Dr Moumouni Guindo, président de L’OCLEI :《 Au Mali, de 2005 à 2019, les irrégularités financières au détriment de l’Etat et des collectivités territoriales s’élèvent à environ 1 266 milliards de FCFA…》

Dans le cadre de la commémoration du 11 juillet, « Journée africaine de lutte contre la corruption », l’Office Central de Lutte contre l’Enrichissement Illicite (OCLEI) a initié une journée d’échange et de sensibilisation à l’égard des journalistes sur la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite. À l’ouverture de l’exercice avec les hommes de médias, le président de l’OCLEI, Dr Moumouni Guindo, a fait savoir que le Mali a connu une perte irrégulière financière d’environ 1 266 milliards de francs entre 2005 et 2019. C’était ce Jeudi 07 Juillet 2022, au Centre Maeva Palace. 

Célébrée cette année 2022 sous le thème : « Stratégies et mécanismes pour la gestion transparente des fonds de lutte contre la COVID-19 », la Journée africaine de lutte contre la corruption a été instituée par le Conseil exécutif de l’Union Africaine à Addis Abeba en janvier 2017 pour commémorer la signature de la Convention africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption, intervenue le 11 juillet 2003 à Maputo au Mozambique. Elle est l’occasion pour les Africains de porter un regard rétrospectif sur la lutte contre la corruption dans leurs communautés ; examiner ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas et ce qui reste à essayer.

Conformément à cet idéal, l’Office Central de Lutte contre l’Enrichissement Illicite, est en train de mener une série d’activités dont une journée d’échange et de sensibilisation avec les journalistes sur le phénomène de la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite. Les échanges ont ainsi porté sur trois (03) thématiques, à savoir : le cadre Juridique International et National de la Lutte contre l’Enrichissement illicite; présentation de la mission de prévention et de sensibilisation de l’OCLEI; et la Présentation du Pôle enquête de l’OCLEI afin d’expliquer les missions et rôles de l’OCLEI.

Dans son discours d’ouverture de la session, le président de l’OCLEI a fait mention de graves pertes d’irrégularités financières en Afrique et particulièrement au Mali. Dr Guindo explique que, selon une estimation récente de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, le continent africain perd plus de 50 milliards de dollars par an du fait des flux financiers illicites. Selon lui, ces pertes consistent à des sorties illicites des ressources naturelles , d’objets précieux des sociétés africaines et de divers produits de crime.

En ce qui concerne notre pays, il ressort d’une compilation des rapports des structures de contrôle que de 2005 à 2019, les irrégularités financières au détriment de l’Etat et des collectivités territoriales s’élèvent à environ 1 266 milliards de FCFA des suites de détournements de deniers publics, de fraudes aux marchés publics, de gaspillages et de violations des textes . Les montants ainsi perdus ou gaspillés auraient pu servir à financer la construction d’écoles , d’hôpitaux , d’infrastructures publiques , à donner accès à de l’eau potable aux populations entre autres . Car , il est estimé que ces moyens financiers spoliés à l’Etat pouvaient lui suffire pour construire 264 hôpitaux de haut standing , 1767 centres de santé de référence et environ 42 ponts etc.

Ce que l’OCLEI déplore…. !

Toujours dans son discours, le président de l’OCLEI a déploré que ces sorties frauduleuses de fonds ont un impact direct sur la qualité de vie des concitoyens . Aussi, elles freinent quasiment tous les efforts de développement. La corruption est l’un des plus grands tabous et souvent l’un des sujets les plus dangereux auxquels un journaliste puisse s’attaquer. Malgré tout , il a été rapporté que les journalistes sont très souvent en première ligne de la lutte contre la corruption . Dans certains pays, l’alerte et le suivi assidu de la presse ont contraint les autorités à faire des réformes institutionnelles et législatives majeures pour renforcer les dispositifs anti – corruption de leur pays, dit-il

Cependant, Dr Guindo, a, par ailleurs déploré qu’au Mali, l’apport des journalistes dans la lutte contre la corruption est jugé plutôt en – deçà des attentes par de nombreux observateurs. Une insuffisance qui, selon le président de l’OCLEI, s’explique particulièrement par la faiblesse de la collaboration entre les médias et les structures chargées de lutter contre la corruption mais aussi par le déficit de formation des hommes et femmes de médias sur les concepts de la corruption et l’enrichissement illicite. Toutefois, le président de l’OCLEI a invité les hommes de médias à s’impliquer activement dans la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite afin d’aider l’OCLEI à venir à bout du fléau.

Amadou Kodio/Afrikinfos-mali

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