Le processus de transition en cours, la collaboration avec le Cnps, les assises des concertations nationales, la désignation du Président de la Transition et la formation du nouveau gouvernement…voilà, entre autres sujets abordés par les leaders du M5, lors d’une conférence de presse organisée le jeudi dernier. Occasion pour le mouvement de réaffirmer sa détermination à faire aboutir son combat pour l’avènement d’un nouveau Mali.
Dans une déclaration, le M5-RFP rappelle et salue la lutte héroïque du Peuple malien qu’il a portée plusieurs mois durant pour l’émergence d’un Mali nouveau et que des éléments des Forces armées et de sécurité ont parachevée en facilitant l’objectif premier : la démission de l’ancien Président et de son régime. « A cet égard, le M5-RFP, en tant qu’acteur majeur du processus du changement voulu par le Peuple malien, a tenu à s’impliquer, au premier plan, à la conception de l’architecture de la Transition avec l’ensemble des Forces vives de la Nation.
C’est donc naturellement, dans la bonne foi mais sans naïveté, et en la croyance en un Mali nouveau, que le M5-RFP a entamé, depuis le 26 août 2020, une collaboration avec les éléments des Forces de défense et de sécurité constitués au sein du CNSP, dans le but de préserver la vision et les impératifs de changement. Car le M5-RFP sait qu’il n’existe pas de cas dans l’Histoire où le changement a été réalisé par des personnes n’ayant pas participé ouvertement et à visage découvert à la lutte pour le changement, avec tous les risques inhérents à un tel projet », indique le mouvement.
Malheureusement, le Peuple malien est témoin, tous les jours, ajoute le comité stratégique du M5-RFP, de multiples manquements à la parole donnée par des officiers sous serment : « Déjà, lors des journées de concertation sur la Transition, le déroulement des travaux a été biaisé par des pratiques antidémocratiques et déloyales dignes d’une autre époque, que nous avons mises en son temps en exergue, et les conclusions desdites assises ont été complètement travesties ».
Selon le M5, poursuivant dans la même logique, le CNSP a déclaré que le M5-RFP aurait prétendument été impliqué dans le processus de désignation des Président et Vice-président de la Transition, alors qu’il n’en était rien.
En effet, contrairement au communiqué officiel publié, le M5-RFP n’y était pas représenté et il n’y a eu ni document de travail, ni ouverture de candidature, ni critère de sélection, ni débat, ni délibération, ni validation : juste une communication du CNSP annonçant les personnes nommées auxdites fonctions.
Il s’y ajoute que la nomination d’un Premier ministre de transition fut l’occasion d’une mise en scène, pour une fonction que le CNSP, jurant sur son honneur, avaient affirmé revenir « de droit au M5-RFP », et poussé la théâtralisation jusqu’à réclamer la transmission d’éventuelles candidatures.
En réalité, l’occupation de telle ou telle fonction dans la Transition n’a jamais été un objectif en soi au M5-RFP, ce qui explique que lorsque la demande de candidature avait été posée, il a été simplement demandé à tout militant intéressé au sein de près de 400 composantes du Mouvement d’exprimer sa volonté.
Le nombre de quatorze candidatures décomptées se justifie par le fait qu’aucune concertation n’a pu être faite au sein du M5-RFP en quelques heures. Cet épisode a permis de mettre à nu le manque de sincérité dans l’intention déclarée de réserver au M5-RFP le choix du Premier ministre de transition.
La même démarche a prévalu dans le processus de formation du gouvernement intervenue alors que le Premier ministre était en discussions avec la délégation du M5-RFP.
Le Premier ministre avait pourtant donné des assurances au M5-RFP et rappelé son rôle-clé et décisif pour le changement au Mali, comme d’ailleurs les responsables du CNSP l’avaient fait auparavant dans les mêmes termes.
Aussi, le M5-RFP indique, contrairement à certaines informations relayées par des médias nationaux et internationaux et sur les réseaux sociaux, qu’il n’a pas de représentant dans le gouvernement formé ce 5 octobre, et aucun membre ne peut se réclamer de lui ou prétendre agir en son nom.
Le M5-RFP est donc légitime à dire que le nouveau gouvernement, dont la composition viole la loi n°052 sur la promotion du genre, n’est porteur ni de la rupture avec le système qu’il a combattu, ni du changement auquel le Peuple malien aspire et pour lequel il a consenti le sacrifice ultime : le sang de ses Martyrs pour lesquels justice doit être rendue sans délai.
Le M5-RFP regrette la quasi-absence des jeunes dans le gouvernement tout autant que le fait que les profils de nombreux ministres ne correspondent pas aux missions assignées.
Le M5-RFP dénonce aussi la mainmise du CNSP sur le gouvernement par le contrôle direct ou indirect de près des 2/3 des ministères.
Du reste, le M5-RFP rappelle que les délais de déclarations publiques de biens ont déjà expiré pour certaines autorités de la Transition qu’il invite à se mettre à jour, sans délai, conformément aux dispositions légales.
Enfin, le M5-RFP invite les hautes juridictions nationales du Mali à tirer conséquences juridiques de la publication tardive au Journal Officiel du Mali d’une Charte tronquée et sur la validité des actes posés avant cette publication (serment du Président et du Vice-président de la Transition, nomination du Premier ministre et de tous les actes subséquents).
Le M5-RFP, malgré des tentatives répétées de marginalisation, conscient de ses responsabilités, réaffirme sa détermination à faire aboutir son combat pour un Mali nouveau.
Pour ce faire, le M5-RFP, fort de l’engagement de toutes ses composantes dont aucune n’a quitté le mouvement à ce jour, sans exclusive, continue à œuvrer inlassablement pour la réussite du processus du changement, et appelle ses Militantes, Militants et Sympathisants à rester mobilisés pour une rupture véritable avec l’ancien système, pour un renouveau réel par la Refondation du Mali.
Mohamed Sylla
Source : L’Aube