Mendicité : les jumeaux et les aveugles gagnent plus

La mendicité a pris une tournure inquiétante à tel point qu’elle s’apparente à une profession. Très lucratives pour certains, les grands bénéficiaires de l’aumône seraient les aveugles et les jumeaux.

De nos jours, s’il y a un fait sur lequel tous les Maliens sont unanimes c’est bien que les temps sont durs. Au taux de chômage élevé est venu se greffer la crise multidimensionnelle que connaît le pays depuis environ 10 ans. L’élément déclencheur étant l’insécurité, elle a fait des milliers de déplacés internes aussi bien qu’externes sans moyens de subsistance.

Dans leur instinct de survie, la plupart de ces déplacés internes, sans recours, ont afflué vers les grandes villes où une sorte de business florissant s’est développé avec la mendicité autour de l’aumône.

Profitant de la religion, des us et coutumes et de la mansuétude des populations, certains ont flairé le filon et en ont fait leur profession, souvent, sans être dans le besoin, ou revendiquant un handicap qu’on n’a pas. De nuit comme de jour, ces quémandeurs prennent d’assaut les lieux publics et font des fois du porte à porte entre les familles et les services. Ils sont soit handicapés physiques, auditifs, visuels ou autres personnes en manque de moyen de subsistance. Dans cette brèche ouverte, des personnes sans vergogne n’hésitent pas à s’engouffrer.

Mais s’ils sont nombreux à exercer cette « profession », il convient de savoir qu’ils n’en font pas le même profit. De l’avis général et à la suite d’un sondage, il ressort que deux types de mendiants prennent le jackpot. Il s’agit des handicapés visuels (notamment les aveugles) et les parents ou accompagnateurs de jumeaux.

A la question de savoir pour quelle raison les jumeaux font gagner plus, les personnes interrogées rétorquent que la raison remonte à une vieille croyance selon laquelle faire des offrandes à des jumeaux augmenterait les chances de réussite, de bonheur du bienfaiteur. « J’aime faire des offrandes aux jumeaux pour, en quelque sorte, aider leurs parents à faire face à leurs charges. Aussi, j’ai appris que leur faire plaisir peut avoir des impacts positifs pour le bienfaiteur », soutient l’un de nos interlocuteurs.

Quant aux handicaps visuels, ils tireraient profit de la mendicité pour la sympathie qu’ils dégagent en approchant les cibles. Car certaines personnes imaginent leur vie sans issue sans l’aide des autres. « Ce sont des personnes qui ont nécessairement besoin d’aide. Elles ne peuvent rien faire sans les autres. Toute leur vie dépend pratiquement des autres personnes. On a vraiment de la peine pour eux », dit-on.

En somme, la mendicité est profitable à tous, mais ce sont là les deux catégories de handicaps qui en seraient les plus nantis.

Alassane Cissouma

 Source: Mali Tribune