À l’instar des musulmans, les personnes déplacées internes observent le ramadan. Ces communautés, qui dépendent des aides, ont besoin d’abri, de nourriture et d’eau potable. Pendant cette période d’abstinence, de nombreux déplacés interne attendent l’aide sur les sites. Ils appellent à la solidarité.
Dans l’esprit de solidarité humaine qui prévaut durant le mois sacré de ramadan, certaines personnes de bonne volonté se sont déjà manifestées sur certains sites de déplacés. À Ségou et à Bamako, des colis alimentaires ou des dons d’autres natures ont été remis aux plus démunis. Bintou Koné et Sagon Sidibé sont respectivement des déplacées internes sur les sites de Sébougou à Ségou et de Faladiè à Bamako. Selon elles, de bonnes volontés sont passées par là, mais le besoin reste immense.
La première affirme « Nous avons reçu des kits alimentaires au début du mois de ramadan. Chaque ménage a reçu 20 kilos de riz, un paquet de pâtes, 2 kilogrammes de lait, 2 kilos de dattes, 2 kilos de sucre, 1 kilo de sel et un bidon d’huile. Nous nous réjouissons de cette aide, mais souhaitons en recevoir davantage ».
La deuxième renchérit :« Nous avons reçu de l’aide, notamment du riz, de l’huile et d’autres produits. Cependant, nous avons surtout besoin de céréales pour bien nous nourrir. Tous les habitants jeûnent ici, nous sollicitons l’aide de toutes les bonnes volontés ».
Absence d’aide pour certains déplacés internes
« Depuis le début du mois, les déplacés internes sur le site de Socoura à Mopti n’ont reçu aucune aide, alors que certains n’ont rien ». Des chefs de famille, comme Boubou Sekou Gadiaga, expriment un besoin urgent d’aide alimentaire.
« Je jeûne pendant le ramadan et nous espérons recevoir de l’aide, notamment des kits alimentaires, car la consommation est élevée à cette période. Depuis le début du ramadan, nous n’avons reçu aucune assistance. Je lance un appel à toutes les bonnes volontés pour nous venir en aide. Nous n’avons ni troupeau ni champs ici.».
Plus d’implication de la part de l’État et des ONG
Abdoulaye Cissé est père de cinq enfants sur le site des déplacés internes du camp de Lafiabougou à San. Pour ce chef de famille, les autorités ainsi que des ONGs doivent agir pour le bien-être des personnes sur les lieux pendant cette période. Car lui, aussi déplore l’absence de l’aide.
« Ce début du ramadan est très difficile pour nous, les personnes déplacées du camp de Lafiabougou à San. Nous n’avons pas encore reçu d’aide. Bien que nous nous débrouillions ici, il y a des jours où nous ne trouvons pas de travail dans la ville de San. Nous demandons aux autorités de nous secourir pendant ce mois béni du ramadan » a-t-il-martelé.
Des mesures en cours
« C’est juste une question de timing ». C’est ce qu’indique le développement social de San. Il rassure que des mesures sont en cours pour soulager les personnes déplacées internes. En plus des actions gouvernementales, ce travail se fera aussi avec des ONG, selon Alassane Koné du développement social de San. Il affirme aussi que « le service de développement social et de l’économie solidaire de San accompagne les personnes déplacées internes dans la commune urbaine des San, en cherchant des partenaires pour leur donner les paquets de Ramadan pour mener leur jeûne ». C’est ce qu’a fait cette année « l’ONG El Farouk, qui a prévu d’aider 400 ménages de personnes déplacées en leur offrant des paquets de Ramadan, afin qu’ils puissent célébrer ce mois dans la tranquillité et la dignité », a-t-il-ajouté.
À cet effet, les déplacés de Gabero au nord du pays affirment avoir reçu de l’aide de la part des autorités et des partenaires. Cependant, l’autre difficulté reste l’accès à l’eau potable qui s’est accentuée ces derniers temps. Alhamzietou Adama, mère de famille explique :
« Le gouvernement et certaines ONG nous ont beaucoup aidés. Ils nous ont fourni du sucre, du lait, des céréales et des ustensiles de cuisine. Bien que les gens jeûnent ici, l’accès à l’eau potable est problématique. Parfois, les pompes ne fonctionnent pas, nous obligeant à parcourir les quartiers pour trouver de l’eau ».
Justement, l’aide des ONG est fortement attendue par ces personnes déracinées à cause des conflits. Celles-ci à l’accoutumée, organisent des iftars quotidiens marquant la rupture du jeûne. Pour ces organisations, aider les couches défavorisées est un geste « fort » afin de leur donner le sourire. Halachi Maiga, secrétaire général de l’association Solidaris 223 soutient que son organisation a « un programme dénommé Ramadan solidaire, qui consiste à offrir des kits alimentaires et des ruptures collectives ». Pour mener à bien tâche, Solidaris 223 accompagne « des femmes veuves, des femmes divorcées ». Il affirme également que pour « la Nuit du Destin, Solidaris 223 va offrir des repas aux enfants déplacés du centre Mabilé à Sogoniko. Cela dans le but de créer quelque chose de spécial, un moment de joie avec les enfants ».
Notre société est fondée sur l’entraide depuis la nuit des temps, expliquent des sociologues. Ils ajoutent que cette attitude doit être le quotidien de tout le monde.
« Ces personnes déplacées sont évidemment des humains comme nous. Si elles se sont déplacées, c’est pour une cause, une cause bien connue. La société devrait s’organiser pour leur offrir un abri. Bien que cela représente des dépenses, nous pouvons également aider d’autres personnes selon leurs besoins spécifiques. Nous devons les soutenir du mieux que nous pouvons » ; explique Wiébéré Coulibaly, sociologue.
Des islamologues ont approuvé ces déclarations. Ces actes de solidarité aideront à améliorer la situation difficile de ces personnes déplacées qui jeûnent pour le ramadan loin de leur localité d’origine.
Source : Studio Tamani
Last Updated on 11/03/2025 by Ousmane BALLO