Affaire Ahmad Al Faqi Al Mahdi à la CPI : Après les réparations individuelles de plus 880 victimes, celles collectives lancées dans la cité des 333 saints!

Dans le cadre du lancement des réparations collectives à Tombouctou le 6 juillet 2022 de l’affaire Ahmad Al Faqi Al Mahdi à la Cour Pénale Internationale (CPI), le Fonds au Profit des Victimes (FPV) de la même cour a organisé, le jeudi 7 juillet dernier, un diner de presse au restaurant ‘’Banfing’’. L’objectif de cette rencontre était de faire le point sur l’état d’avancement des réparations dans cette affaire. Ont pris part à ce diner en plus des Hommes de média, le vice-Président du FPV, Ibrahim Sorie Yillah, la Responsable régionale des Programmes Côte d’Ivoire et Mali du FPV, Aude Le Goff et son adjointe,  Laetitia Nguewo et le représentant de l’UNESCO, Modibo Bakayogo. 

Pour rappel, le Fonds au Profit des Victimes (FPV) est un organe sœur de la Cour Pénale Internationale (CPI) en charge des réparations.

Selon Mme Aude Le Goff, à la faveur de l’exécution des réparations symboliques, qui se sont tenues le 30 mars 2021 à Bamako, plus de 880 victimes ont pu bénéficier de réparations individuelles, conformément à la décision des juges de la Cour en ce sens. A présent, que les réparations individuelles sont presque achevées, les consultations nécessaires ont pu être menées auprès de la communauté de Tombouctou, afin de faire débuter les réparations collectives, a-t-elle fait savoir.

C’est ce qui explique, dira-t-elle, que le 6 juillet 2022, le Fonds au profit des victimes et ses partenaires, CFOGRAD, l’UNESCO et CIDEAL, ont procédé au lancement de ces réparations lors d’une cérémonie qui s’est tenue à l’Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed Baba de Tombouctou, en partenariat avec les autorités locales et régionales et en présence du Représentant au Mali de la Cour pénale internationale (CPI). A cet effet que le Canada et la Norvège, qui contribuent au programme de réparation du Fonds au profit des victimes, étaient également représentés à cette occasion.

Ces réparations, affirme Mme Aude Le Goff consistent en trois dispositifs, notamment la restauration du patrimoine culturel (UNESCO), des commémorations pour répondre au préjudice moral causé à la communauté de Tombouctou (CFOGRAD) et un dispositif de résilience économique pour répondre au dommage causé à l’économie de Tombouctou par la destruction de son patrimoine culturel (CIDEAL).

« Pour soutenir les initiatives de commémoration, CFOGRAD, organisation partenaire du Fonds, a mis en place des comités participatifs de commémoration dans l’ensemble de la ville, qui associent toutes les couches de la population à la réflexion sur la mémorialisation. Les premières propositions ayant été élaborées par les différents comités, il s’agit désormais de les partager et de les consolider avec les autorités administratives et politiques de Tombouctou, pour définir ensemble la forme que prendront ces commémorations » a indiqué Mme Le Goff avant de renchérir qu’il y a 5 comités de commémoration, dont 4 à Tombouctou et 1 à Bamako.

Selon elle, le Gouverneur de la Région de Tombouctou, M. Bakoun Kanté, a mis en place, le 5 juillet 2022, une Commission régionale de coordination et de suivi des mesures de réparations collectives, chargée d’accompagner le dispositif mis en place par le Fonds au profit des victimes. Aussi, que le soutien des autorités de la ville devra permettre de faciliter la mise en œuvre des activités, tant pour les commémorations, que pour le soutien économique et la restauration du patrimoine.

Pour rappel, le 26 septembre 2016, M. Ahmad Al Faqi Al Mahdi a été reconnu coupable par la Cour pénale internationale du crime de guerre consistant à diriger intentionnellement des attaques contre des bâtiments religieux et historiques et condamné à neuf ans d’emprisonnement. Depuis lors, il purge sa peine. En novembre 2021, la CPI a décidé de sa libération anticipée, qui interviendra le 18 septembre 2022.  Une décision qui s’accompagne avec des réparations.

Parlant du niveau d’état d’avancement de ces réparations, Mme Le Goff a fait savoir que la réparation symbolique est accomplie à 100%, les réparations individuelles de 80 à 85% et les réparations collectives à 20%.

Quant au représentant de l’UNESCO, Modibo Bakayogo, au nom de son organisation, a remercié la CPI pour la confiance placée en eux dans la mise en œuvre d’un des dispositifs du programme de réparations. D’après lui, l’accomplissement de ce dispositif par l’UNESCO est un défi étant donné qu’il s’agit d’une nouvelle expérience. Dans la même veine, le vice-Président du FPV, Ibrahim Sorie Yillah a exprimé ses gratitudes aux professionnels de l’information pour le travail de communication du FP.

Par Mariam Sissoko

Source : Le Sursaut