Mahmoud Dicko sur la polémique autour de la charia : « Ce genre de réactions me font sourire »

Invité à l’émission ‘’Le Débat africain’’ de la radio France internationale (RFI) enregistrée à Bamako la semaine dernière, l’imam Mahmoud Dicko, ancien président du Haut Conseil islamique, a donné son avis, sans langue de bois, sur la question relative au dialogue avec les chefs terroristes, à savoir : Iyad Ag Ghali et Amadou Kouffa.

Au cours de cette émission qui recevait également Me BaberGano, ministre de l’Intégration africaine  et l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, l’Imam Mahmoud Dicko a estimé qu’il a toujours pensé qu’il fallait négocier avec ces terroristes. « Et cela, en raison de l’état de notre pays administré par un État faible avec une armée qui est dans une situation très délicate à l’image de la société malienne elle-même. Dans l’état actuel des choses, faire face à une longue guerre est très difficile à supporter pour le Mali. Je crois qu’on a raison de parler avec les djihadistes. Je ne suis pas moins surpris, je pense que le monde actuel vit dans un paradoxe. Nous sommes à une époque où il y a une campagne mondiale pour l’abolition de la peine de mort, tout simplement pour sauvegarder la vie humaine. Et si aujourd’hui, pour sauvegarder des vies humaines, on pense qu’il faut négocier avec des gens qui tuent, je ne vois pas comment cela doit être une surprise », a-t-il déclaré.

Mahmoud Dicko dira aussi que négocier, c’est d’abord une volonté. « Nous voulons négocier et ceux qui sont cités sont seulement des têtes de chapitre. Mais si le principe de négocier est accepté, ça veut dire qu’on va négocier avec tous ceux qui sont sur le terrain d’une manière ou d’une autre. Parce que, c’est très difficile aujourd’hui de savoir ceux qui sont les vrais acteurs sur le terrain si on n’est pas au courant du fonctionnement du système », a-t-il souligné.

Pour Mahmoud Dicko, le principe veut qu’on aille aux négociations sans a priori. « On va aux négociations avec les arguments qu’on a. Pour le Mali, le préalable, c’est d’abord chercher la paix. Maintenant, le contenu sera déterminé au cours des débats. Mais, faire des préalables et désigner des lignes rouges avant même le principe de négociations par les autres me paraît utopique », a-t-il déclaré.

Après avoir écouté les uns et les autres sur l’intransigeance autour de la question de l’application de la charia, Mahmoud Dicko a fait savoir que « ce genre de réactions [le] font sourire ». Pour lui, la démocratie que nous revendiquons a failli autant que l’État républicain. Et d’ajouter que c’est cela qui a amené le terrorisme dans notre pays.

« C’est cette mauvaise gouvernance qui a mis le Mali sens dessus dessous qui a amené tout cela aujourd’hui. On ne peut pas dire que c’est intouchable, c’est la ligne rouge, alors que ceux qui sont censés protéger ces principes les ont détruits. Pour Mahmoud Dicko, il s’agit de trouver un arrangement avec ces groupes pour que l’État du Mali puisse continuer à exister.

Ousmane BALLO