‘’Sans Détour’’/Mali : Attention, pas de justice populiste !

Oui, l’une des attentes du peuple malien de la transition concerne la justice et surtout la justice impartiale et crédible, donc une justice juste. Il ne peut pas s’agir d’une justice populiste pour masquer la réalité et séduire le peuple. Si le ton est vraiment donné pour de bon à travers l’arrestation sévère de l’ancien Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga et de l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko, il faudrait que la machine ne s’arrête plus. D’autant plus que ce dossier relatif à l’achat de l’avion présidentiel et d’équipements militaires n’est pas du tout une affaire banale. Parce qu’il s’agit de l’argent du contribuable malien.

Si cette dynamique s’éteint sans suite, alors la thèse de la chasse aux sorcières soutenue par les partisans des premières personnes arrêtées se serait confirmée. C’est pourquoi la justice est obligée d’aller jusqu’au bout et de tenir informé le peuple sur l’évolution du dossier. C’est la seule manière pour la Chambre d’accusation de la Cour suprême d’être crédible aux yeux des Maliens.

Aussi, tous les éléments des forces armées et de sécurité dont les noms sont cités dans cette affaire doivent-ils également être entendus et incarcérés si cela est nécessaire. Personne ne devrait être intouchable et rien ne devrait échapper à la justice. Mieux, déjà que le ton est donné, tous les autres dossiers relatifs à la corruption qui se trouvent au niveau du Pôle économique et financier ou devant d’autres juridictions du pays, doivent être examinés, traités, pour y donner suite.

La seule chose qu’il faut craindre, c’est que ce soient les autorités de la transition qui tirent les ficelles juste pour des fins politiques.  Le faisant, l’on assisterait à une justice sélective sans suite crédible et ceux qui ont les mains sales vont continuer de se faire passer pour des héros. Pire, les autorités de la transition auraient péché en interférant dans les affaires judiciaires. Ce qui ne grandirait pas du tout le président, Col, Assimi Goïta, et son Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, car tôt ou tard, tout va se voir. La seule chose qui leur est demandé dans le secteur de la justice pendant cette transition, c’est de garantir son indépendance.

Aujourd’hui, les chantiers sur lesquels la transition est attendue sont connus. Il s’agit de sécuriser les personnes et leurs biens ; de mener les réformes politiques et institutionnelles nécessaires et d’organiser, dans le délai de la transition, des élections crédibles, transparentes et fiables sur l’ensemble du territoire national et dont les résultats seront acceptés de tous. Sans cela, quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, cette transition serait tout simplement un échec, parce qu’elle n’aura pas apporté les changements annoncés au peuple.

Donc une fois de plus, l’arrestation de l’ancien Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga et l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko ou autres, ne peut nullement être considérée comme une victoire pour les autorités de la transition. Laissons le temps au temps et jugeons-les à la fin des dix-huit mois fixés par la Charte comme durée de cette transition.

Ousmane BALLO

Source : Ziré