Résolution  de la crise scolaire : mon président, tenez vos promesses !

Depuis le 16 décembre 2019, l’école est perturbée par des grèves des enseignants qui demandent que la loi n°2018-007 du 16 janvier 2018 portant statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale soit mise en application dans les meilleurs délais. Une situation qui risque de perdurer plus que l’on ne le pense. Au même moment, il se trouve que nous vivons un mandat qui a été dédié à la promotion de la jeunesse par le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita (IBK).

 L’on se rappelle que l’Axe 3 du programme de société du président IBK  (réélu et investi le 5 septembre 2018) est consacré au développement du capital humain et àl’inclusion sociale. Dans ce même chapitre, figurent l’Education, l’Enseignement supérieur et la Recherche scientifique, ainsi que l’Emploi et la Formation professionnelle. Dans ce programme de société intitulé ‘’Notre grand Mali ira plus loin’’, en sa qualité de candidat à sa propre succession, IBK a promis que tout sera mis en œuvre pour renforcer la réalisation de l’éducation de qualité pour tous. « Nous privilégierons la formation technique et professionnelle qui ouvrira plus de perspectives d’emplois pour les jeunes. Les efforts seront axés également sur la réouverture des écoles au nord et au centre du pays, la construction/réhabilitation et l’équipement des écoles, le recrutement massif de personnel enseignant, la formation initiale et continue… », peut-on lire dans ledit programme.

Après la validation des résultats du second tour de l’élection présidentielle par la Cour Constitutionnelle qui a déclaré IBK réélu, ce dernier a rencontré ses militants au siège d’Ensemble Pour le Mali (EPM) pour leur adresser directement ses félicitations et ses remerciements. Au cours de cette rencontre, comme sur bien d’autres tribunes, IBK a déclaré que la jeunesse est placée au cœur de son second mandat. « Je sais ce que je vous dois. Je sais ce que ma génération vous doit. Je sais ce que ce pays vous doit…Je consacrerai le principal de notre effort à votre épanouissement, en vous dotant des moyens nécessaires à votre formation, à votre émancipation, à votre réussite… Cette réflexion devra être conduite de manière large et inclusive, j’en serai le garant », a-t-il martelé en s’adressant principalement à la jeunesse en 2018.

De la poudre aux yeux ?

Ce qui est sûr, aujourd’hui, ces grosses promesses sont en passe d’être de vains mots, donc de la poudre aux yeux. D’autant plus qu’à la date du 1er octobre 2019, plus de 750 écoles restaient encore fermées. Aussi, en plus de l’année scolaire 2018-2019 colmatée ou sauvée de justesse, cette année encore, nous assistons toujours aux effets qui risquent de produire les mêmes conséquences que l’année précédente, si rien n’est fait.

 Depuis le 16 décembre 2019, l’école est perturbée par des grèves des syndicats de l’éducation signataires du protocole d’accord du 15 octobre 2016 qui demandent l’application dans les meilleurs délais de la loi n°2018-007 du 16 janvier 2018 portant statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale.

Cette perturbation au sein de nos établissements scolaires est due à l’augmentation de 20 % des salaires dont les enseignants doivent bénéficier conformément à cette loi n°2018-007 adoptée le 16 janvier 2018 dans le cadre de la valorisation de la grille annexée au statut général. L’article 39 de ce statut stipule : « Toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du statut général s’applique de plein droit au personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spécialisée. »

 Si le président de la République songe en toute vérité à l’avenir radieux de cette jeunesse qu’il a placée au cœur de son mandat, il doit trouver une solution alternative au bon moment à cette situation afin de permettre à ces jeunes de reprendre le chemin de l’école pour du bon. Au cas où le trésor ne peut pas supporter cette nouvelle charge, il sera sage qu’il réduise davantage lui-même son train de vie et celui du gouvernement afin de satisfaire les doléances des enseignants, pas pour leur faire forcement plaisir, mais plutôt pour garantir une formation de qualité aux jeunes qui constituent l’avenir de ce pays. Dans le cas contraire, que les augmentations faites sur les salaires des autres fonctionnaires dont les enseignants réclament leurs parts, soient abrogées jusqu’à nouvel ordre.

Ousmane BALLO