Entre Gao et Bamako, les passagers rançonnés par leur propre sécurité

Relier la sixième région et la capitale malienne est un chemin de croix si pénible et insupportable que nombre d’usagers préféraient passer par de grands détours pour joindre Bamako ou Gao. Mais les pays voisins étant également confrontés au même problème d’insécurité, la route nationale est redevenue très prisée – voire incontournable – surtout que les avions de la Minusma sont aussi inaccessibles que les vols de l’unique compagnie aérienne commerciale. Mais au calvaire d’un trajet rallongé par l’état piteux de la route s’ajoutent des tracasseries qui viennent du côté où la clientèle des compagnies routières s’y attend le moins. Il nous revient de bonne source, en effet, que les colonnes jihadistes en perte de vitesse ont changé de mode opératoire et préfèrent sensibiliser les passagers aux préceptes islamiques que de procéder par extorsion de leurs biens. Plus constantes et insupportables, en revanche, les tracasseries policières qui ont la vie dure dans les pratiques de la sécurité malienne. Cette dernière, selon toute évidence, est aujourd’hui plus redoutable que les djihadistes aux yeux des paisibles usagers du tronçon, qui abordent la peur au ventre le tristement célèbre poste de Sevaré. Là, les passagers ne sont certes pas triés et châtiés par faciès, mais plutôt ils sont taillables en fonction d’une dure épreuve d’identification. Pour être autorisés à franchir le seuil de cette ville-caserne, le passager sans carte d’identité est condamné à laisser jusqu’à 5 000 C CFA dans la cagnotte des policiers et gendarmes. Il va sans dire que lesdits agents préfèrent avoir affaire à cette catégorie de passagers et n’ont cure du danger de plausibles infiltrations, dans un contexte de péril sécuritaire.

Source : Le Témoin

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