Abolition de l’esclavage dans le Sahel : l’Appel de Bamako

Les rideaux sont tombés, le 10 juin 2021, sur les travaux du « Forum régional de lutte contre l’esclavage » à Bamako. Initié par le Réseau G5-Sahel de lutte contre l’esclavage et le BIT en collaboration avec le Projet de lutte contre l’esclavage et la discrimination fondée sur l’esclavage au Mali,  le forum de Bamako se voulait une tribune pour lancer un appel fort aux décideurs politiques, aux détenteurs des pouvoirs traditionnels et religieux, aux leaders des organisations de la société civile et aux médias, afin de prendre des textes criminalisant toutes les formes de pratiques d’esclavage au Mali et dans le Sahel.

De la Déclaration finale intitulée « L’Appel de Bamako 3 sur l’esclavage et pratiques connexes », il ressort que l’Afrique a souffert et souffre toujours des affres de l’esclavage et des pratiques analogues. En effet, s’agissant de l’esclavage, trois types d’esclavage (esclavage intra africain, la traite atlantique, la traite orientale) ont marqué cette sinistre période qui va du moyen âge à nos jours. L’esclavage source principale de l’économie de nos anciens empires et royaumes a contribué à vider l’Afrique de ses bras valides dans un déni total des droits humains et des peuples.

Selon la déclaration, les indépendances de 1960 devraient mettre fin aux inégalités sociales et marquer la rupture définitive avec le joug colonial et la traite des personnes. Malheureusement, de nos jours, en ce 21ème siècle, des Africains sont encore aux mains d’autres Africains, comme esclaves subissant des traitements inhumains. Cette pratique honteuse sévit dans presque tous les pays du G5 Sahel. « Les droits humains sont bafoués sous nos yeux, voire avec notre complicité car des hommes ont été battus, des femmes violées, des maisons brûlées, des populations déguerpies et chassées pour la simple raison qu’ils refusent le statut d’esclaves ou descendants d’esclaves. Cela s’est passé à Kayes au Mali de 2019 à 2021 et ce, malgré l’arsenal juridique disponible et l’Etat de droit affirmé dans la Constitution malienne. C’est pour toutes ces raisons que nous lançons un appel solennel aux chefs d’Etat du G5 Sahel pour prendre conscience du phénomène de l’esclavage, cause de frustration et pouvant alimenter le terrorisme ; au gouvernement de la République du Mali pour prendre des mesures immédiates et urgentes pour mettre fin aux exactions, humiliations et violations des droits de l’homme dans la région de Kayes ; aux organisations internationales, régionales et sous régionales nous demandons que soit inscrits dans leur agenda la lutte contre l’esclavage et le soutien aux victimes de cette hydre », peut-on lire dans la déclaration.

De même, le forum de Bamako invite les autorités maliennes à adopter une loi criminalisant l’esclavage et son application effective afin de punir les auteurs et co-auteurs de cette barbarie.

Quant au Réseau G5 Sahel et ses partenaires, le forum leur demande une solidarité accrue à l’égard des victimes et le développement de nouvelles stratégies conséquentes pour l’éradication de l’esclavage et les pratiques analogues. Pour ce faire d’ores et déjà, le Réseau G5 Sahel se constituera en partie civile pour défendre les causes de ces victimes tuées, humiliées, chassées et privées de leurs terres.

Egalement, le forum de Bamako demande aux institutions régionales et internationales des droits de l’Homme telles que la CEDEAO, l’UA, l’EPU, le rapporteur spécial sur les formes contemporaines de l’esclavage, l’Organisation des NU et le Conseil de Sécurité des Nations Unies de condamner le non-respect de la dignité de la personne humaine au Mali.

Selon les initiateurs de cette rencontre, toutes les constitutions de nos pays prévoient l’égalité et la liberté de naissance. Alors pourquoi nos gouvernements acceptent qu’au 21 siècle qu’il y ait des individus qui pensent posséder d’autres citoyens ? Pourquoi la justice ne présente-t-elle pas devant des citoyens qui sont tués, humiliés, torturés, chassés, privés de leurs terres, de leurs villages au vu et au su de tout le monde ?

Par ailleurs, malgré l’existence de l’esclavage et son atrocité dans notre pays, des efforts sont en cours pour son éradication. Le Projet de Lutte contre l’esclavage et la discrimination fondée sur l’esclavage au Mali du BIT et ses partenaires fournissent d’énormes efforts pour y mettre fin, à en croire le coordinateur national du projet Ibrahima Cissé. En effet, actuellement il existe un projet de loi pour criminaliser l’esclavage au Mali.

A O

Source : Ziré

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