Rentrée scolaire : des classes sans enseignants

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À Bamako, comme à l’intérieur du pays, plusieurs écoles sont en manque du personnel enseignant alors que d’autres sont en surplus. Un déséquilibre qui laisse un grand vide chez les enfants dont certains ne bénéficient pas pleinement de leur droit fondamental. Toute chose qui interpelle les plus hautes autorités du domaine éducatif.

Le constat est parti de l’Ecole fondamentale de Korofina Sud. Ici, les classes de 1ère, 2e et 3e Années n’ont pas d’enseignants et les élèves sont obligés chaque fois de rentrer. Interrogé sur cette situation, Ibrahim Traoré, un enseignant de l’établissement nous explique : « Ce sont trois classes qui sont sans enseignants pour l’instant. C’est le directeur qui gère souvent difficilement ces classes sans enseignants, mais en ce début de la rentrée, il est lui aussi souvent trop occupé avec des dossiers. Donc, les enfants sont restés là en attendant », nous témoigne-t-il.

C’est une bien triste réalité qui n’est pas du tout nouvelle selon notre témoin. « Je dirais que ça n’a rien de nouveau cette situation. L’année passée, certaines classes ici sont restées toute l’année comme ça sans enseignant. C’est une situation difficile parce que les enfants sont privés de leur droit fondamental en pleine capitale. Et je sais qu’il y a d’autres écoles qui sont confrontées à cette même réalité », ajoute-t-il.

À quelques encablures de là, précisément à la Zone industrielle, se trouve le groupe scolaire ElHadj Kolabè Cissé. Ici, l’on assiste à des salles de classe pléthoriques. Drissa Diamoutené, est le directeur du second cycle dudit groupe scolaire. Il nous explique : « En tant que 1er responsable des structures scolaires, nous sommes obligés de gérer ça sur place. Nous signalons à qui de droit, mais quand les réponses ne viennent pas à temps, on est tenu de gérer ça sur place. Ici chez nous, il y a six classes prévues soient deux 7e, deux 8e et deux 9e. Mais faute de personnel, nous avons fusionné les classes, soit une classe de 7e, une 8e et une 9e. Ce qui nous complique la tâche, parce que les salles deviennent pléthoriques ».

Drissa Diamoutené estime également que pour ces six classes réunies en trois, il n’y a qu’un maître de match-physique-chimie. « Imaginez combien cela est difficile pour un enseignant de gérer cette situation, mais que faire ? », s’interroge impuissamment le chef de cet établissement. Mais il préfère ne pas se plaindre comparé à d’autres. « Comparer aux autres dans le CAP de Bozola, nous sommes l’école la plus nantie, dit-on. Certaines écoles n’ont même pas la moitié de ce qu’on a ici pour presque les mêmes effectifs », nous témoigne M. Diamoutené.

« Nous avons toujours été préoccupé par cela »

Joint par nos soins sur la question, le porte-parole de la Synergie des enseignants signataires du 15 octobre 2016, Ousmane Almoudou, estime que c’est une situation réelle qui a toujours préoccupé la Synergie. « Oui effectivement, nous faisons ce constat, très amer d’ailleurs. Quand vous observez bien, cela fait quelques années qu’il n’y a pas eu de concours de recrutement. Voilà pourquoi nous constatons ce manque d’enseignants sur le terrain. C’est une réalité sur l’ensemble du territoire et même à Bamako où des écoles sont en manque de personnel. Ce qui amène forcément les directeurs à fusionner les classes dans le souci de mieux gérer le personnel.  Nous avons toujours été préoccupé par cela », nous dit-il.

M. Almoudou ne s’arrête pas là. Il donne des exemples de multiples cas qui existent à Bamako et à l’intérieur du pays. « Nous avons vu des cas dans plusieurs CAP du District de Bamako, notamment à Bamako-Coura ou au CAP Centre commercial. D’autres diront que c’est une mauvaise répartition des enseignants. Mais toujours, les directeurs sont obligés de fusionner les classes ce qui amène des situations des effectifs pléthoriques où on se retrouve avec des classes de plus de cent élèves. Cependant, on nous signale aussi des cas où il y a une pléthore d’enseignants dans certaines écoles alors que d’autres sont en manque », ajoute-t-il.

Selon le porte-parole des enseignants, pour pallier cette situation, il y a bien la nécessité d’un recrutement massif et de qualité. « Je dirais qu’il y a lieu de recruter plus d’enseignants, mais de mieux gérer de façon rationnelle les effectifs aussi sur le terrain. Conformément à notre rôle, nous continuons d’alerter les autorités. Nous continuons aussi à demander de rehausser le niveau de recrutement afin de pallier ces situations de manquements sur le terrain. Vous savez, à Bamako c’est encore mieux, dans les régions, dans les villages, c’est d’ailleurs pire », souligne M. Almoudou.

Si la situation préoccupe le personnel enseignant, les directions ainsi que les syndicats, l’inquiétude est d’autant plus vive chez les parents dont les enfants passent toute une journée sans être assisté par un enseignant. « Nous ne pouvons pas comprendre que dans un État et de surcroît en pleine capitale, qu’il y ait des classes sans enseignant alors qu’il y a des sortants de l’Institut de formation des maîtres qui ne cherchent qu’à être recrutés. C’est vraiment triste. C’est de la défaillance au dernier degré », estime Moussa Coulibaly, un parent d’élevé qui constate les faits dans les classes de Inemassa I dit Amazone, sis à Niaréla.

En attendant une solution durable, les directeurs d’écoles sont appelés à gérer cette situation selon leurs moyens et les parents d’élèves ne peuvent que prendre leur mal en patience.

Amadou Kodio

Source : Ziré

Last Updated on 19/10/2023 by Ousmane BALLO

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