MALI : clap de fin ! 

Ainsi, Ibrahim Boubacar KEITA est tombé avec une déconcertante facilité ! Même pas de baroud d’honneur de la part d’un homme célébré pour sa rodomontade: « Kati ne fera plus jamais peur à Bamako », après l’interpellation de Sanogo et de sa clique chez qui l’ivresse du pouvoir s’était muée en dérive sanguinaire avec l’assassinat de 23 bérets rouges et la mise à mort quasi rituelle de quelques compagnons de route. Ce que IBK ne savait pas c’est qu’il y a Kati et Kati. Le Kati des soudards et le Kati des gentlemen-soldats qui peuvent traverser le plateau de Koulouba, débouler dans la vallée de Bamako pour aller cueillir aux bords du fleuve à Sébénicoro le chef de l’Etat et le conduire aimablement à la garnison militaire de Kati pour le faire démissionner de manière civilisée. Ce fameux mardi 18 août, aux premiers tirs des soldats mécontents, tout Bamako a redouté les foudres de la Garde nationale qu’on nous présentait comme les fantassins du régime depuis qu’ils avaient pris pendant la transition la place des commandos para au sein de la Sécurité présidentielle et dans la protection des hautes personnalités.

En lieu et place des méchants « Gardes », on a vu dans le cortège de pick-up lancé à l’assaut de la capitale une osmose des bérets rouge, vert, marron, bleu et noir.

Ils se sont mis ensemble pour mettre fin au magistère d’un homme qui, par son goût immodéré de la division, avait largement contribué à la guerre des bérets. Dans ce pays fracturé de toutes parts, on est frappé de constater que IBK ne recueille de soutiens nulle part. Le M5-RFP l’a défié 4 fois dans la rue avec des mobilisations à plusieurs centaines de milliers manifestants sans jamais recevoir de réplique en face ni de la majorité présidentielle ni des associations de mange-mil opportunistes qui se créaient à la pelle. Les membres du Comité national de Salut du Peuple ont conduit leur opération « putsch en douceur » pour cueillir un président sans défense après 7 ans d’exercice au cours desquels on a pu apprécier sa jubilation volubile devant la chose militaire.

Abandonné par un pays qui s’était jeté dans ses bras à corps perdu en 2013, Ibrahim Boubacar KEITA est allé chercher du soutien à l’étranger et a réussi à braquer la CEDEAO contre le Mali où deux vieux présidents (Alassane Ouattara et Alpha Condé) le défendent bec et ongles, soucieux de ne pas subir son sort, par effet de contagion.

Mais la vraie tutelle du Mali, de Dioncounda Traoré à IBK, fut confiée à la France qui a infantilisé le pays jusqu’à la caricature. Ses plus sincères partisans n’en sont pas encore revenus. Ils croyaient élire un patriote intransigeant, voire un nationaliste ombrageux pour se retrouver sous le joug  d’un leader stipendié.

En 2013, celles et ceux qui ont voté pour lui connaissaient son goût du luxe et de la dolce vitæ avec l’argent public mais ne voulaient y voir aucune tentation d’enrichissement personnel. Dans les faits, IBK installé au cœur de l’Etat la famille, la belle-famille, les amis qui ont tenu les leviers de la commande publique et des affaires. La probité personnelle du Conducator avait été fortement écornée par l’affaire Michel Tomi révélée par le journal Le Monde à laquelle IBK voulait donner une suite judiciaire avant de se raviser certainement en raison de la solidité du dossier.

À l’analyse de son parcours de président et des conditions de sa chute, on peut affirmer sans risque de se tromper que IBK fut dans l’histoire politique du Mali une promesse jamais tenue, un gros leurre tout à l’opposé de l’image publique qu’il a véhiculée et des valeurs éthiques et professionnelles qu’il prétendait incarner. Le temps est le plus fin tamis de la vérité !

Sambou Diarra

Source : L’Aube

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