‘’Sans Détour’’/Lutte contre la corruption : la prison, la seule solution ?

Entre le Pôle économique et financier et la prison, il n’y a plus de frontière. Difficilement, l’on se retrouve au Pôle économique et financier pour une question de corruption ou de délinquance financière et retourne parmi les siens sans passer par la prison. Si, par malheur, l’on se retrouve deux fois au Pôle économique et pour la même affaire, c’est directement en prison.

Il faut le dire, ce principe judiciaire ne permet pas forcément de lutter contre la corruption. D’ailleurs, aucun pays au monde ne pourra bannir définitivement ce fléau. Tant qu’il y a l’argent, tant qu’il existe des riches et des pauvres, tant que nos sociétés restent matérialistes et capitalistes, la corruption va bel et bien demeurer. C’est une gangrène, un cancer qui est en nous et qu’il faudrait traiter de manière intelligente dans la mesure où l’on n’a plus peur de la prison.

Aujourd’hui, pour lutter contre ce fléau, les autorités doivent trouver un autre mécanisme qui permet à l’Etat de récupérer le denier public malversé ou détourné. L’une des meilleures solutions serait de mettre la personne incriminée sous contrôle judiciaire, de saisir tous ses biens, l’obligeant ainsi à rembourser la moitié du montant détourné et s’engager à payer le reste dans un délai convenu au risque de perdre tous ses biens.

C’est justement une façon pour l’Etat de ne pas continuer à prendre en charge des délinquants financiers qui ont pillé ses caisses. Aujourd’hui, des présumés peuvent rester incarcérés dans la Maison centrale d’Arrêt de Bamako ou dans d’autres lieux de détention pendant trois à quatre ans sans être jugés ou sans restituer la totalité de la somme détournée. Au même moment, la corruption continue au  sein de l’Administration.

L’on se rappelle bien que le Vérificateur général, M. Samba Alhamdou Baby, a solennellement remis, le 29 novembre 2022, son Rapport annuel 2021, au président de la Transition, le Col. Assimi Goïta. Dans ce document de 245 pages, il ressort qu’en 2021, le Bureau du Vérificateur Général a transmis dix-huit (18) dossiers au président de la Section des Comptes de la Cour suprême et dénoncé vingt-deux (22) dossiers aux procureurs de la République près les Tribunaux de Grande Instance de la Commune III du District de Bamako, de Kayes et de Mopti, chargés des Pôles économiques et financiers. De même, le même rapport décèle plus de 50 milliards de francs CFA d’irrégularités financières, rien qu’en 2021.

C’est dire que l’on a encore du chemin à faire dans la lutte contre la corruption et il est tout de même bon que l’on change de stratégie. La prison peut ne pas être forcément la solution idéale pour lutter contre ce fléau sous toutes ses formes.

Ousmane BALLO

Source : Ziré

 

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