La face cachée de RFI et France 24, ou les dessous de la liberté d’informer !

Dans deux reportages diffusés sur ses antennes les lundi 14 et mardi 15 mars 2021, RFI tentait de montrer clairement que l’armée malienne (les FAMA) aidée de ses instructeurs russes (que RFI s’entête à appeler « mercenaires du groupe Wagner » se livrait à des exactions, des tortures et des exécutions sommaires de paisibles citoyens accusés d’être de connivence avec les terroristes, le plus souvent sur la base de leur faciès. La suite on la connaît: le jeudi 17 mars, le couperet est tombé; RFI et France 24 sont sommés de suspendre leurs activités au Mali. Une décision extrême qui va sans doute choquer les défenseurs de la « liberté de presse » et de la liberté d’informer. On peut les comprendre ! Cependant, il convient d’analyser froidement et sans passion cette décision et de tenter d’en comprendre les enjeux sous-jacents. Les sanctions prononcées contre ces deux médias français sont-elles aussi excessives qu’il y paraît? Quelles sont les pratiques et les agissements réels de ces deux médias au Mali ? Pourquoi RFI et France 24 et pas la BBC ?

  1. Des médias de la propagande française.

Soulignons d’emblée une chose: RFI et France 24 sont des émanations du Quai d’Orsay. Elles sont « La voix de leur maître », financées et contrôlées par des hommes d’affaires bien connus comme le fameux Bolloré (encore lui!). De ce fait, elles sont congénitalement liées à la politique du gouvernement français en étant comme une sorte de caisse de raisonnance. Elles ont été conçues pour faire connaître et légitimer les choix, les orientations, les décisions de la politique française. Et enfin (mais ceci est loin d’être un détail), assurer la conquête des esprits africains. En effet, ces médias qui ne sont rien d’autre que des outils idéologiques de domination (culturelle, économique, politique, psychologique) ont aussi des programmes spécifiques, spécialement conçus pour l’Afrique et donc destinés à être consommés par les Africains. Raison pour laquelle la France y tient comme à la prunelle de ses yeux. Il ne faudrait pas espérer quelle s’en séparera ou quelle y renoncera de gaité de cœur.

L’attitude observée par RFI et F 24 face aux interventions de Barkhane et des FAMA, renvoie invariablement à une posture de « deux poids, deux mesures ». Cela peut-être illustré par quelques exemples.

  1. France 24, RFI et Barkane: un même combat pour une cible désignée !

Les crises récurrentes qui ont envenimé les relations entre Paris et Bamako ont culminé avec l’expulsion de l’ambassadeur de France et la décision du retrait de Barkhane du Mali. L’annonce de ce départ est précédée et suivie d’un regain de puissance de feu de l’armée malienne, qui regagne du terrain face aux groupés armés, encadrée par ses « instructeurs russes ». Les raisons de ce succès nous paraissent évidentes. Outre l’amélioration du commandement et l’acquisition d’équipements, performants, l’accès aux données satellitaires fournies par les russes permet aux FAMA de repérer en temps réel les positions des groupes terroristes et par voie de conséquence, d’anticiper et d’avoir la suprématie sur eux. Détail important, Barkhane n’a jamais accepté porter sa coopération avec les FAMA jusqu’à un tel niveau. Résultats : privés de ces précieux renseignements, les FAMA se faisaient régulièrement surprendre par l’ennemi et cédaient du terrain en enregistrant de lourdes pertes. À présent, la donne a changé, à telle enseigne qu’en quelques mois seulement, les FAMA peuvent se targuer d’arborer un bilan reluisant et honorable, que Barkhane aura peiné à réaliser en… 9 ans! Assurément, Barkhane aura obtenu des résultats inversement proportionnels aux moyens matériels, logistiques, humains, satellitaires et financiers déployés ! Quel gâchis !

