A trois mois de la fin du délai initialement imparti à la Transition malienne par la Charte nationale, le « Cadre d’Echange des partis et regroupements de partis politiques pour une Transition Réussie au Mali » et ses alliés politiques de la « Plateforme Unie pour le Mali » (PUMA) , de « Cœur pour la Nation », du « PARENA », de « Yelema » et les « Forces Patriotiques et Progressistes du Mali » (FPP-MALI), ont décidé de créer une synergie pour systématiquement dire NON à toute prolongation.
Dans cette logique, le « Cadre » et ses alliés (constituant l’actuelle opposition politique), sous la houlette du président du parti « Yelema », Youssouf Diawara, ont décidé de ne consentir à aucun compromis quelles que soient les initiatives prises par le Gouvernement de Transition. En d’autres termes, la synergie ne reconnaitra pas les décisions qui seront issues des Assises Nationales de la Réconciliation (ANR). Qui viennent pourtant de démarrer, le samedi dernier, au niveau communal.
Dans un système démocratique normal, les organisations politiques sont, en effet, celles qui jouent un rôle prépondérant dans la gouvernance de l’Etat. Ce sont elles qui fournissent des candidats pour briguer les mandats de conseillers municipaux, députés et président de la république. Dans les normes démocratiques occidentales, les organisations politiques sont reparties entre une majorité qui gouverne et une opposition qui veille sur la bonne gouvernance. Cette répartition devrait en principe correspondre au positionnement idéologique des unes et des autres dans le landerneau politique. Or, tel n’est hélas pas le cas au Mali.
Où de nombreux leaders de plupart des organisations politiques ont pris la mauvaise habitude d’être aujourd’hui proches d’un pouvoir, pour le combattre le lendemain. Cela, sans aucune raison idéologique mais plutôt pour des raisons personnelles. Tout est malheureusement fonction de leur intérêt personnel (s’ils n’occupent pas un bon poste, ils militent farouchement dans l’opposition). De sorte que des leaders politiques maliens, sans scrupules, ne cessent de naviguer, au grand dam des électeurs, entre le camp de l’opposition et celui de la majorité. Un comportement indécent qui est un énorme frein à la création d’une opposition républicaine crédible dans notre pays.
En raison de cela, il ne serait donc pas paradoxal de voir ces mêmes leaders, se conduire en fervents opposants politiques dès que leurs intérêts personnels sont en jeu. Pour exiger, tout en faisant fi de la crise multidimensionnelle que connaît le Mali, l’organisation des élections générales à partir de la date initialement prévue pour le 27 février 2022. Alors qu’ils sont pourtant bien conscients que les Autorités de la Transition ne peuvent, en raison notamment de l’aggravation de la crise sécuritaire, tenir des élections crédibles dans au moins deux tiers du territoire national.
Ces politiciens sont également censés ne pas ignorer que les résultats des élections futures, sans l’obtention préalable d’un Organe Unique de Gestion des Elections (OUGE) consensuel, vont être contestés. Toutes choses qui auraient aussi pour conséquence de reproduire indéniablement les mêmes germes (comme des manifestations populaires à l’origine de la chute du régime IBK). Qui favoriseraient sans nul doute la survenue d’un énième coup d’Etat militaire au Mali. Est-ce vraiment ce que veulent la majorité des populations maliennes désormais désemparées du jeu politique ?
En tout état de cause, les Autorités maliennes ont déjà mis le cap vers leurs nouvelles orientations politiques. Cela, afin de pouvoir recadrer le jeu politique du pays dans un « Mali Kura ». D’où : la tenue actuelle des ANR « souveraines »; l’entame du processus de création d’un OUGE ; la recherche d’un Code électoral et d’un fichier électoral consensuels. Espérerons que les ANR soient une réussite afin que l’opposition aveugle refusant le moindre compromis politique n’ait pas le dessus sur la Transition en cours !
Gaoussou Madani Traoré
Source : Le Pélican
Last Updated on 16/12/2021 by Ousmane BALLO