Bourrage d’urnes à Douentza : une plainte au pénal contre trois sous-préfets

Le deuxième tour des élections législatives a été marqué par plusieurs anomalies dans certaines circonscriptions électorales de Douentza. Lesquelles se caractérisent, dit-on, par des bourrages d’urnes en faveur de la liste RPM-URD donnée vainqueur du scrutin du 19 avril 2020. C’est ce que dénoncent les représentants des listes ADEMA-PASJ-ASMA-CFP, avec des preuves à l’appui. C’était le 26 avril 2020 à Bamako, au cours d’une conférence de presse animée par Oumar DICKO, candidat ASMA-CFP sur la liste ADEMA-PASJ-ASMA-CFP.

Les résultats provisoires du 2etour de l’élection des députés à l’Assemblée nationale proclamés officiellement le jeudi dernier par le ministre de l’Administration territoriale, Boubacar Alpha Bah dit Bill, donnent un grand avantage aux sieurs Abdoulahi Mohamedoun ANSARI et Amadou MAÏGA, candidats de la liste RPM-URD à Douentza. Mais ceux de la liste ADEMA-PASJ-ASMA-CFP (Amadou ONGOÏBA et Oumar DICKO) contestent ces résultats et crient au bourrage d’urnes en faveur des vainqueurs officiels du scrutin.

Au cours d’un point de presse animé ce 26 avril 2020 à Bamako, le candidat de l’ASMA-CFP, Oumar DICKO, a accusé les sous-préfets de Hombori, NGouma et Douentza d’avoir bourré des urnes dans leurs circonscriptions électorales respectives en faveur de la liste RPM-URD.

À Boré, Ngouma, Dala, Gandamyan, Hombori, Déberé, pour ne citer que ces communes, le conférencier jure, la main sur le cœur, que personne n’a voté dans ces localités, à cause essentiellement de l’insécurité.

Pourtant, au moment de la compilation des résultats au niveau de la préfecture de Douentza, les sous-préfets de ces différentes communes ont amené des résultats qui ont été comptabilisés par les membres de la commission locale de centralisation. Pire, ces chiffres sont tous en faveur de la liste RPM-URD.

Pour illustrer ces propos, Oumar DICKO a donné l’exemple de la commune de Diaptodji (NGouma) où il y avait 17 000 inscrits et autant de votants. Dans le contexte actuel, a-t-il fait savoir, tous les 17 000 inscrits ne peuvent pas se retrouver chez eux parce que c’est une zone d’insécurité. « Tout le monde a peur d’y aller. Y compris nous candidats », a-t-il reconnu.

Mais contre toute attente, le sous-préfet de NGouma a trouvé les moyens de faire voter les 17 000 inscrits qui n’ont jamais vu les urnes de leurs yeux, ce 19 avril 2020.

Dans sa version des faits, il ressort que tout est parti du premier tour, lorsque les candidats ont constaté des anomalies, notamment par rapport au comportement du sous-préfet de Hombori. Celui-là même, dit-il, le jour des élections, est allé s’enfermer dans un camp militaire à six kilomètres de Hombori privant volontairement les citoyens de leur droit de vote. Donc, aucun citoyen de Hombori n’a voté au premier tour. « Personne ne sait où il tire ses résultats. Parce que personne n’a voté dans la commune de Hombori », a clamé haut et fort le conférencier.

Une requête pour l’annulation des résultats

Selon lui, cela a été porté à la connaissance des plus hautes autorités de la région et même le ministre de l’Administration territoriale a été tenu informé. Mais visiblement, aucune mesure n’a été prise contre lui. « Même pas un avertissement », s’indigne M. DICKO.

Sans grande surprise, il reprend la même pratique lors du deuxième tour des élections législatives. Donc, naturellement au deuxième tour, dit-il, les autres sous-préfets (Douentza et NGouma) se sont inspirés de cet exemple, et ont, dit-il, pris les élections en otage.

Ainsi, au deuxième tour, à Boré, en complicité avec le maire de ladite localité, le sous-préfet a tranquillement choisi un local dans sa résidence pour y emmener les urnes afin de les bourrer. Et cela, en l’absence de tous les présidents des bureaux de vote. Le sous-préfet de Diaptodji, a fait pareil sans associer personne.

De son côté, le sous-préfet de l’arrondissement central de Douentza, qui a trois communes, a fait la même chose. « C’est le manque de sanctions qui a provoqué ce comportement sous la coupe du préfet qui a tout managé », s’indigne ce candidat malheureux. Face à cette situation, a fait savoir M. DICKO, les responsables de la liste ADEMA-PASJ-ASMA-CFP ont introduit une requête à la Cour constitutionnelle pour l’annulation des résultats de ces localités incriminées.

Mais, au-delà de la Cour constitutionnelle, et pour servir d’exemple et libérer nos populations, ils ont aussi porté plainte au pénal contre ces trois sous-préfets pour avoir volontairement privé les citoyens de leurs droits de vote. Il s’agit bien sûr des sous-préfets de Hombori, Douentza et NGouma. « Ça, c’est un fait prévu et réprimé par la loi pénale », a-t-il justifié.

Ainsi, une requête a été déposée contre eux au niveau du juge de Douentza et l’affaire confiée au cabinet de Maître Ilyass TOURE. « Nous allons suivre le dossier, pour qu’à l’avenir, au-delà de ces élections, le comportement de ces sous-préfets soit sanctionné par la justice de notre pays et que désormais, aucun administrateur ne se permette plus de priver volontairement les citoyens de leurs droits et sans s’inquiéter », a-t-il insisté.

Abdoulaye OUATTARA

Source : Ziré