Mali : l’horizon toujours sombre pour l’atteinte des ODD

Les  six (6) Objectifs de Développement Durable (ODD) prioritaires pour le Mali, selon le rapport alternatif de la société civile pour le Forum Politique de Haut Niveau 2022, sont l’ODD 3 (Bonne santé et bien-être); l’ODD 4 (Éducation de qualité) ; l’ODD 6 (Eau propre et assainissement) ; l’ODD 2 (Faim zéro) ; l’ODD 1 (Pas de pauvreté) ; l’ODD 16 (Paix, justice et institutions efficaces). L’atteinte de ces différents objectifs d’ici 2030,  reste toujours un réel défi pour le pays.

A sept ans de la date butoir des ODD (2030),  l’horizon reste toujours sombre pour le Mali. Selon le rapport alternatif de la société civile pour le Forum Politique de Haut Niveau 2022, publié le 8 juin 2022, le niveau de performance globale des ODD reste largement en dessous de la moyenne, variant entre 9% et 27%.

Parmi les dix-sept (17) ODD au total, le Mali mise désormais sur six, jugés prioritaires pour le pays. Il s’agit de l’ODD 3 (Bonne santé et bien-être); l’ODD 4 (Éducation de qualité) ; l’ODD 6 (Eau propre et assainissement) ; l’ODD 2 (Faim zéro) ; l’ODD 1 (Pas de pauvreté) ; l’ODD 16 (Paix, justice et institutions efficaces). « Le rapport détermine les  six (6) Objectifs de Développement Durable (ODD) prioritaires pour le Mali. Il s’agit des secteurs clés pour lesquels le pays a pris des engagements devant la communauté internationale qu’il faudrait respecter d’ici 2030. Il faut comprendre que c’est un rapport qui alerte à tous les niveaux», témoigne Mamadou Kéita, Manager des politiques et du plaidoyer à WaterAid-Mali.

Parlant de bonne santé et bien-être (ODD 3), les indicateurs notent le plus faible score à la transparence et la redevabilité (-5%), et les plus élevés à la participation de la société civile (31%), suivi de partenariats multipartites (25%). Cinq des domaines sont évalués entre 10% et 19% (sensibilisation du public et développement de capacités, mécanismes de suivi, évaluation et rapportage, mise en œuvre au niveau national et sous-national, institutions publiques avec un mandat clair). Les politiques publiques et cadres légaux et les plans de développement national, stratégies et budget ont le même score (22%).

S’agissant de l’ODD 6, les deux domaines prioritaires restent la transparence et la redevabilité. Ici, l’on note un score plus faible fixé à 7%. La participation de la société civile est la mieux appréciée avec 43%. Cinq des domaines principaux (les politiques publiques et les cadres légaux ; les plans de développement national ; la sensibilisation du public et le développement de capacités ; les stratégies et budget ; les partenariats multipartites ; les institutions publiques avec un mandat clair) sont évalués entre 21% et 26%. Les mécanismes de suivi, évaluation et rapportage et la mise en œuvre au niveau national ont respectivement 11% et 13%.

L’ODD 6 est bien possible !

Quelques semaines avant la publication de ce rapport, précisément le 16 juin 2022, le directeur national de l’Hydraulique, Djoouro Bocoum, nous confiait : « Oui bien-sûr ! L’ODD 6 est bien possible. Nous sommes actuellement à 70,9 % du taux national d’accès à l’eau potable dont 66% en milieu rural et 80% en milieu urbain. Pour atteindre l’ODD 6, nous avons une vision et nous savons ce qu’il faut faire. C’est-à-dire, nous savons le nombre d’infrastructures qu’il faut réaliser et nous savons le financement nécessaire dont nous avons besoin. Donc, le plus important est l’appui des partenaires techniques et financiers. »

En ce qui concerne l’ODD 2 (Faim  Zéro), les trois domaines principaux avec les plus faibles scores de -11% sont respectivement la transparence et la redevabilité. Les mécanismes de suivi, l’évaluation et le rapportage sont de -4% et la mise en œuvre au niveau sous-national est de -1%.  La participation de la société civile reste le mieux apprécié avec 24%.

