26 mars 1991-26 mars 2024 : d’hier à aujourd’hui

Ce mardi 26 mars 2024, il y a 33 ans déjà, le Mali connaissait son second putsch militaire en l’espace de 23 ans de règne du monolithisme politique au parti constitutionnel dit Cmln-Udpm. Suite à l’arrestation du premier président-fondateur de la République du Mali, père Modibo Kéita, le 19 novembre 1968, Bamako était en liesse et le peuple libéré des miliciens de l’Us-Rda exulta en offrant un blanc-seing aux militaires plébiscités le 2 juin par référendum du 2 juin 1974 leur attribuant un bail sur le Mali, à travers la gouvernance cédée au parti constitutionnellement homologué cadre unitaire du peuple malien en l’Udpm (Union démocratique du Peuple malien). Le semblant de coup d’État du 28 février 1978 qui a entraîné la dissolution du Cmln (Comité militaire de libération nationale), avec l’arrestation de la bande des trois (Colonels Tiékoro Bakayoko, directeur de la Sûreté nationale, Kissima Tounkara, ministre de la Défense et Karim Dembélé, ministre des Transports) pour tentative de coup d’État et haute trahison allait ouvrir ce boulevard au Général-Président, Camarade Secrétaire général du Parti Udpm Moussa Traoré. Cet accaparement de l’espace politique par lui et son clan (les généraux Baba Diarra, Missa Koné et Sékou Ly notamment) va mal les desservir avec l’esprit de compétition propre à tout clanisme.

Les barons de l’Udpm vont par finir tracer une ligne rouge qui rend l’appareil politique et le parlement intouchables pendant que les compagnons de la première heure contrôlaient les sociétés d’Etat et certaines directions. L’ère de la bonne entente entre civils et militaires durant une décennie a vite lassé sous les coups des plans d’ajustements structurels du Fmi et de la Banque mondiale. De là, élèves, étudiants, couches et classes moyennes, populations défavorisées et bas peuple vont se soumettre au diktat international qui appelait au libéralisme politique à travers le Plan Hermann Cohen, Secrétaire d’état américain, et la Glasnost Perestroïka de Mikhaïl Gorbatchev, président de l’Urss à l’époque. Avec la chute du mur de Berlin et la fin du régime de Nicolae Ceausescu le 25 décembre 1989 en Roumanie, les Maliens, cadres et syndicalistes, jeunes apprenants et jeunes apprentis se révoltèrent, et les femmes combattantes au premier plan, mirent leur nudité en bouclier pour percer le mur du son et se faire entendre sous les balles, debout, en rangs serrés sur le pont des martyrs qui porte leur nom (une pensée pieuse à Ramatoulaye Dembélé, fille de notre consœur Aïssata Cissé et à tous les martyrs des chaudes journées de Ramadan en mars 1991).

Aux plans géopolitique et stratégique, le Mali de GMT était à terre avec un mouvement démocratique composite très déterminé, et il ne restait plus qu’à se baisser pour ramasser le pouvoir. Le Cnr (Conseil national de la réconciliation) est né sur ces entrefaites avec l’arrestation du Général Moussa Traoré « pour sa propre sécurité » par un jeune officier nommé Lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré. Ce dernier réussira à conduire une Transition démocratique propre de 14 mois en allant vite pour pouvoir restituer le pouvoir aux civils après deux tours d’élections aux premières présidentielles démocratiquement organisées au Mali qui ont vu deux challengers s’affronter : Alpha Omar Konaré, premier président démocratiquement élu du Mali en avril 1992, et Tiéoulé Mamadou Konaté, malheureux perdant (Us-Rda Bdia-Faso jiggi). La machine démocratique du processus de démocratisation au Mali était bel et bien lancé. Enfin, on pouvait espérer sur la troisième République du Mali pour enraciner la démocratie participative à la malienne…

Processus de démocratisation au Mali bel et bien lancé…

Des années après, sur trois décennies et cinq à six occupants (Sanogo, Dioncounda, Ibk, Bah Ndaw, Assimi Goïta) de la présidence de la République à Koulouba, en tant que chef d’État légalement « élu » ou illégitimement « reconnu » et « accepté », les Maliens ont toujours du mal à accepter les militaires comme des patriotes sauveurs, filles et fils du pays, dédiés à la sécurisation du territoire et à la tranquillité, au calme et à la quiétude des populations. Après le départ d’IBK, une transition est tombée enceinte du M5 et les organes directeurs du M5 ne veulent pas reconnaître la grossesse de la Transition qui est portée enfant béni 9 mois durant, puis baptisé le 24 mai 2021 projets constitutionnel et électoral des prochaines présidentielles maliennes. Le premier accouchement a eu lieu le 18 juin 2023 avec le Référendum.

