Dans la plupart des établissements scolaires, sanitaires, ainsi que dans les familles à Bamako, l’importance du lavage des mains au savon est désormais bien connue, même si l’on constate que tous les moments critiques (avant de préparer les repas ; avant de manger ou de donner à manger à quelqu’un ; au sortir des toilettes et après le nettoyage anal des enfants) ne sont pas tout à fait respectés.
A Bamako, il est rare de trouver aujourd’hui une famille ou un établissement scolaire ou sanitaire, au sein duquel le lavage des mains au savon n’est pas pratiqué. Mais le respect strict des moments critiques que sont : avant de préparer les repas ; avant de manger ou de donner à manger à quelqu’un ; au sortir des toilettes et après le nettoyage anal des enfants n’est pas tout à fait effectif. Selon nos constats sur le terrain, la plupart des Bamakois ne se lavent régulièrement les mains au savon qu’au sortir des toilettes et qu’après le nettoyage anal des enfants.
Nous sommes à l’hôpital Gabriel Touré, le 22 Octobre 2022. Les kits de lavage des mains au savon sont là pour le personnel et les visiteurs. Contrairement à la période du respect des mesures barrières dans le cadre de la prévention de la COVID-19, aujourd’hui, aucune exigence n’existe dans l’utilisation desdits kits d’hygiène des mains.
Interrogé sur l’utilisation régulière de ces kits, le directeur de l’hôpital Gabriel Touré, Dr Abdoulaye Sanogo, souligne : «Le Lavage des mains au savon est très essentiel pour la santé. Nous l’avons toujours dit et nous ne cesserons de le dire. Donc pour nous, c’est de demander aux gens de continuer la pratique du lavage des mains au savon. C’est vrai, l’infection au niveau de la COVID-19 a baissé, mais elle est toujours là y compris les autres maladies diarrhéiques et infectieuses. Nous insistons beaucoup sur ces genres de comportements ici à l’hôpital. Il est important que tout le monde observe cette pratique que ce soit dans les centres de santé, à la maison ou dans les services », précise-t-il.
Poursuivre les sensibilisations !
Investir dans l’hygiène des mains, c’est prévenir les maladies et améliorer la qualité des soins. C’est là, la vision de l’ONG internationale, WaterAid, et qui cadre bien avec les réalités de l’heure. Surtout quand on sait qu’au Mali, selon l’enquête démographique et de Santé (EDS VI 2018), 31% de la population ne disposent pas d’endroit pour se laver les mains.
Aussi, le 14 octobre 2022, Alassane Maïga, Directeur du département Programme et Plaidoyer à WaterAid, a déclaré, à l’occasion de la journée mondiale de lavage des mains au savon, que plusieurs études ont montré, ces vingt dernières années, que le lavage des mains au savon chez les mères et les scolaires, notamment ceux du primaire, est l’un des principaux facteurs qui contribuent à réduire l’incidence des diarrhées chez les enfants. « Ces études ont mis en évidence que le lavage des mains au savon contribue à la réduction de l’incidence des maladies diarrhéiques de plus de 45 %. Aussi, il contribue à réduire de 25 à 50 % le risque de contracter une maladie respiratoire ou intestinale. Le lavage des mains au savon réduit également la charge microbienne de plus de 90 % d’où toute son importance dans la prévention des maladies infectieuses telles que la Covid19; les infections de la peau ; certaines infections bactériennes; virales et parasitaires ; la maladie à virus Ebola ; la grippe ; les fièvres hémorragiques ; la poliomyélite ; le trachome et les infections respiratoires aiguës », a-t-il ajouté.
Donc au-delà des activités du 15 octobre, journée mondiale du lavage des mains au lavage, il faudrait poursuivre les sensibilisations afin que les populations puissent respecter tous les moments critiques nécessitant l’hygiène des mains. Pour ce faire, le changement de comportement devient un passage obligatoire. Ainsi, l’école étant un lieu d’apprentissage des bons comportements, nous sommes allés à la rencontre de M. Seydou Sylla, directeur de l’école fondamentale OPAM C de Niarela. Au cours de notre entretien, il déclare : « À ce qui concerne le lavage des mains au savon, je trouve que c’est une chose assez importante et nous l’appliquons ici du mieux que nous pouvons. Parce qu’il y a des ONG qui nous fournissent des kits complets de lavage des mains au savon à chaque fois que nous sommes dans le besoin. Pour notre part, nous continuons de sensibiliser les enfants dans les classes à utiliser ces kits et à se laver les mains de façon propre une fois à la maison. »
Pérenniser les acquis !
Pour la pérennisation de cette pratique en dehors des écoles, le rôle des femmes est capital. Mariam Coulibaly est mère de famille. Elle nous confie : « Le lavage des mains au savon est une pratique très courante chez nous en famille. Personnellement, je veille beaucoup à cela. Quand les enfants rentrent à la maison, je leur dis de venir se laver les mains au savon avant de manger. Je tiens à cela, parce que je sais qu’ils se frottent à toutes sortes de microbes avant de rentrer. Voilà pourquoi, il est important qu’ils se lavent les mains au savon. Nous les femmes, nous jouons un très grand rôle dans l’application de cette pratique dans nos familles. »
Au niveau des familles, la dynamique semble être maintenue. Moussa Mallé un chef de famille, il témoigne : « Pour moi, le lavage des mains au savon est un acte qui prévient les maladies. Cela nous a été démontré au fil des ans par les médecins et je crois sincèrement que cette pratique est importante. Beaucoup pensaient que le lavage des mains au savon était un comportement importé, mais aujourd’hui, tout le monde est convaincu qu’il n’en a absolument rien. Tout le monde a besoin d’une bonne santé et se laver la main au savon contribue à cela. »
Il faut noter que selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’hygiène des mains est l’une des mesures les plus importantes qui peuvent réduire considérablement le fardeau des maladies infectieuses et de la septicémie sur le système de santé. « Ce fardeau représente la moitié des dépenses de santé globales dans les pays à faible revenu. Et plus, 40 % de ces dépenses sont des dépenses engagées par les personnes qui cherchent à obtenir des soins de santé. A cela s’ajoute la perte de revenu due à la maladie ou aux soins des malades », précise l’organisation.
Certes des acquis sont visibles sur le terrain, mais les autorités en charge du secteur de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement doivent davantage travailler à accroitre les investissements pour améliorer l’accès aux installations de lavage des mains au savon partout et pour tous. Il s’agit de garantir l’accès universel à l’eau, à l’assainissement et l’hygiène d’ici à 2030, conformément à l’exigence de l’Objectif du Développement Durable numéro six (ODD 6). Pour y arriver, la contribution ou l’effort de chacun compte.
Ousmane BALLO / Afrikinfos-Mali
Last Updated on 26/10/2022 by Ousmane BALLO