Au Mali, les partis politiques sont menacés de dissolution. La réduction du nombre de partis politiques et la suppression de leur financement figurent parmi les recommandations adoptées lors des Assises nationales de la refondation (ANR) de décembre 2021 et du Dialogue inter-malien pour la paix et la réconciliation. Face à la menace réelle de la mise en œuvre d’une mesure controversée, les partis politiques sont condamnés à s’unir ou à périr.
Depuis l’arrivée de la transition en cours, les partis politiques sont sujets de tous les débats surtout en mal. Déjà, les financements sont suspendus et c’est désormais la dissolution qui est dans le viseur. Sur les réseaux sociaux tout comme dans les discours officiels, les partis politiques sont taxés d’être à la base de tous les maux du Mali. La mauvaise gouvernance et son corollaire, la corruption, ont alimenté l’injustice et le favoritisme, occasionnant ainsi l’effondrement du fondement de l’Etat et formé des citoyens ‘’malhonnêtes’’.
Si certaines des raisons avancées sont fondées, force est de constater que la chute du Mali est une faillite collective. Les secteurs de défense et de sécurité, toujours gérés par des officiers ne sont pas exempts de tout reproche. Ainsi, s’attaquer seulement aux partis politiques pour une faute collective est perçue par beaucoup comme une justice sélective.
Pire, la décision serait même anticonstitutionnelle. Dans une interview accordée au site d’information Malijet, l’ancien ministre Yaya Sangaré, secrétaire général du Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ), est catégorique : « Toute initiative visant à réduire ou dissoudre les partis politiques sans fondement légitime et démocratique constitue une grave atteinte aux droits de l’homme. »
Lors du Conseil des ministres du 4 avril 2025, le ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Réformes politiques et du Soutien au processus électoral, Mamani Nassiré, a présenté les résultats des consultations menées avec les partis politiques et les organisations de la société civile. Ces consultations s’inscrivent dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations des Assises nationales de la Refondation.
Au-delà des Assises nationales de la Refondation, cette décision, faut-il le mentionner, est surtout motivée et influencée par les deux pays de l’Alliance des États. Au Burkina et au Niger, tous les partis politiques sans exception ont été dissouts. Depuis, des observateurs craignent une contagion de ces actions posées. Aussi, la tentative de réduire ou de dissoudre les partis politiques suscite une inquiétude majeure quant au respect des droits humains fondamentaux. Cette démarche, qu’elle soit justifiée par des considérations politiques ou sécuritaires, entre directement en conflit avec les mécanismes juridiques nationaux, régionaux et internationaux qui garantissent la liberté d’association et la participation à la vie publique et politique.
Déjà, les partis politiques ont montré un refus catégorique de cette décision en gestation. À l’issue d’un point de presse, tenu le 15 avril 2025 dans la matinée à la Maison de la Presse pour dégager leur position concernant la consultation des forces vives de la Nation pour la relecture de la loi portant Charte des partis politiques. Selon nos informations, plus de 100 partis politiques ont décidé de boycotter ladite consultation. Des représentants de ces partis estiment que cette décision de dissolution est dissimulée derrière ces consultations, afin de donner une apparence de légitimité. Ils la qualifient de ‘’violation de la Constitution’’.
De l’avis de certains observateurs, cette décision reste arbitraire même si les partis politiques peuvent se reprocher beaucoup de choses. Ainsi, ils estiment, qu’il est plus nécessaire que les partis politiques se mobilisent et se donner la main face à la décision.
Il faut noter que le Mali compte actuellement plus de 300 partis politiques, dont 102 créés après les Assises nationales de la Refondation. D’où tout le paradoxe du processus.
Amadou Kodio
Source : Ziré