Mali : la CN-CIEPA/WASH réclame la reconnaissance de l’accès à l’eau et à l’assainissement comme un droit constitutionnel

Le 21 Octobre 2022, la Coalition Nationale-Campagne Internationale pour l’Eau Potable et Assainissement (CN-CIEPA/WASH), en collaboration avec ses partenaire, a animé une conférence de presse à son siège à l’ACI 2000. L’objectif de cette rencontre était d’informer les journalistes de la non prise en compte de l’accès à l’eau et à l’assainissement comme un droit constitutionnel dans l’avant-projet de Constitution remis au président de la transition, Col. Assimi Goïta, le 11 octobre 2022.

Cinq chapitres, 14 titres et 195 articles, c’est là, la composition de l’avant-projet de la nouvelle Constitution. La surprise pour des organisations de la société civile, particulièrement la CN-CIEPA/WASH, fut grande. Dans les 195 articles, il n’est écrit nulle part que l’accès l’eau potable et à l’assainissement est un droit constitutionnel. Cela, malgré les engagement pris par le Mali aux plans régional et international en faveur du secteur eau et assainissement.

« La question d’eau et d’assainissement est notre raison d’être », a déclaré M. Dounantié Daou, président de la CN-CIEPA/WASH. Selon lui, depuis 2010, la CN-CIEPA/WASH se bat pour promouvoir la résolution de l’ONU qui stipule que l’accès à l’eau et à l’assainissement est un droit. Il s’agit également, pour M. Daou, de faire en sorte que le Mali, qui a  voté cette résolution, puisse faire de l’accès à l’eau et à l’assainissement un droit constitutionnel. « En 2017 avec l’annonce de la révision constitutionnelle, nous avons mené des campagnes auprès des décideurs pour que cette constitution prenne en compte la question. Malheureusement, le processus a été reporté. Cette année, nous avons encore mené une vaste campagne de plaidoyer pour que l’accès à l’’eau et à l’assainissement puisse être reconnu comme un droit constitutionnel. Mais hélas,  nous constatons que l’avant-projet de la constitution a fait un silence de cathédrale autour de la question », ajoute-t-il.

Dans ses explications, le président de la CN-CIEPA/WASH a également souligné : « Nous nous sommes dit, soit le plaidoyer n’est pas entendu ou alors la résolution n’a pas été bien connue. D’où cette rencontre pour relancer la campagne. A notre niveau, nous nous posons un certain nombre de questions, à savoir : pourquoi voter la résolution sachant qu’on ne va pas la mettre en œuvre au niveau national ? Pourquoi s’inscrire aux Objectifs de Développement Durable (ODD) et choisir de faire un silence de cathédrale sur leur mise en œuvre ?  Pourquoi après tous ses efforts du président de la transition dans l’accès des populations à l’eau, la loi fondamentale qui doit booster le secteur n’en fait pas cas ? Nous sommes arrivés à la conclusion que si l’eau et l’assainissement ne sont pas inscrits comme un droit fondamental, nous aurions failli à un devoir de génération », précise-t-il.

Quant à Dr. Bakary Traoré, membre de la Mission d’Appui aux Réformes de l’État, il souligne : « On n’a pas une emprise directe sur le processus de l’élaboration de la nouvelle constitution. Nous avons la mission d’informer et d’alerter les décideurs.»

Selon Hady Diallo de l’Université des Sciences Politiques et Juridiques de Bamako, la question de l’eau et de l’assainissement est centrale et fondamentale, d’où la signature des engagements par le Mali dans le cadre des ODD. « Dans l’avant-projet de constitution, on a tendance à tout noyer », ajoute-t-il.

Désormais, la CN-CIEPA/WASH attend passer à la vitesse supérieure, au moment où l’avant-projet de constitution est retourné au sein de la force vive de la nation pour une nouvelle observation. Il s’agit là, pour les acteurs du secteur, principalement la CN-CIEPA/WASH, de poursuivre les plaidoyers auprès des décideurs pour que l’accès à l’eau et à l’assainissement puisse être reconnu comme un droit constitutionnel dans la nouvelle constitution.

Ousmane BALLO / Afrikinfos-Mali