En prélude aux concertations nationales sur la définition de la transition promise par les membres du Conseil National pour le Salut du Peuple (CNSP), à la suite de leur prise du pouvoir, le mardi 18 août dernier, les installations de l’imposant Centre international de conférences de Bamako (CICB) grouillaient du monde d’acteurs, des politiques, de militaires patriotes et d’opportunistes qui sont en train de ressortir du bois.
Dans la perspective des concertations nationales prévues pour les journées du 10 au 12 août prochains, le Centre international de conférences de Bamako (CICB) a vibré, les 5 et 6 août derniers, au rythme d’une véritable conférence nationale. C’est pour soumettre à l’appréciation inclusive des forces vives de la nation malienne qui comptent réellement le projet de Termes de référence (TDR) relatifs à la mise en place des organes de la période transitoire exigée par la Communauté internationale et la CEDEAO (Communauté Économie des États de l’Afrique de l’Ouest) pour lever les sanctions économiques et financières imposées au Mali suite l’intervention de l’Armée nationale dans le renversement du Régime d’IBK.
L’annonce de la tenue de ces deux journées de concertations avec les forces vives de la nation a été faite par le Porte-parole du CNSP, le Colonel-major Ismaël Wagué, le jeudi dernier, à la faveur d’une conférence de presse, déroulée au QG de Kati. Selon lui, il s’agit d’ateliers de validation des Termes de références (TDR) des concertations qui seront axées sur l’ossature même de la Transition, la feuille de route de celle-ci, les organes avec leurs démembrements, la charte et la durée de ladite Transition.
Cependant, au lieu que la rencontre soit réservée aux vrais acteurs du processus de changement en cours, le CNSP s’est vu envahir par une race de dignitaires de l’ancien régime. Des tocards qui ont démontré leurs limites sous les partis RPM et ADEMA, notamment sous la pseudo-majorité présidentielle dont les cadres corrompus occupent encore la quasi-totalité des services clés de l’administration et de manière connue de tous.
Ainsi, dès après les premières lueurs de la journée du samedi, 4 septembre 2020, des vieux tocards, qui de rpmistes et qui d’adémistes, se sont précipités pour occuper les premières rangées de la grande salle de réunions pour masquer la présence effective des vrais artisans de l’évincement d’IBK aux côtés des militaires, auteurs de l’opération de parachèvement de l’action populaire. A cet effet, vu l’engouement démesuré suscité par ces assises, au moment de l’ouverture officielle des travaux placés sous l’égide du vice-président de la junte, le Colonel Malick Diaw, il y a eu de perturbations dans les enceintes de la grande salle et des enceintes mêmes du CICB durant la matinée du samedi 5 septembre. Car, la présence de certains occupants de la salle n’était qu’inadmissible. Surtout est-il qu’il avait été clairement prévenu du côté du CNSP que le projet des TDR ne sera remis qu’aux participants ou délégués désignés officiellement par les démembrements des forces vives de la Nation et des structures faitières.
Dans ce cadre, les prises de contacts pour dégager le portrait-robot du format de la période transitoire semblent avoir été mal entamées.
En effet, courant semaine dernière (le jeudi 27 août 2020), le CNSP avait réuni quelques membres de la société civile et certains partis politiques de la place pour échanger sur ce qui doit être l’organigramme des structures de la transition, les critères et modalités d’un processus transitoire consensuel et apaisé. Mais sans y ni convier le Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-rfp) ni se référer à son comité stratégique ou à l’Autorité morale de ce mouvement dont la participation a été intournable dans l’avènement du changement amorcé. Ce qui fera que le M5-rfp avait boycotté la réunion du samedi 29 août 2020. Et pour rectifier le tir, le CNSP avait projeté une rencontre spéciale, le jeudi dernier, avec le M5-rfp, à Kati. C’était toujours autour du « Format de la transition ».
En somme, force est de constater que la vigilance doit être de mise tant du côté du M5-RFP que du CNSP afin que cette transition ne tourne pas à l’échec. Car, pour les anciens acteurs de l’ex-majorité présidentielle, le M5-rfp n’a doit à aucune place de choix dans le processus de changement en cours. Or, si le CNSP incarne incontestablement l’aile militaire, le M5-rfp devient d’office celle politique. C’est le rassemblement des forces vives issues de toutes les composantes de la société civile et des associations faitières comme la Presse.
Apparemment, le but initial des présentes journées de concertations nationales, organisées par le CNSP aura été de convier tous les acteurs sociopolitiques aux préparations du plan architecturel et de la feuille de route des Instances dirigeantes de la Transition en vue. Certes, il est légitime d’associer, dans ce cadre, toutes les sensibilités politiques et sociales du pays ; mais, force est d’admettre que tout le monde ne se mettra pas unanimement d’accord sur les conclusions définitives. Heureusement, les travaux se poursuivront dans le week-end prochain afin de permettre aux uns et aux autres de parvenir à doter le pays d’un organe de transition escompté. Dans cette optique, la logique aurait été que le CNSP et le Comité stratégique du M5-RFP doivent pouvoir dégager conjointement des propositions concrètes frisant qu’ils le salut du Peuple souverain. Des propositions à soumettre à toutes les autres forces vives de la Nation pour sortir le pays de l’embargo économique et financier qui commence à se faire sentir durablement sur les foyers de Bamako et des capitales régionales.
Pour l’instant, cette mission semble incertaine, tellement que l’esprit de positionnement devient de plus en plus affiché surtout du côté des partisans de l’ex-majorité présidentielle.
Pour les journées du samedi 5 et dimanche 6 septembre, les participants devaient venir de Bamako, de toutes les Régions et de la Diaspora malienne dans les toutes Régions du monde.
Bien sûr, ce sera difficile ; mais, lorsqu’il s’agit de l’intérêt, l’impossible n’a jamais été malien.
Djankourou
Source : L’Aube