Quant à l’OOD 1, le score les plus élevé est attribué à la participation de la société civile (32%) et les plus faibles sont attribués respectivement aux mécanismes de suivi, évaluation et rapportage (-9%) ; la transparence et la redevabilité (-2%) ; et les politiques publiques et cadres légaux (7%).

Pour l’ODD 16 (Paix, justice et institutions efficaces), le score les plus élevé est de 30% et concerne le développement national ; les stratégies et budget. Le score plus faible est relatif à la sensibilisation du public et au développement de capacités avec 2%.

Enfin l’ODD 4 (Education de qualité) a comme score de 6% pour la transparence et la redevabilité (6%) ; les mécanismes de suivi ; l’évaluation et rapportage sont évalués à 13% et la mise en œuvre au niveau sous-national est de 14%.

 «Pour l’heure, je suis optimiste »

Selon Mamadou Keita, pour atteindre ces six objectifs prioritaires, il faut une meilleure coordination à tous les niveaux. « Le gap est là et il faut redoubler d’efforts à tous les niveaux. Il faut aussi réviser les indicateurs et redynamiser le cadre de concertation des acteurs impliqués dans le processus », souligne-t-il.

Pour M. Keita, le cadre de concertation n’est pas actuellement opérationnel et il faudrait le réviser tout en faisant en sorte qu’il soit porté par les services techniques de l’Etat. « Certes, l’Etat n’a pas assez de ressources financières pour la mise en œuvre effectives de toutes ses politiques, mais il est attendu la validation politique des politiques nationales de l’eau et de l’assainissement pour que les programmes y afférents puissent être financés », ajoute-t-il.

A la question relative à l’atteinte des six ODD prioritaires, le Manager des politiques et du plaidoyer à WaterAid-Mali répond : « La situation sociopolitique impacte beaucoup l’accès au service eau, hygiène et assainissement. Aujourd’hui, le secteur est financé à hauteur de 3,56%  par le budget national contre 5% conformément aux engagements de SWA (Sanitation and Water for All, autrement dit Eau et Assainissement pour Tous).  Pour l’heure, je suis optimiste. Mais, il faut être sûr que ces objectifs ne seront atteints que si seulement ces conditions susmentionnées sont remplies. »

« Si nous en tenons aux conclusions de ce rapport, de  façon global, l’état de la mise en œuvre des ODD au Mali n’est pas satisfaisant », précise Boureima Tabalaba, Coordinateur de la Coalition Nationale – Campagne Internationale pour Eau, Hygiène et Assainissement (CN-CIEPA WASH). Selon lui, la plupart des ODD connaissent actuellement beaucoup d’insuffisances au niveau de leurs appropriations par les communautés et par l’Etat. « Autrement dit, les contenus de ces ODD ne sont pas très bien connus par la plupart des communautés et des autorités concernées.  Aussi, ces ODD exigent un certain nombre d’indicateurs qui nécessitent des moyens financiers, mais également techniques. Jusque-là, tous ces moyens ne sont pas au rendez-vous pour pouvoir relever les défis en lien avec les indicateurs », ajoute-t-il.

Concernant l’eau et l’assainissement, M. Tabalaba estime que ce secteur connaît un progrès avec environ 70 % de taux national d’accès à l’eau et de à 39 % l’assainissement, mais de façon globale et sur l’ensemble du territoire national, le niveau de réalisation de l’ODD 6 connait toujours des insuffisances.

Pour le Coordinateur de la CN-CIEPA WASH, l’atteinte de l’ensemble de ces ODD nécessite encore des actions de plaidoyer. « La CN-CIEPA WASH s’est positionnée pour pouvoir travailler sur l’ensemble des leviers. Déjà, des actions sont en cours sur le terrain. Nous travaillons avec les parlementaires ; les collectivités ; les directions centrales en charges du secteur eau et assainissement ; les services financiers et techniques de l’Etat pour que ces questions qui sont d’ordre national puissent être relevées », souligne-t-il.

Pour l’heure, les défis semblent être encore énormes pour l’atteinte de ces six ODD jugés prioritaires. Si le Mali veut être réellement au rendez-vous, il va falloir accélérer les choses en accordant plus financement aux différents secteurs concernés.

Ousmane BALLO / Afrikinfos-Mali

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