Edito : Et si le PM payait le prix de sa trahison de la classe politique

Le premier Ministre Choguel Kokalla Maiga traverse l’une des périodes les plus difficiles depuis sa nomination au poste de premier ministre. Il fait l’objet d’une cabale de la part de ses camarades du Mouvement du 5 juin Rassemblement des Forces Patriotiques, M5 RFP, qui semblent mettre à prix sa tête, d’abord comme Président du comité stratégique, ensuite comme Premier Ministre. Affaibli par la maladie, mis à l’écart par celui-là même qui a placé  en lui sa confiance, à savoir le Président de la transition, le sort du PM semble véritablement scellé. A qui la faute ? Sans nul doute à lui-même, car il s’est vêtu d’un manteau impérial de destruction et de déstabilisation de la classe politique. Il a été même plus royaliste que le roi  en acceptant de jouer le vilain et ingrat rôle, celui de neutraliser tous les opposants à la transition. A commencer par la classe politique, ensuite la communauté internationale et enfin ses camarades de lutte politique que sont les leaders  du M5 RFP.  Qui ne se rappelle pas de ses diatribes vexatoires, voir ses réquisitoires sans concessions contre le mouvement démocratique en lui faisant passer pour responsable de tous les maux auxquels le pays est confronté, alors même qu’il partage à plus de 80 % le bilan des 30 ans de gestion du pays.

Il a dépeint en noir toutes les prouesses qui ont été réalisées sous Alpha Oumar Konaré, sous Amadou Toumani Touré et même sous IBK. Il a mené une campagne de dénigrement contre  les leaders du Mouvement démocratique et surtout de  déconstruction de la démocratie, pourtant acquise au prix du sang des martyrs. Que dire de la campagne de haine contre la France et la communauté internationale ainsi que des organisations sous régionales, régionales et même internationales comme la CEDEAO, l’UA et l’ONU. Alors même qu’il encensait ces organisations avant d’être premier ministre, Choguel K Maiga a fait un virage à 180 degré pour tout simplement gagner la confiance de son bienfaiteur, le Colonel Assimi Goita afin de demeurer aussi longtemps  que possible à son poste. Il a joué véritablement le rôle de fusible pour le Président de la transition en tentant de réduire en silence toutes les voix discordantes à la transition. Comme si cela ne suffisait pas il a divisé sa propre famille politique qui est le M5 RFP dont il tire sa légitimité. Refusant de céder le poste de président du Comité stratégique, alors  même que son agenda primatorial ne lui permettait pas de s’occuper à la fois des affaires de l’Etat et de gérer comme il faut le Mouvement que certains leaders souhaitaient en faire un mouvement de veille, le PM a provoqué la première saignée du M5 RFP  avec le départ de certains ténors comme  l’ancien PM Modibo Sidibé et les anciens ministres Konimba Sidibé, Mme Sy Kadiataou Sow, Mohamed Ali Bathily, Cheick Oumar Sissoko, pour ne citer que ces quelques ténors.  Pensant avoir la mainmise sur un mouvement hétéroclite comme le M5 RFP, le PM a voulu  mettre à la tête du M5 RFP des hommes corvéables et malléables à souhait. Erreur d’appréciation ou ambitions démesurées, ce sont ces hommes qu’il pensait maitriser,  qui veulent sa peau aujourd’hui. Ils veulent non seulement l’éjecter du fauteuil du Président du Comité stratégique du M5 RFP, mais aussi de celui de la primature. Ses camarades du M5 RFP sont-ils seuls dans ce combat contre le PM ? La ficelle n’est-elle pas tirée ailleurs ? Pourquoi une telle cabale contre celui qui a accepté d’aller au charbon et qui a contribué à l’ancrage du régime actuel ? Assimi a-t-il lâché son PM ? Voici une série de questions auxquelles nous n’avons pas de réponse.

En somme, le PM Choguel K Maiga est tout simplement en train de payer le prix de sa trahison de la classe politique. Il a contribué à la discréditer et à dresser l’opinion contre elle. Qui sème le vent à toutes les chances de récolter la tempête.

Youssouf Sissoko

Source : L’Alternance