Ambassadrice Linda Thomas-Greenfield, au conseil de sécurité des Nations Unies : « Il faut une manière efficace de mettre le programme femmes, paix et sécurité »

La représentante des États-Unis auprès des Nations Unies, Ambassadeur Linda Thomas-Greenfield, lors du Conseil de sécurité des Nations-Unies du 7 mars 2023, sur les femmes, la paix et la sécurité, a appelé à la responsabilité collective pour continuer à élever et autonomiser les femmes actrices du changement à travers l’Afrique et le monde. A l’entendre, il a été prouvé à maintes reprises que la participation pleine, égale et significative des femmes aux processus de paix en tant que dirigeantes, négociatrices, gardiennes de la paix et artisanes de la paix augmente les chances d’une paix juste et durable.

La rencontre a été l’occasion pour les participants de discuter des efforts collectifs en vue de mettre en œuvre le programme Femmes, paix et sécurité.  Depuis l’adoption de la résolution 1325 au début du 21e siècle, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté 10 résolutions autonomes sur les femmes, la paix et la sécurité.  Mais bien que ces efforts soient louables, l’ambassadrice a toutefois, invité les acteurs à se concentrer sur la manière de mettre en œuvre le plus efficacement possible le programme Femmes, paix et sécurité. Elle a salué les efforts du Mozambique pour avoir se concentrer sur l’impact unique du conflit sur les femmes et les filles, la nécessité d’une intégration de la dimension de genre et l’importance d’une participation significative des femmes à tous les niveaux dans les processus de prise de décision. Par ailleurs, comme indiqué par le Secrétaire général l’année dernière, l’ambassadrice pense que   la mise en œuvre de ces objectifs par le Conseil de sécurité reste un défi permanent, en particulier dans le cadre des mandats régionaux du Conseil. Elle dit voir de la manière la plus aiguë en Afghanistan, où les talibans ont renié leurs promesses à la communauté internationale et aux femmes afghanes, et mis en œuvre des mesures draconiennes et oppressives contre les femmes et les filles.  Les femmes afghanes sont désormais interdites de travail dans les ONG et elles ne peuvent pas fréquenter les universités et les écoles secondaires.

C’est une crise profonde.  Cela empêchera l’Afghanistan d’atteindre la stabilité, la prospérité économique et la croissance future.  Elle expose les femmes et les filles à un risque accru de violence sexiste et d’exploitation sexuelle. Et cela empêche l’aide humanitaire vitale d’atteindre les Afghans qui en ont désespérément besoin, déplore-t-elle. Cependant, Mme Linda Thomas Greenfield pense que le Conseil doit continuer à insister pour que les Talibans annulent ces décrets horribles et honorent leur engagement envers le peuple afghan. Elle révèlera qu’au cours de l’année écoulée, des femmes et des filles ont été confrontées à la violence, à la répression et à l’exclusion en Iran, en Ukraine et ailleurs dans le monde. En novembre dernier, elle a rencontré des victimes de la guerre d’agression de la Russie à Kiev.  « Des femmes qui avaient été violées et torturées par les forces russes, je n’oublierai jamais la douleur gravée sur leurs visages.  Il doit y avoir des comptes à rendre pour ces atrocités », s’alarme-t-elle.

Et ce mois de janvier, l’ambassadrice s’est rendue en Somalie, elle a vu la dévastation causée par la sécheresse en cours. En particulier, ces conditions désastreuses ont exacerbé la violence sexiste. Et cela a été aggravé par le recul de la participation politique des femmes, de la consolidation de la paix et de l’accès à l’aide humanitaire. Elle demeure convaincue qu’une paix durable et une société inclusive et prospère dépendent du leadership et de la participation politique des femmes en Somalie.

Dans cet esprit, elle a félicité ses collègues du Ghana d’avoir adopté le dernier plan d’action national FPS et d’avoir accueilli la prochaine réunion ministérielle des Nations Unies sur le maintien de la paix. « Nous continuerons à travailler avec le Ghana pour encourager les pays contributeurs de troupes et de police à augmenter le nombre de femmes déployées dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU dans les contingents militaires et de police, et à veiller à ce que les femmes soldats de la paix occupent des postes de direction », explique Mme Linda. En ce qui concerne la paix et la sécurité, elle précisera que, grâce à un financement américain, l’Institut américain pour la paix soutient les femmes dirigeantes au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda qui luttent contre l’extrémisme violent et qui plaident pour le leadership des femmes au niveau local, régionales et nationales de lutte contre l’extrémisme violent. Le pays s’est également engagé dans des programmes similaires au Mali et au Niger, et continuera à se connecter avec des femmes leaders à travers le Sahel.

Un tel engagement, à ses yeux, est impératif, car des groupes, dont l’Etat islamique, al-Qaïda, Boko Haram, al-Shabaab et les talibans, ciblent directement les femmes et les filles pour atteindre des objectifs idéologiques et tactiques.  En soutenant les femmes et les jeunes en tant qu’acteurs de la prévention, nous pouvons lutter plus efficacement et durablement contre les conditions propices au terrorisme, insiste-t-elle. Il faut noter que les États-Unis assurent, avec la Roumanie, la coprésidence du réseau des points focaux WPS pour 2023. Elle exhorte tous les pays à prendre les mesures nécessaires pour codifier la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies dans leurs lois nationales.

Les femmes et les filles du monde entier comptent sur nous – elles comptent sur nous pour construire un avenir plus juste, plus sûr et plus équitable.  Faisons ce travail ensemble, a-t-elle conclu.

Ibrahima Ndiaye

Source: Mali Tribune