Des désaccords chez les élus républicains à la Chambre des représentants empêchent l’institution de se doter d’un président. Joseph Biden s’est dit «embarrassé» par la situation tandis que son prédécesseur a donné aux siens une consigne de vote.
Un scénario inédit en 100 ans : la Chambre américaine des représentants était complètement paralysée dans la matinée du 4 janvier, des dissensions dans les rangs républicains empêchant les élus de se choisir un président.
Grand favori pour remplacer Nancy Pelosi au perchoir, le républicain Kevin McCarthy est suspendu au bon vouloir d’une vingtaine d’élus trumpistes qui l’accusent d’être trop modéré et jouent délibérément les trouble-fête.
Membres de la frange la plus conservatrice du parti, ces élus profitent de la très fine majorité républicaine décrochée aux élections de mi-mandat de novembre pour poser leurs conditions. Sans leur soutien, Kevin McCarthy ne peut pas être élu.
L’élu de Californie a déjà accédé à certaines exigences (changement de règles parlementaires ou encore obtention de sièges à la tête de commissions) sans que cela ne débloque pour autant l’impasse. Pire, l’opposition à sa candidature semblait se cristalliser. Bien que sa marge de manœuvre soit réduite, il n’a pour l’instant pas de concurrent crédible.
Biden «embarrassé» par la pagaille, Trump donne une consigne de vote
Le président américain, le démocrate Joe Biden, a qualifié cette situation d’«embarrassante», assurant que «le reste du monde» observait cette pagaille.
Chez les élus républicains non-réfractaires et largement majoritaires, un agacement commençait à se faire sentir. «Nous sommes venus ici pour accomplir des choses», a plaidé le chef du groupe républicain, Steve Scalise.
Le même jour, l’ancien président Donald Trump est sorti du bois, appelant son parti à tout faire pour «éviter une défaite». «Il est désormais temps pour nos grands élus républicains à la Chambre de voter pour Kevin [McCarthy qui fera] un bon boulot, et peut-être même un super boulot», a-t-il ajouté.
Mais il n’est pas certain que l’appel de l’ancien président, dont la mainmise sur le Parti républicain a été mise en doute ces derniers mois, suffise. L’élection du speaker, le troisième personnage le plus important de la politique américaine après le président et le vice-président, nécessite une majorité de 218 voix. Lors des trois premiers tours qui ont eu lieu le 3 janvier, Kevin McCarthy n’a pas réussi à dépasser les 203.
Cette situation paralyse aussi complètement le reste de l’institution : sans président, les élus ne peuvent pas prêter serment, et ne peuvent donc pas passer quelconque projet de loi. Les républicains ne peuvent pas non plus ouvrir les nombreuses enquêtes qu’ils avaient promises contre Joseph Biden.
Le parti de Joe Biden fait bloc autour de la candidature de Hakeem Jeffries, mais l’élu ne dispose pas non plus d’assez de voix pour être élu speaker.
Les élus continueront à voter tant qu’un président de la Chambre des représentants ne sera pas élu. Cela pourrait être l’affaire de quelques heures… ou de plusieurs semaines : en 1856, les élus du Congrès ne s’étaient accordés qu’au bout de deux mois et 133 tours.
Avec les républicains majoritaires à la Chambre, Joe Biden et les démocrates ne pourront pas faire passer de nouveaux grands projets. Mais avec un Sénat aux mains des démocrates, leurs rivaux non plus.
Source: francais.rt
Last Updated on 05/01/2023 by Ousmane BALLO