Fédération Mali-Burkina Faso : Un projet porté par une volonté commune

Les autorités du Mali et du Burkina affichent une volonté commune de concrétiser le projet d’intégration des pères des indépendances. Les premiers responsables des deux pays ne font mystère de leur détermination à rendre irréversible le processus de construction de la Fédération Mali-Burkina Faso au terme des processus de Transition.

Réaliser ce projet ne doit pas en principe être un chantier qui relève de l’impossible eu égard au fait que le Mali et le Burkina, qui ont en partage une frontière de près de 1.300 km, sont assez proches culturellement et sur d’autres plans. La manifestation de cette noble ambition a été abordée lors de la visite de travail et d’amitié que le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a effectuée la semaine dernière au Faso.

Cette visite intervient dans un contexte où les deux pays partagent une convergence de vues sur de nombreuses questions et font surtout face à des défis identiques notamment l’hydre terroriste. Pour venir à bout de ce fléau, les armées des deux pays collaborent déjà efficacement. Comme l’a fait le Mali, le Burkina Faso semble avoir opté pour le changement de paradigme concernant la conduite de son processus de transition.

La diversification de son partenariat, le départ des militaires français du territoire burkinabé sont autant de points sur lesquels Maliens et Burkinabé ont la même grille de lecture. Ces décisions courageuses ont semble-t-il favorisé le rapprochement entre les dirigeants des deux pays. L’on garde en effet en mémoire les visites que le président Ibrahim Traoré et son Premier ministre ont effectuées dans notre pays. Sur le même registre, notre chef de la diplomatie a récemment séjourné à Ouagadougou sans doute pour raffermir davantage cette coopération.
Dans la même dynamique, Dr Choguel Kokalla Maïga a été reçu en audience vendredi dernier dans l’après-midi par le président de la Transition du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré. L’audience, qui s’est déroulée au palais présidentiel, a enregistré la présence des ministres maliens et burkinabé.

Au terme de l’entrevue qui a duré environ une heure, le Premier ministre du Burkina Faso, Appolinaire Joachim Kyélem de Tambela, a souligné que sur les instructions des présidents Assimi Goïta et Ibrahim Traoré, les deux gouvernements ont entrepris de baliser le terrain en vue de réaliser les rêves des populations. Il s’agit de voir comment le Mali et le Burkina Faso peuvent poser les jalons de la Fédération des deux pays. Signe concret de cette volonté de réaliser ce projet, au niveau du pays des « Hommes intègres », une commission spéciale a été installée au sein du ministère des Affaires étrangères. Le Mali dispose, quant à lui, de suffisamment de documentations en rapport avec cette initiative.

« Les deux peuples sont déjà fédérés, ce sont les artifices administratifs et politiques qui les séparent », a affirmé Appolinaire Joachim Kyélem de Tambela. En vue de la concrétisation de cette ambition, une Grande commission mixte Mali-Burkina Faso se réunira très bientôt à Bamako. Avant, les ministres des Finances des deux pays vont se réunir.

CONSEIL DES MINISTRES CONJOINT- Peu de temps avant cette audience, les deux Premiers ministres avaient co-présidé un Conseil des ministres conjoint dans les locaux de la présidence du Faso. Cette réunion a porté sur l’ensemble des sujets qui intéressent les deux gouvernements, en particulier les questions sécuritaires, la lutte contre le terrorisme, les questions humanitaires, les processus de transition. Mais aussi le sujet ayant trait aux sanctions contre lesquelles les ministres des Affaires étrangères du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée mènent une offensive diplomatique.

Toutes ces questions seront abordées lors de la prochaine réunion de la Grande commission mixte. « Tous les secteurs de développement ont été touchés », a résumé le Premier ministre au sortir de la rencontre. Dr Choguel Kokalla Maïga rappellera à ce propos que les deux pays sont déjà connectés en matière de coopération militaire et aussi ce qui est prévu sur le plan de la formation, du partage de renseignements…

« Nous n’avons pas de problème communautaire, c’est fabriqué ailleurs et des hommes sont instrumentalisés au nom de l’Islam tantôt, au nom des ethnies pour nous distraire… », a insisté le chef du gouvernement, rejetant l’idée de réduire la crise sécuritaire à des conflits intercommunautaires. Il a soutenu à ce sujet que les autorités maliennes et burkinabé sont occupées à créer les conditions pour la paix, la sécurité physique et alimentaire, l’éducation et la santé. Les deux pays vont se donner la main, soutenir les armées afin qu’elles puissent restaurer la souveraineté. Pour lui, sans sécurité, pas de démocratie.

Dans la matinée de vendredi, le Premier ministre et son homologue du Faso ont eu à la Primature une séance de travail en prélude au Conseil des ministres conjoint. Rien n’a filtré de cette rencontre. Presqu’au même moment, les ministres du Faso recevaient leurs homologues du Mali pour le même exercice.

La délégation du Premier ministre était composée de plusieurs ministres : Ibrahim Ikassa Maïga (Refondation de l’état, chargé des Relations avec les institutions), le général Daoud Aly Mohammedine (Sécurité et Protection civile), Mme Dembélé Madina Sissoko (Transports et Infrastructures), Lamine Seydou Traoré (Mines, Énergie et Eau), Mme Diéminatou Sangaré (Santé et Développement social), Alhamdou Ag Ilyene (Maliens établis à l’extérieur et Intégration africaine), Modibo Keïta (Développement rural), Andogoly Guindo (Artisanat, Culture, Industrie hôtelière et Tourisme).

Envoyé spécial

Massa SIDIBE

Source : L’Essor