Koutiala : saisie de six tonnes de cannabis 

L’herbe de cannabis saisie a une valeur marchande de plus de 16 milliards de Fcfa à la vente  au détail

C’est une saisie d’envergure que vient de réaliser la direction régionale des douanes de Koutiala. Elle porte sur un peu plus de 6,2 tonnes de cannabis d’une valeur marchande de plus de 16 milliards de Fcfa. C’était le mardi 26 janvier. Heureuse coïncidence, ce jour est consacré Journée internationale de la douane (JID), célébrée par toutes les administrations douanières membres de l’Organisation mondiale des douanes (OMD). Covid oblige, elle n’a pas eu un cachet particulier.
L’administration douanière s’est contentée de déposer une gerbe de fleurs au pied du monument aux Morts. Des attestations de reconnaissance décernées par l’OMD ont été remises à leurs heureux récipiendaires dans la cour de la direction générale à Faladjè. La veille, le ministre de l’Économie et des Finances prononçait un message pour expliquer le thème retenu (portant sur la pandémie du coronavirus) et féliciter le service des douanes pour avoir atteint, voire dépassé le quota de recettes fiscales de 2020.
Pendant ce temps, une toute autre ambiance régnait à Koutiala où une opération d’envergure se préparait dans les locaux des douanes. Les agents de la toute nouvelle direction régionale de Koutiala mettaient la dernière main aux préparatifs d’une mission délicate. Dans la parfaite discrétion que commandent ces genres d’interventions. Les renseignements obtenus étaient précis. Mais comment avoir accès à la drogue sans éveiller les soupçons ?
Dans le secteur de Karangasso sur la route de Koury à 45 km de Koutiala, se trouve un grand dépôt de cannabis, selon les informations reçues par les douaniers. Les gabelous sont conscients de l’enjeu. L’opération est périlleuse du fait de l’insécurité dans la zone. L’attaque du bureau des douanes de Koury a laissé des traces dans les esprits. Mais le traumatisme ne doit pas entamer la détermination des douaniers à mener des opérations sur le terrain.

BRAVER L’INSÉCURITÉ- Karangasso est une bourgade sans histoires. C’est à 5 km de là qu’un hameau est érigé pour servir de dépôt de cannabis. Selon les spécialistes de la douane, vraisemblablement, les trois maisonnettes sont construites juste aux fins de stockage en attendant l’enlèvement par petites quantités. Le chef de la Section recherche et intervention, l’inspecteur Abdoul Karim Dembélé doit se dépêcher. Le temps presse.
Mardi, avant que le soleil ne se lève sur la Cité de l’Or blanc, avec quelques éléments de son unité, le chef de la mission saute dans un véhicule pour se rendre sur les lieux indiqués, bravant évidemment l’insécurité ambiante de cette bande frontalière où campent des terroristes dans une forêt non loin de là.
Sur les lieux, tout est pensé pour cacher l’activité illicite. Derrière les murs en terre battue se cache une montagne de cannabis entreposée dans les trois maisonnettes du hameau.
Aucun dispositif de sécurité apparent pour la protection de cette onéreuse marchandise. Un calme plutôt inquiétant. Mais le temps n’est plus à la réflexion, plutôt à l’action. Pour récupérer la totalité de la drogue entreposée, il faut nécessairement surmonter la peur et prendre le temps de tout passer au peigne fin.
Entre les habitations un peu particulière, les douaniers ont constaté la présence de deux femmes et une fillette. Une moto est garée un peu plus loin. Malgré les recherches entreprises dans les environs, aucun propriétaire n’est trouvé au cannabis. Les gabelous avancent prudemment dans la concession. Ils remarquent que les portes des chambres (et magasins de circonstance) ne sont pas fermées à clef. Une forte odeur de chanvre indien s’y échappe.
Les nouvelles sont bonnes. «Il y a du chanvre indien ici aussi…», murmure un agent dans les oreilles de son chef d’unité. Pour en avoir le cœur net, les gabelous demandent alors à inspecter les lieux. Une des femmes se présentant comme l’épouse du chef de famille, propriétaire des lieux, se présente aux agents des douanes. Visiblement, la jeune femme s’efforce à contenir sa peur. Réussira-t-elle à convaincre les douaniers ?
«Après un petit moment d’hésitation, elle nous a autorisé à fouiller les maisonnettes. Elle marque non seulement son accord et affirme en plus qu’il n’y a que des colis destinés aux foires de la localité que des connaissances de son époux viennent lui confier pour quelques jours. La vérification sommaire nous a permis de découvrir plusieurs sacs contenant des briques d’herbe de cannabis», explique le chef de l’unité qui a conduit les opérations. Dans les magasins, il n’y avait pas que du cannabis. Plusieurs cartons de médicaments contrefaits de plusieurs milliers de comprimés et de gélules. «C’est assurément un sentiment de fierté qui m’anime. Cette saisie est très importante compte tenue de la nature du produit (drogue) et surtout la quantité (6,2 tonnes). Mais je suis inquiet également parce que le cannabis est un danger pour notre pays. Les populations doivent être mieux protégées contre les drogues», nous confie le lieutenant-colonel, Mohamed Coulibaly, qui invite nos concitoyens à aider les services de répression des douanes à travers le renseignement.
La réaction du directeur général des douanes ne s’est pas fait attendre après cette opération peu ordinaire. L’inspecteur général Mahamet Doucara a adressé ses félicitations à ses agents avant de rappeler que la protection des populations est une des missions régaliennes de ses services. Les produits saisis, placés sous bonne garde, seront incinérés au moment voulu par la commission nationale dédiée.
Envoyé spécial Ahmadou CISSÉ

Source : L’Essor 

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