Mais pourquoi faire? C’est la question que se posent les Maliens qui ne voient pas ce que Goodluck Jonatham pourra apporter comme solution idoine, à moins que son nom Goodluck (Bonne Chance) soit à lui seul une boule de neige.
La présidence de la République a annoncé la nouvelle avec un certain espoir de dernière minute, on l’aura compris. « Dans le cadre de la facilitation du dialogue entre les parties à la crise politique en cours, une mission de la C.E.D.E.A.O. est attendue à Bamako le mercredi, 15 juillet 2020 ». La délégation est arrivée effectivement. L’ancien président du Nigeria, Jonathan Goodluck, en est le chef en qualité d’Émissaire spécial de la C.E.D.E.A.O. Celui-ci rallonge, en tant que tel, la liste inflationniste des représentants de la communauté internationale au Mali, qui ont assisté stériles à la dégringolade du Mali depuis sept bonnes années. Représentant spécial de l’Union Africaine, Représentant spécial de l’Union européenne, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations-Unies, Chef de la Minusma, Chef de Barkhane…des présences cosmétiques pendant que le pays d’accueil, à force de gémir, est maintenant à l’article de la mort. De mémoire d’indexation d’indignation qui aura été un temps un petit baume au cœur des Maliens, on citera quand-même la forte dénonciation de l’asphyxiante corruption par l’ambassadeur d’Allemagne et le coup de colère de l’Union européenne contre l’achat de l’avion présidentiel au coût toujours opaque.
Que vient faire Goodluck Jonathan ? Pour certains de nos concitoyens, c’est une délégation qui vient se ravitailler sur les corps fauchés par les balles réelles des Forsat ; pour d’autres, c’est un voyage touristique organisé par la C.E.D.E.A.O. afin qu’on ne dise pas qu’elle s’est contentée de l’envoi d’une haute délégation les 18, 19 et 20 juin derniers sans chercher à consolider les efforts de celle-ci.
C’est qu’après un mois, les Maliens ne comprennent pas qu’IBK n’ait accordé du crédit à aucune recommandation de la communauté internationale et que la C.E.D.E.A.O. n’ait soulevé conséquemment aucune protestation. Aujourd’hui, le haut responsable communautaire arrive après des massacres perpétrés par le régime pour s’entretenir avec une Cour constitutionnelle qui n’existe plus, avec un ministre de l’Administration territoriale démissionné mais qui n’a pas été chargé d’évacuer les affaires courantes, avec la Cour suprême qui n’a jamais rien vu d’anormal au fonctionnement normal des institutions, avec le M5-RFP qui ne peut plus rien céder, avec Ibrahim Boubacar Keïta totalement illégitime et ayant le sang des Maliens sur les mains.Que veut la C.E.D.E.A.O.? Détourner les vrais problèmes de la nation malienne en les requalifiant frauduleusement de simples incidents électoraux suite à des élections législatives truquées ? Ou- qu’à Dieu ne plaise!- tenter de faire passer par pertes et profits le massacre des Maliens pour trouver et accorder des circonstances atténuantes à IBK ? Le peuple attend de pied ferme.
Amadou N’Fa Diallo
Source : L’Aube