La population malienne est à dominance féminine. En 2009, le pays comptait 14 528 662 habitants dont 7 323 672 femmes, soit 50,4% % contre 49,6% (résultats RGPH, 2009). Dans cette population féminine, 68% vivent en milieu rural. Les Femmes maliennes contribuent qualitativement et de façon constante à tous les combats politiques menés dans leur pays. En l’occurrence en 1991, lors des évènements dramatiques qui ont conduit à la chute de la dictature de Moussa Traoré pour l’avènement de la démocratie multipartiste. En dépit de cette réalité et de l’élaboration de nombreuses lois sous les différents régimes politiques (de l’indépendance à nos jours) pour protéger et promouvoir leurs droits, cette masse féminine importante demeure confrontée à d’énormes défis. En l’occurrence, les Femmes rurales n’occupent toujours pas la place qui correspond à leur poids numérique et leurs engagements. Aussi le système politique, même avec un nombre de diplômées de plus en plus important, ne leur accorde toujours que quelques strapontins de ministres, députés, maires, directeurs de services. Mais cette donne ne doit pas être considérée comme une fatalité, d’autant qu’elle peut et doit changer.
La participation des femmes dans la vie politique et publique est de nos jours, essentielle dans le développement socio-économique et politique d’un pays. Or, de nombreuses données statistiques dans le monde, indiquent que les femmes sont sous-représentées à tous les niveaux de prises de décisions et que la parité entre les sexes concernant les postes politiques (ministre, député, maire, etc.), est loin d’être acquise. Ainsi dans le monde, ce sont seulement dans 22 pays que les femmes exercent les fonctions de chefs d’Etat ou de Gouvernement alors que 119 pays n’ont jamais été dirigés par une femme. Et ce, en dépit des résolutions issues de la quatrième Conférence Mondiale sur les femmes, tenue à Beijing en 1995, réaffirmant que l’exercice plein et égal des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour les femmes et les filles, est une priorité pour les Gouvernements et les Nations-Unies et un facteur essentiel de la promotion de la femme.
C’est aussi, l’esprit de la constitution malienne du 25 février 1992. Garantissant les mêmes droits à tous les citoyens des deux sexes sans discrimination, cette Loi Fondamentale proclame dans son préambule, la défense des droits de la Femme, en reconnaissance à la lutte héroïque qu’elle a menée farouchement en 1991 pour cette démocratie au Mali. C’était déjà le cas sur notre ère géographique, historique et culturel du Mandé (depuis le Moyen âge) avec la Charte du Kuru Kan Fuga. Qui reconnaissait déjà les droits de la Femme comme une réalité. Tant il a été décrété à cette époque d’associer les Femmes à toutes les prises de décisions et à la gouvernance (article 16 Charte du Kuru Kan Fuga) avec le droit de propriété reconnu et érigé en institution et rigoureusement encadré. Qu’attendent donc les nombreuses associations féminines du pays pour booster la participation de la femme rurale à la vie publique et politique ?
L’engagement des Femmes maliennes dans la vie publique est historique
De toute façon, la lutte pour l’aspiration des femmes maliennes à leurs droits reconnus par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, avait été déjà engagée depuis la période de la décolonisation, par une femme battante, emblématique du nom d’Aoua Keïta. D’autres femmes analphabètes pour la plupart, s’étaient aussi engagées dans le combat politique pour la promotion de leurs droits politiques et publics, dans les rangs des deux partis politiques de l’époque : le Parti Progressiste Soudanais (PSP) et l’Union soudanaise Rassemblement Démocratique Africain (US-RDA).
Ainsi Aoua Keïta, sage-femme militante syndicale et femme politique, devenait la première élue députée de la Fédération du Mali (Soudan Français), en 1959 sous les couleurs de l’US-RDA. L’année 1968 verra l’entrée dans un Gouvernement provisoire issu du coup d’Etat militaire, la première femme, Inna Sissoko Cissé, au poste de Secrétaire d’Etat aux Affaires Sociales, puis en 1982, la première femme Ministre au portefeuille de l’Information, en 1986 une autre à la Santé. Et, à partir de 1988 jusqu’en 1991, Diallo Lalla Sy est au poste de de l’Emploi et de la Fonction Publique. A l’avènement de la démocratie au Mali, les femmes ont connu de la promotion sur la scène publique et politique. D’où plusieurs postes nominatifs et électifs (Ministres, Directrices nationales de services administratifs, Gouverneur, Préfets, Sous-préfets, Ambassadeurs, Maires, Conseillères communales, etc.) de 1992 à 2020.
Aussi, il en a résulté une représentativité des Femmes au sein du Parlement avec 18,6 % des sièges occupés, soit une augmentation de 60 % depuis 1995. La nomination de Cissé Mariam Khaïdama Sidibé en avril 2011, pour la première fois dans l’histoire du Mali au poste de Première Ministre, est une grande avancée dans la promotion de la femme malienne. Toutefois, l’arbre ne doit pas cacher la forêt à partir du moment où un quart des Parlements qui se sont succédés de 1992 à 2020, comptent toujours moins de 10 % de femmes par rapport aux hommes beaucoup plus présents malgré l’adoption en 2014, par le Gouvernement du Mali de la loi instituant la parité hommes-femmes, dans l’accès aux fonctions nominatives et électives.
En dépit de ce succès, le tableau est loin d’être brillant surtout lorsque l’on sait que les 70% des femmes vivant en milieu rural, sont souvent oubliées par leurs consœurs des villes, dans la prise de décisions les concernant toutes. Ce qui pourrait constituer un cas de discrimination très grave qui, dans les années à venir pourrait discréditer toutes les actions entreprises jusque-là par les gouvernants et la gent féminine. Ces femmes rurales dont la plupart sont analphabètes, ont ainsi des droits très limités et sont exclues par leurs maris, de la prise des décisions. Alors qu’elles devraient plutôt jouer un rôle prépondérant pour la promotion du droit politique de toutes les Femmes.
Gaoussou Madani Traoré / Afrikinfos-Mali
Last Updated on 10/12/2021 by Ousmane BALLO