Bla : WaterAid Mali soutient la scolarisation et le maintien des filles à l’école, à travers le projet ‘’SCOFI’’

Doter les écoles d’installations d’eau potable et d’assainissement en y instaurant des bonnes pratiques d’hygiène afin d’améliorer les conditions d’apprentissage, particulièrement chez les filles. C’est l’un des objectifs du projet ‘’Scolarisation des filles’’ (SCOFI) dans les cercles de Baroueli, Bla et Ségou. Du 27 au 29 décembre 2022, WaterAid Mali a organisé une visite de terrain dans le cercle de Bla en vue de s’imprégner de l’avancement dudit projet, lancé en 2021, et qui s’étend jusqu’en 2025.

C’est aux environs de 13 heures, ce 27 décembre 2022, que la délégation est arrivée au groupe scolaire de Yangasso, situé à quelques 55 km de Bla dans la région de Ségou. Ici grâce au projet SCOFI, ce groupe scolaire a été doté de points d’eau et de blocs de latrines. Il y a deux blocs de trois latrines et un point d’eau au second cycle A et un bloc de trois latrines, plus un point d’eau au second cycle B. Dans chacune de ces écoles, un bloc de latrine est réservé aux filles et qui répond aux normes en matière de gestion de l’hygiène menstruelle. L’ensemble des points d’eau est raccordé   au réseau d’adduction d’eau potable  communautaire.

« Aujourd’hui, l’école est à la charge des collectivités. La vérité, c’est que ce groupe scolaire avait un sérieux problème d’eau potable. Pire, les toilettes étaient inutilisables. Il n’y avait pas de toilettes pour les filles et elles étaient obligées d’abandonner l’école à cause des difficultés liées à la gestion de l’hygiène menstruelle. Aujourd’hui grâce à WaterAid, nous avons des toilettes et de l’eau à suffisance. Au nom des collectivités de Yangasso, je salue WaterAid pour cet accompagnement», a témoigné Adama Arama, maire adjoint de Yangasso, chargé de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement.

Salitiè Berthé du Comité de gestion scolaire a souligné que l’entretien de ces toilettes se fait chaque semaine. « Ce projet SCOFI apporte beaucoup d’avantage et d’accompagnement à l’administration scolaire de Yangasso pour le maintien des filles à l’école», ajoute-t-il.

Selon Yaya Zorom, Directeur du Second cycle A, avant l’arrivée du projet, l’école était confrontée à des vraies difficultés. « Les toilettes étaient hors usage. Face à cette situation, les élèves et le personnel enseignant étaient obligés d’aller dans les familles voisines pour faire leurs besoins naturels. Aujourd’hui, nous avons de l’eau potable à suffisance  et des toilettes propres. Grâce à l’intervention de WaiterAid, les filles sont très motivées et elles sont régulières en classe. Mieux au second cycle A, le nombre de filles dépasse actuellement celui des garçons », ajoute-t-il.

Dans son intervention, Andrée Sogoba, Directeur du Second cycle B, a témoigné que  son école a été construite sans toilette. « Aujourd’hui tout va bien, nous avons un bloc de latrines et un point d’eau. Aussi, grâce à ces réalisations et aux conseils de la marraine, les filles gèrent leur hygiène menstruelle sur place et ne chôment plus l’école », souligne-t-il.

Selon lui, tous les élèves sont sensibilisés sur les bonnes pratiques d’hygiène et  d’assainissement. « Des clubs ont été mis en place pour remplir les kits de lavage des mains au savon », ajoute-t-il

Quant à Amidou Sanogo, surveillant au groupe scolaire de Yangasso, les élèves passaient des heures et des heures à la recherche de l’eau potable. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. «Les élèves de ce groupe scolaire étaient tout le temps chez-moi, soit pour boire de l’eau ou pour utiliser les toilettes. Mais aujourd’hui, tout cela relève du passé. L’école est dotée de point d’eau et de toilettes propres », dit-il.

« Nous n’avons plus peur de voir nos règles »

C’est à 9heures 40 minutes, le 29 décembre 2022, que la délégation est arrivée à l’école fondamentale de Diéna, chef-lieu de la commune, situé à quelques 35 km de Bla. Ici, deux blocs de trois latrines et un point d’eau ont été réalisés dans le cadre du projet SCOFI et raccordés au réseau d’adduction d’eau sommaire de la communauté. « Avant le projet, cette école était confrontée à un sérieux problème de toilettes et la mairie n’avait pas le moyen pour en construire. Aujourd’hui grâce à WaterAid Mali, nous avons des toilettes et des kits d’hygiène, spécifiquement pour les filles. Nous demandons toujours aux élèves d’utiliser ces toilettes à bon escient », a déclaré M. Koutialatiè Diarra, premier adjoint au maire de la commune de Diena, chargé des questions d’eau,  d’hygiène et d’assainissement.

