TRANSITION : Assimi parle à cœur ouvert aux « ainés » !

Malgré la tonne de critiques contre les pouvoirs militaires de façon générale et particulièrement les maliens qui sont parfois très acerbes contre la transition actuelle, le Colonel Assimi GOÏTA a choisi de parler à cœur ouvert aux « ainés ».

Pour avoir su déjouer les pronostics qui ne donnaient pas plus de 9 mois au grand maximum à cette transition, à bien écouter le Chef de la Transition malienne dans son adresse aux chefs locaux, coutumiers, religieux de la société civile réunis au Palais de Koulouba dévoile, il s’y découvert un peu plus de sa personnalité. Il confirme ce que son « silence » laissait transparaitre notamment dans les prises de parole des principaux « lieutenants » du Gouvernement.

Pour un « novice » comme certains l’ont présenté, il faut dire qu’il a soit vite appris ou c’est un homme de conviction ayant une idée précise de là où il veut ou souhaite amener le pays. Il insiste et met la jeunesse (Shi fiŋ) face à sa responsabilité morale de rendre digne le « Malien ». « Les ainés (mogo korobaw) se battent aujourd’hui pour cette jeunesse à qui appartient cette transition. Les jeunes doivent se montrer engagés afin que les ainés puissent les aider à réussir la transition », a-t-il répété.

Trois choses à retenir tout le long de son adresse : le respect de la souveraineté à commencer par les maliens eux-mêmes, le respect de l’état d’esprit de l’autre dans la collaboration, enfin l’affirmation et la reconnaissance par tous des intérêts souverains des maliens sur leur pays et les ressources qu’il renferme.

A l’analyse de cette adresse faite en Bamanankan, on constate un homme de conviction qui s’adresse avec grande assurance sans invective particulière. « Tout n’est pas bien fait mais il faut reconnaitre que des choses sont faites » a-t-il plusieurs fois indiqué en parlant des différents secteurs d’action allant de la lutte contre la corruption, les choix stratégiques de collaboration, la lutte contre l’insécurité, l’éducation, la santé, l’organisation des différents concours, la promotion de la femme, la responsabilisation face à son destin et la restauration de la dignité, les revendications catégorielles et corporatistes, etc.

Il confirme qu’il est un homme qui croit en ce qu’il fait et ne se préoccupe pas trop de ce que les mauvaises langues pourraient en dire dans la mesure où il pense agir pour l’intérêt du pays. « Chacun doit toujours se placer en dessous du Mali et des Maliens pour qu’aucun intérêt ne puisse leur être comparable », telle est sa conviction qu’il a déclamé face à ses interlocuteurs.

Il a interpellé chacun dans sa responsabilité dans la « déliquescence et la persistance » de la situation de corruption avec souvent des exemples pédagogiques à l’appui. « Un commerçant importateur bénéficiant de la subvention de l’Etat qui au lieu de payer les taxes préfèrent payer des passe- droits à un fonctionnaire et va stocker cette marchandise dans un magasin gardé »Ensuite il crée la pénurie pour faire plus de profits. Dans la chaine il y a la responsabilisation du commerçant et du fonctionnaire malhonnêtes, des populations parmi lesquelles le magasin de stockage se trouve tout comme du gardien qui devraient pouvoir dénoncer.

La justice et la lutte contre la corruption ? Des résultats palpables qui ont permis au pays de ne pas sombrer pendant l’embargo et de faire des investissements militaires et dans la santé. « Ce combat sera mené et chacun doit assumer que ses proches impliqués subissent la loi ».

Il a fait comprendre de façon détaillée et pédagogique pourquoi les choix de gouvernance et de coopération actés par le Mali dans le cadre de la transition. « Nous portons l’entière responsabilité d’un échec si nous sommes à la manœuvre mais qu’un partenaire nous fasse porter cette responsabilité alors que c’est lui qui est à la manœuvre est très frustrant et inacceptable ». Il a fait comprendre que chaque peuple est responsable de son destin qu’il ne doit se laisser manipuler par aucun autre par peur de n’importe quelles représailles. « Ne pas pouvoir dire la vérité à un partenaire qui ne prend pas en compte votre intérêt, vous acceptez de renoncer à faire face et être responsable pour demeurer dans la dépendance ».

La stratégie de ceux qui combattent contre le pays, a expliqué le Chef de la Transition, inclus d’affamer les populations pour non seulement les maintenir dans la dépendance continuelle mais les pousser dans la spirale de la violence qui consiste à rentrer dans un cycle de revendications « justifiables » pour faire sombrer le pays.

 « Si chacun reste dans sa sphère de compétence et travaillait avec abnégation, le pays s’en sortirait mieux » En conclusion de son adresse, il a insisté sur deux choses :

 – «  La peur, la couardise sont synonymes de dépendance et d’abandon de tous nos intérêts.

– L’affirmation de soi et la prise en main son destin sont synonymes de dignité et de respectabilité. C’est cela que veulent les Maliens et ce pourquoi nous nous battons. »

Au-delà du fait que certains de ses détracteurs ont trouvé qu’il était « limité », l’homme a de la conviction. Penser qu’une quelconque propagande ou « menace » contre lui pourrait le faire fléchir face aux intérêts qu’il s’est définis pour le Mali, serait tout simplement un leurre. Il l’a répété à plusieurs reprises « rien de ce qui s’est et se fait n’est possible sans les Maliens » ; ce qui lui sert de boussole pour son action. C’est la raison de la mise en place du comité indépendant de suivi de 517 points d’action des recommandations des Assises nationales dont 55 sont inscrits dans la période de la transition.

PS : GOÏTA et la transition au Mali ont choisi d’assumer leur destin pour la dignité nationale !

Sidi COULIBALY

Source : L’Aube

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