hésité à l’étouffer par strangulation.
Ensuite, elle tentera de jouer à la ruse pour brouiller les pistes de son acte ignoble, avec l’espoir d’écarter tout soupçon pouvant l’incriminer. Ainsi, elle se chargea elle même de transporter son nourrisson au centre de santé, dans un état quasiment désespéré, pour une soit disant consultation au prétexte qu’il est souffrant. Elle n’avait pas compté avec la vigilance des pédiatres qui, une fois qu’ils ont eu le bébé entre leurs mains, ont tout de suite compris qu’il n’était plus de ce monde.
Ils l’ont bardée de questions pour comprendre un peu ce qui a pu arriver au nouveau-né. Comme toute réponse aux questions que les Blouses blanches lui ont posées, la pauvre fille a répondu que l’enfant était tombé d’entre ses bras. Et que sa chute a sérieusement affecté sa tête. D’où les traces du choc reçu sur cette partie de son petit corps. Mais cette explication a semblé trop simpliste pour des médecins expérimentés. Ces derniers ont tout de suite soupçonné une mort suspecte. C’est comme cela que les policiers du 13è arrondissement sont entrés dans la danse pour tirer cette affaire au claire. Par la suite une information judicaire a été ouverte aux termes de laquelle la nommée AK a été inculpée pour l’infraction citée plus haut.
à l’audience, l’accusée s’est présentée à la barre, habillée d’un « Body » et d’un pagne. Face aux jurés, la mine serrée, la jeune Burkinabé n’a pas cherché à se compliquer la tâche. Elle a tout simplement reconnu les faits sans ambages. Et de manifester aussitôt « son profond regret » avant même que les débats n’aillent loin comme on le dit. Visiblement, elle n’était pas prête à varier dans sa logique de reconnaissance des faits à elle reprochés.
Il lui fallait maintenant donner des explications de son acte pour que les jurés puissent comprendre les raisons de cet acte ignoble qu’elle a posé. C’est ainsi que l’accusée a avancé une raison due à la colère qui la rongeait. Cela, à cause du fait que, l’homme qui semble être l’auteur de sa grossesse a tout nié cet état de fait. Donc celui-ci a catégoriquement rejeté la paternité du nouveau né. D’où l’idée pour elle d’opter pour la solution finale au détriment du nouveau-né. à la suite de ses explications relativement détaillées, l’accusée a fondu en larmes comme pour extérioriser sa douleur et tout son regret.
Le temps passé en détention préventive semble avoir fait son effet sur AK qui a juré, pensant que son cas servira de leçon pour toutes celles qui se hasarderaient à tomber dans la commission du même acte répréhensible. Mieux, elle a apparemment compris que quelles que soient les raisons, rien ne saurait justifier le fait d’ôter la vie d’un être humain.
Le ministère public, dans son réquisitoire, a indiqué que les faits sont clairs. Sans vouloir faire traîner les débats, il a estimé que l’inculpée est coupable. Il a fait un rappel des faits avant de requérir qu’elle soit maintenue dans les liens de l’accusation.
La défense s’est retrouvée devant les faits accomplis. Elle na eu qu’à solliciter la magnanimité de la cour, tout en avançant l’ignorance de sa cliente quant à la gravité des faits. Le conseil de l’accusée a plaidé des circonstances atténuantes pour celle quelle a considéré comme une ignorante.
Revenu à la charge, le défenseur des citoyens requis l’application des dispositions des articles 18 et 19 du code pénal. C’est ainsi que la cour dans sa sagesse, a condamné la ressortissante burkinabé à 3 ans de prison. Vu son temps de détention, elle doit en prince regagner son « Faso » natal en décembre prochain, comme elle l’a lui-même souhaitée dans ses derniers mots à la cour.
Aminata Diarra
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…C’était au tour de la demoiselle « AG » de se présenter à la barre pour les mêmes faits d’infanticide. Tout comme AK, elle aussi est accusée d’avoir donné volontairement la mort à son nouveau-né à Kati Malibougou dans la Commune urbaine de Kati. Cela s’est passé alors qu’elle était employée dans une famille de la ville garnison en 2018.
à l’audience, c’est une accusée de taille moyenne, la tête voilée qui s’est présentée à la barre. D’entrée de jeu, elle a plaidé coupable tout en reconnaissant les faits. Dans ses explications, elle dit avoir noué une relation amoureuse avec un voisin du quartier au cours de laquelle, elle contracta une grossesse.
« On a commencé à sortir ensemble, il m’a touché juste deux fois et je suis tombée enceinte », avoua-t-elle. Du coup, elle n’a voulu informer personne de son entourage. Même son copain. Par la suite, elle commença à se plaindre de sévères maux de ventre ce qui l’obligea à se confier à un membre de sa famille. Ce dernier lui aurait fait ingurgiter une poudre médicamenteuse, sensée calmer ses douleurs.
La suite est tragique. Quelques instants plus tard, elle a accouché dans la toilette. Puis, pour, pense-t-elle, effacer toutes traces, elle se débarrassa du nouveau né, en le laissant tomber dans la fosse d’aisance. Et c’est ainsi que son patron fera la découverte macabre suite à la putréfaction du corps. La suite est connue. De file à aiguille, elle est interpelée puis coincée avant d’être renvoyée devant les juges. C’est comme cela qu’elle déclara avoir peur de retourner au village avec un enfant sous les bras, alors qu’elle y était déjà fiancée.
Son employeur présent à l’audience est passé à la barre pour témoigner. Ce dernier s’est contenté de manifester son incompréhension face au fait qu’elle a justifié son acte par la peur de retourner au village avec un enfant sous les bras. Sans vouloir entrer dans certains détails, le parquet a rappelé la gravité des faits. L’avocat de la défense a plutôt plaidé coupable et sollicité des circonstances atténuantes pour sa cliente. à la lumière des débats, cette plaidoirie semble avoir porté ses fruits.
La jeune mère a pu bénéficier de circonstances atténuantes. Elle a juré de ne plus retomber dans la commission d’une telle infraction. Et la cour l’a condamnée à 2 ans de prison déjà purgée se qui lui a valu de sortir libre de la salle.
ROKIATOU TRAORÉ
Source: L’Essor
Last Updated on 29/09/2020 by Ousmane BALLO