Face à ce demi-échec, il lui est bien difficile de reconnaître la prouesse que les FAMA sont en train de réaliser actuellement sous nos yeux. Que faire pour casser la dynamique amorcée par les militaires maliens épaulés par leurs partenaires russes? La bonne vieille mais redoutable méthode du discrédit, de l’opprobre et de l’anathème! La thématique des droits de l’homme offre à Paris une carte inespérée pour « salir » les FAMA, d’autant plus que l’appel par Bamako aux supplétifs russes a toujours été une pilule trop amère que l’Elysée ne peut se résoudre à avaler! La machine médiatique peut alors se mettre en branle pour faire « le sale boulot »! D’où ces innombrables reportages destinés à ternir la réputation des FAMA. On entre véritablement dans une infernale logique d’anathématisation! En effet, les militaires maliens sont systématiquement pointés du doigt dès que survient un massacre, dans une zone dont on sait qu’elle est truffée de terroristes, et écumée par des jihadistes, trafiquants et délinquants de tout acabit. Pourquoi le doigt accusateur est-il systématiquement dirigé contre les FAMA? Que ces sinistres jihadistes incendient un car de transport en carbonisant ses passagers (comme ce fut le cas au

Mali en 2021 et au Niger le 16 mars 2022) nos « défenseurs des droits de l’Homme » ne semblent guère perturbés et restent muets comme des carpes. Les exactions opérées par les terroristes ne les Intéressent point. Seules comptent pour eux, les atteintes aux droits de l’Homme dont les FAMA se rendraient coupables. Est-ce cela leur fameux ‘’professionnalisme’’?

Examinons à présent le cas de cette force qu’on appelle « Barkhane », elle qui se croit au-dessus de tout soupçon !

A y voir de près, Barkhane n’a pas été aussi « propre » qu’elle veut le faire croire. Sur le terrain des droits de l’Homme, elle n’est pas exempte de reproches. De nombreux maliens sont morts ( et quelques fois des familles entières décimées comme ce fut le cas de ce pauvre père de famille résidant à Konna, qui a perdu ses proches lors d’un des tout premiers bombardements de l’armée française (en 2013) dans la région de Konna. L’infortuné n’a pu jusqu’à ce jour obtenir la moindre réparation, car les militaires français en opération en Afrique sont « couverts » et intouchables ! Plus près de nous, un autre bombardement de Barkhane a malencontreusement ôté la vie à une vingtaine de jeunes réunis pour la célébration d’un mariage à Bounty. Les autorités françaises n’ont jamais eu la grandeur d’esprit qu’il fallait, pour reconnaître ce crime; elles ont préféré nier jusqu’au bout l’évidence, malgré une enquête indépendante de confirmation menée par l’ONU! C’est tout simplement stupéfiant!

L’armée française serait elle au-dessus des droits de l’Homme ? Des droits des Africains et des Maliens ? Pourquoi RFI et France 24 ont-ils fait profil bas, préférant fermer yeux et oreilles face à cette tragédie ? Pourquoi n’ont-ils pas mené leurs propres enquêtes sur cette affaire comme ils sont si prompts à le faire lorsqu’il s’agit d’une armée africaine, centrafricaine ou malienne de surcroît ? Au Sahel, tous les jours des femmes, des enfants et des hommes, tous innocents sont tués par des hordes terroristes. RFI et France 24 ont-ils daigné une seule fois engager des enquêtes sur ces violations des droits de l’Homme par les jihadistes et leurs brutalités contre les populations? Ont -ils une seule fois approché les familles des victimes pour leur demander de témoigner des atrocités qu’elles ont subies? Disons le franchement, ces deux médias se sont donné comme mission de prouver par tous les moyens que les « mercenaires de Wagner » sont bien présents au Mali et qu’ils commettent des exactions et des crimes impunis. Là, réside la véritable raison de l’acharnement et de l’animosité mal voilés de ces médias contre le pouvoir de Goita. Ce travail, ils l’avaient déjà fait en Centrafrique, mais le président Touadera ne s’est pas laissé impressionner ni déstabiliser. Le colonel Assimi Goita, lui aussi reste impavide, imperturbable et droit dans ses bottes, préférant laisser le chien aboyer…! Quelle armée au monde n’a jamais commis d’exactions et de bavures? Les armées occidentales détiennent même la palme d’or en la matière lorsqu’elles se comportent en armées d’occupation dans les pays où elles interviennent. Et comme ces mêmes occidentaux contrôlent les grands médias du monde, les voix des victimes de ces exactions sont quasiment inaudibles.