Selon lui, le plus grand changement apporté par le projet SCOFI, c’est le fait que les filles arrivent à gérer leur hygiène menstruelle sur place sans gêne, ni honte. « Des dispositions sont prises pour pérenniser ces acquis. C’est nous qui avons exprimé nos besoins pour la réalisation de ces infrastructures. Donc, rien ne doit nous empêcher de les entretenir. Les avantages de ces toilettes pour l’école et la communauté, c’est surtout la santé et le maintien des filles à l’école. Toutefois, le seul défi que nous avons aujourd’hui, c’est de continuer la sensibilisation auprès de la commission de gestion de l’eau pour une bonne collaboration avec l’administration scolaire dans le cadre de l’approvisionnement en eau potable à partir de l’adduction d’eau potable communautaire», précise-t-il.

Selon Mme Adiaratou Diarra, présidente du Comité de Gestion Scolaire de Diéna,  chaque semaine, le comité passe à l’école pour vérifier l’état des toilettes et l’entretien des kits de lavage des mains au savon. Quant à Chiaka Diarra, trésorier du Comité de Gestion Scolaire, l’arrivée du projet SCOFI a changé le visage de l’école et les filles ne chôment plus les cours pour les raisons liées à la gestion de l’hygiène menstruelle. « La gestion de la période menstruelle n’est plus un obstacle pour l’apprentissage des filles », témoigne Mme Aissata Diarra, marraine et membre du Comité de Gestion Scolaire.

Minata Diarra, élève, témoigne : « Nous n’avons plus peur de voir nos règles. La construction des toilettes nous a permis de rester à l’école pendant nos périodes menstruelles. Nous remercions WaterAid pour cette initiative. »

Préserver la dignité des filles et les maintenir à l’école !

Alamire Barro de l’Association Malienne pour la Sauvegarde du Bien Etre Familial (AMABIF) souligne : « Dans nos zones d’intervention, nous avons travaillé à mettre en place des comités de gestion scolaire et à redynamiser ceux qui existent  afin que ce projet puisse atteindre son objectif qui est de maintenir les filles à l’école».

Quant à Drissa Traoré, chargé de programme à WaterAid Mali, il précise : « C’est un projet composé de trois principaux volets que sont : le Volet Eau Hygiène et Assainissement (EHA), le volet Changement de Comportement et le volet Pédagogique.  Le projet est  financé par « Affaire Mondiale Canada ». Le Volet Eau, Hygiène et Assainissement dont WaterAid est responsable coûte plus d’un milliard 100 millions de francs CFA. Il a été lancé en 2020 et s’étend jusqu’en 2025. Le projet SCOFI couvre 90 écoles et reparties entre les Centres d’Animation Pédagogique (CAP) de Yangasso, Bla, Ségou, Barouéli et celui de Sanando. Le volet EHA du projet est axé sur la réalisation des infrastructures d’eau, d’hygiène et assainissement. Ainsi en 2021, 45 écoles ont été touchées, et les réalisations pour les 45 d’autres écoles sont en cours».

Selon Issaka Sangaré, chargé de Communication et Campagnes à WaterAid Mali, sans ces toilettes, beaucoup de filles allaient abandonner l’école. « Il s’agit, à travers ces toilettes, d’améliorer les conditions d’apprentissage des filles. Offrir des toilettes pour la gestion de l’hygiène menstruelle, c’est préserver la dignité des filles et les maintenir à l’école », ajoute-t-il.

Le projet ‘’Scolarisation des filles’’ (SCOFI) est désormais perçu comme l’une des meilleures options permettant de maintenir les filles à l’école pendant leurs périodes menstruelles. Ainsi, il revient aux écoles bénéficiaires de consolider ces acquis. Aussi, le gouvernement devrait s’inspirer de ces initiatives salutaires pour doter les écoles publiques desdites infrastructures combien importantes pour les élèves, particulièrement pour les filles.

Ousmane BALLO / Afrikinfos-Mali

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