Mali : le couvre-feu prolongé dans deux régions

Les autorités maliennes ont décidé de prolonger les couvre-feux dans les régions de Kayes et de Dioïla jusqu’à la fin novembre 2025, invoquant la persistance des attaques de groupes armés et le risque d’infiltration vers le sud du pays. Ces restrictions s’inscrivent dans un dispositif sécuritaire préventif qui est reconduit depuis plusieurs mois.

À Kayes, le gouverneur a confirmé le maintien du couvre-feu le 31 octobre, mesure en place depuis les attaques coordonnées de juillet 2025 qui avaient visé plusieurs localités, dont Kayes-ville, Diéma, Sandaré et Sadiola. Le couvre-feu y court de minuit à 5 heures du matin, avec des exemptions pour les forces de sécurité, les ambulances et les véhicules en mission officielle. Cette région, frontalière, est régulièrement exposée à des incursions armées et à des trafics transfrontaliers, d’où la prolongation sans interruption de la mesure.

Dans le cercle de Dioïla, dans la région de Koulikoro, le gouvernorat a décrété un couvre-feu du 1er au 30 novembre 2025, de 23 h à 5 h. Située sur un axe reliant le centre du pays à Bamako, Dioïla subit depuis 2022 une progression des attaques attribuées au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), qui cherche à étendre son influence vers le sud. Des incidents isolés — embuscades contre des véhicules administratifs et attaques de patrouilles de gendarmerie — ont été signalés dans les zones rurales, poussant les autorités locales à durcir la vigilance.

Un rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) publié le 30 juin 2025 place Kayes et Dioïla parmi les zones soumises à des restrictions de mouvement prolongées, aux côtés de Ségou, Sikasso et Tombouctou. Le document souligne une dégradation progressive du climat sécuritaire dans le sud-ouest et le centre du Mali, avec une multiplication d’incidents sur les routes secondaires et aux frontières.

Les autorités présentent les couvre-feux comme des mesures destinées à protéger les populations et à faciliter les opérations des forces armées maliennes. Mais ces contraintes affectent significativement l’activité économique locale : marchés nocturnes, transports interurbains et circuits d’approvisionnement sont perturbés. Les responsables régionaux assurent que les mesures resteront temporaires et qu’elles seront levées dès que la sécurité le permettra.

Ismaël Traoré / Afrikinfos-Mali

Last Updated on 04/11/2025 by Ousmane BALLO