On l’aura tous remarqué, depuis l’annonce du repli de Barkhane du Mali, ce pays déjà sous embargo, doit faire face à de nouvelles adversités : les irrédentistes touaregs de la CMA menacent de reprendre les armes (si les accords d’Alger ne sont pas mis en œuvre) et de proclamer l’indépendance de l’Azawad. Sur le front ouest, la Mauritanie embouche la même trompette que les détracteurs du régime malien pour accuser, sans la moindre preuve, l’armée malienne d’avoir tué une trentaine de ses ressortissants. Tout ceci relève-t-il du hasard ? N’y a-t-il pas une main invisible qui active ces foyers de tensions et de discorde pour donner du fil à retordre aux autorités maliennes, voire les déstabiliser ? Le récent rapprochement entre Nouakchott et Bamako représente une véritable et salvatrice bouffée d’oxygène pour l’économie malienne. Elle desserre quelque peu l’étau sur ce pays qui bénéficie d’un accès aux ports mauritaniens pour exporter son coton. Quels pays ont donc tant intérêt à asphyxier de la sorte le pays de Modibo KEITA? La CEDEAO? La France ? Nul besoin d’être un shaman pour le deviner !

France 24, RFI et l’armée malienne : une posture de discrédit permanent !

Depuis quelques mois, de nombreux observateurs indépendants ont confirmé une montée en puissance des FAMA, grâce à l’acquisition de nouveaux équipements aériens et terrestres. Cela se traduit par de nombreuses victoires et avancées sur le terrain; des bases terroristes détruites, du matériel récupéré sur l’ennemi. Ces succès ont évidemment un coût et les FAMA essuient périodiquement des pertes souvent lourdes dans leurs rangs. Mais le jeu en vaut la chandelle ! Seules RFI et F24 , font mine de ne pas le remarquer, et choisissent plutôt de médiatiser les revers des FAMA, en taisant ou en minimisant leurs exploits. Mais surtout, en guettant la moindre erreur de leur part pour montrer leur hargne et déclencher leur campagne déstabilisatrice. On a bien du mal à y voir la moindre once d’objectivité, d’impartialité ou de neutralité. Alors, RFI, Radio France Intox? A chacun de juger!

En conclusion, la réaction du Président français à cette mesure appelle quelques commentaires. Il affirme clairement qu’il demandera au président de la CEDEAO le président ghanéen, d’envisager des sanctions contre le Mali que son pays appuiera. Voilà révélé au grand jour la complicité entre cette organisation ouest africaine qui se verra obligée de suivre une fois de plus les injonctions de Paris. Si cela se réalisait, cette organisation qui a déjà perdu l’essentiel de sa légitimité aux yeux des peuples africains, poursuivra allègrement sa descente aux enfers!

Au demeurant, qu’est-ce que la démocratie, dont on nous rebat les oreilles tous les jours, a-t-elle apporté à l’Afrique en termes de stabilité, de paix et de développement depuis plus d’un demi-siècle ? Ce débat mérite d’être remis au goût du jour à un moment où ce continent se retrouve, une fois de plus à la croisée des chemins ! La démocratie, une valeur universelle? Oui, à condition que l’Afrique ne reste pas abonnée à une démocratie au rabais, où cette notion ne s’apparenterait qu’à un simple faire valoir, ou un trompe-l’œil.

La passe d’armes à laquelle Paris et Bamako (nous ont habitués avec ses multiples soubresauts et rebondissements) nous rappelle cette vérité implacable qui postule « l’impuissance de la puissance face à la puissance de la faiblesse » (Bertrand Badie). En effet, les pays supposés les plus « forts » se heurtent à l’adversité des « moins forts » qui disposent d’une panoplie de ressources pour rendre inopérante la force que les plus forts avaient l’habitude d’exercer sur eux. Paul Kagamé et Assimi Goïta (pour ne citer que ceux-là) en sont la parfaite illustration.

KAMBA A-M S

Ouagadougou, BF.

Source : L’Aube

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