Face aux multiples agressions verbales contre le Mali, le Premier ministre par intérim, Abdoulaye Maïga a délivré un discours poignant au nom du Mali. C’était à la tribune des Nations-Unies, où il a successivement répondu au secrétaire général de l’ONU, aux présidents Umaro Cissoko, Mohamed Bazoum, Alassane Ouattara et aux Autorités françaises.
Au secrétaire général de l’Onu, le Colonel Abdoulaye Maïga déclare : « Excellence M. le Secrétaire Général, votre position sur l’affaire des mercenaires a été suivie par certains responsables d’Afrique de l’Ouest, donc c’est sous votre couvert, que nous leur adresserons des messages(…) Le Mali tirera toutes les conséquences de droit de vos agissements ». Ni plus ni moins…
Umaro Cissoko : le Mali n’est pas impressionné par les sanctions
Le président de la bissau-guinéen Umaro Cissoko, a eu droit à cette replique : « Nous avons pris acte de la menace de sanctions proférée contre le Mali, et loin d’être impressionné par des sanctions, je voudrais signaler au Président en exercice de la CEDEAO, qu’à la fin de son mandat, les peuples ouest-africains le jugeront sur les efforts qu’il a fournis pour améliorer les conditions de vie des populations et non des show médiatiques servant des agendas étrangers ».
Mohammed Bazoum ? Vous n’êtes pas un nigérien
Abdoulaye Maïga n’a pas porté de gant à son endroit. Le PM par intérim a d’abord fait remarquer que le Gouvernement de la Transition n’a jamais réagi à ses propos qu’il considère comme injurieux pour deux raisons cumulatives. Avant d’enchaîner : «La première raison tient au respect de l’héritage laissé par nos ancêtres, qui consiste à ne pas répondre aux injures par des injures. La seconde raison relève de l’identité de M. Bazoum, l’étranger qui se réclame du Niger. Nous savons que le peuple nigérien frère du Mali, se distingue par des valeurs sociétales, culturelles et religieuses très riches. M. Bazoum n’est pas un nigérien, son comportement nous réconforte totalement dans notre constat ». Sans commentaire !
Alassane Ouattara : le chameau qui se moque de la bosse du dromadaire
Le vieux président ivoirien a été bien servi par le Premier ministre par intérim. S’adressant, en effet à Alassane Ouattara, le Colonel Maïga déclare : « Je saisis cette opportunité qui m’est offerte pour remercier chaleureusement notre respecté aîné, SE le Président Alassane Dramane Ouattara pour les sages et éclairés conseils, qu’il nous a prodigués dans son allocution mémorable à cette 77 ème session de l’Assemblée Générale des Nations Unies,
Je voudrais le rassurer que les Autorités de la Transition malienne, n’ont d’autres objectifs que de faire des réformes politiques et institutionnelles, avant d’organiser des élections, tout en luttant obstinément contre le terrorisme. Ces réformes permettront d’améliorer la gouvernance et toutes les dispositions seront prises pour que la démocratie malienne soit la plus enviée au monde.
Dans ce chantier, nous prêterons une attention particulière au 3ème mandat qui ne sera pas possible. Pour un public moins averti, le 3ème mandat consiste pour un Président de la République d’effectuer une manœuvre en 4 temps, en vue de conserver le pouvoir pour lui seul et son clan :
Excellence M. le Président Ouattara, vos conseils nous rappellent la triste histoire du chameau qui se moque de la bosse du dromadaire».
La junte française au service de l’obscurantisme
Les autorités françaises ont eu également leurs doses. Le Premier ministre Abdoulaye Maïga dénonce la junte française qui se signalise par son obscurantisme : « Obscurantisme de la junte française nostalgique de pratique néocoloniale, condescendante, paternaliste et revancharde, qui a commandité et prémédité des sanctions inédites, illégales, illégitimes et inhumaines de la CEDEAO et de l’UEMOA contre le Mali. Après plus de 10 ans d’insécurité ayant fait des milliers de morts, autant de réfugiés et de déplacés internes, n’est-ce pas un sacrilège de mettre une population malienne victime de l’insécurité dans un pays enclavé sous embargo pendant 7 mois, en procédant à la fermeture des frontières et la saisie des comptes financiers du Mali ?
Grâce à sa résilience et à la solidarité de pays amis et des peuples africains, le Peuple malien a tenu et a déjoué les pronostics de ses adversaires.
Obscurantisme de la junte française qui s’est rendue coupable d’instrumentalisation des différents ethniques, en oubliant si vite sa responsabilité dans le génocide contre les Tutsis au Rwanda, coupable également de tenter désespérément de diviser les maliens enfants d’une même famille.
Enfin, obscurantisme de la junte française, qui a violé́ l’espace aérien malien en y faisant voler des vecteurs aériens tels que des drones, des hélicoptères militaires et des avions de chasse, plus d’une cinquantaine de fois, en apportant des renseignements, des armes et munitions aux groupes terroristes.
Afin de se donner une bonne conscience, la junte française accuse le Mali de n’avoir pas été́ reconnaissant, en se gargarisant de la mort regrettable de 59 soldats français au Mali, lors de diverses opérations de lutte contre le terrorisme. A cette triste accusation, nous rappelons que dans la majorité des interventions d’officiels maliens et des cérémonies, nous rendons systématiquement un hommage à l’ensemble des victimes de l’insécurité au Mali sans distinction de nationalité, donc, y compris les 59 français décédés. Aussi, nous les invitons à ne pas s’arrêter en si bon chemin et de remonter le temps, en passant par leur intervention en Libye décriée par toute l’Afrique, sans oublier la participation forcée des milliers d’Africains à la 1ère et la seconde guerre mondiale, sans oublier la traite négrière qui explique l’essor économique de beaucoup de pays. Combien d’Africains sont-ils morts pour la France et le monde libre dans lequel nous sommes ?
Quant à la ministre française des affaires étrangères, Catherine Colonna qui accuse les autorités de naviguer en vue, le premier ministre a tenu à remettre les points sur I les « Malgré́ les efforts tangibles de la Transition malienne dans la mise en œuvre des chronogrammes des réformes politiques et institutionnelles et celui des élections algues par la communauté́ internationale, Mme la Ministre des Affaires Etrangères de la Junte française, à qui le Mali n’a pourtant rien demandé, a estimé́ qu’il n’y avait pas eu de progrès, oubliant que Nul ne peut aimer le Mali, plus que les Maliens eux-mêmes. Sa position singulière et son adversité́ ne nous surprennent guère. Victor Hugo dans Claude Gueux a classé́ le genre humain en 2 catégories, en indiquant : « qu’il y a des hommes qui sont fer et des hommes qui sont aimant » la Ministre dont il s’agit, malheureusement, n’est ni fer, ni aimant, elle est hideusement sui generis».
Mémé Sanogo
Source : L’Aube