Une transition est enceinte du M5…

Pourquoi ce qu’Att a réussi avec le mouvement démocratique et le Ctsp à côté du gouvernement de super Zou dit Zorro (Zoumana Sacko) ne serait-il possible de réalisation sous le régime du gouvernement Choguel Maïga et la gouvernance Assimi Goïta ? Que vouloir de plus avec les Généraux et Colonels de Moussa Traoré sans la contribution des Généraux et Colonels d’Att qu’on ne saurait obtenir des actuels Colonels et Généraux d’Assimi Goïta ?

Ce qui reste vrai est vrai : «Le Prophète (Psl) ayant terminé son discours dit : « Où est celui qui m’a questionné au sujet de l’Heure ? – Me voici, Ô Envoyé d’Allah, répondit l’Arabe. – « Lorsque, reprit le Prophète (Psl), toute sécurité aura disparu, attends-toi à voir venir l’Heure. – Et comment se manifestera cette disparition ? demanda l’Arabe. – Quand, répliqua le Prophète (Psl), l’autorité sera aux mains de ceux qui n’en sont pas dignes, attends-toi à voir venir l’Heure», [Sahib al-Bukhari 59].

En dépit des démissions volontaires et libres des présidents ATT et IBK, et malgré les enjeux sécuritaires et les perspectives nouvelles en émergence dans le Sahel, l’urgence de 1968 reste la même urgence de 1991 qui s’est présentée à nouveau à nous, nouvelle expérience malheureuse en 2012 avant de devenir ce que nous connaissons aujourd’hui depuis le 18 août 2020 et la rectification du 24 mai 2021.

Ce 26 mars 2024, afin de «combler le vide constitutionnel et institutionnel dans la conduite des affaires publiques», le Mali s’est déjà doté d’organes de direction (Titre 3, Art.3.- Les organes de la Transition sont : le Président de la Transition ; le Conseil national de Transition ; le Gouvernement de la Transition). Vu le Décret n°2020‐0072 PT‐RM du 1er octobre 2020 portant promulgation de la Charte de la Transition (JO 2020‐17 sp), modifié par la Loi n°2022‐001 du 25 février 2022 portant révision de la Charte de la Transition (JO 2022‐01 sp)]. Il y a 33 ans, les Maliens étaient déjà « conscients de la nécessité d’une trêve sociale pour permettre aux autorités de la transition de poser les bases de la refondation de l’État ». Suite aux Recommandations des Assises Nationales de la Refondation de l’État des 27, 28, 29 et 30 décembre 2021, les populations maliennes se sont engagées vers un nouvel horizon qui s’appelle Mali Kura.

En dépit des démissions volontaires et libres des présidents ATT et IBK

Pour dire que la prorogation de la Transition est ce qui est actée sur les cinq ans requises pour remplacer la Constitution du 25 février 1992 par celle du 18 juin 2023 fondant la 4ème République du Mali ou Mali Kura dont voici le soubassement programmatique par ordre de priorité, selon la Charte de la Transition (Chapitre 2, Art.2) : « Les missions de la Transition consacrées par la présente Charte, sont notamment : le rétablissement et le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national ; le redressement de l’État et la création des conditions de base pour sa refondation ; la promotion de la bonne gouvernance ; la refonte du système éducatif ; l’adoption d’un pacte de stabilité sociale ; les réformes politiques, institutionnelles, électorales et administratives ; l’organisation des élections générales ; la mise en œuvre intelligente de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger (désormais «caduc et d’inapplicabilité absolue») ; la mise en œuvre efficiente des Recommandations des Assises nationales de la Refondation » des 28, 29 et 30 décembre 2022 à Bamako.

KML

Source :L’Aube

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