Vaccination contre la Covid-19 : La population adhère petit à petit

Les équipes de vaccination reçoivent par jour entre 90 à 150 personnes prêtes à se faire administrer des doses de l’antigène contre le coronavirus. La tendance est à l’augmentation du nombre des volontaires.

Dans une chronique intitulée : «Si l’Afrique refusait le vaccin», Jules Domche, directeur de Vox Africa (une chaîne de télévision) rappelait la nécessité pour les Africains d’intégrer dans la réflexion le fait que depuis plus de 40 ans le monde est confronté à la pandémie du Sida et qui continue de faire des ravages, on n’a pas pu encore trouver de vaccin contre ce fléau.

Qu’il a fallu aussi attendre 16 ans pour trouver «un mauvais vaccin» contre la grippe et que tous les grands ensembles ou les grands pays disposent de leurs vaccins contre le coronavirus. Les états-Unis ont le leur tout comme la Russie, la Chine, l’Inde et l’Europe. Ainsi, le chroniqueur demandait aux Africains d’aller sur la pointe des pieds dans la vaccination avec AsrtraZeneca.

Au-delà de son analyse, on est tenté d’émettre des réserves sur ce vaccin au regard du tollé suscité à l’échelle planétaire par cet antigène et du contraste dans notre continent. Au moment où certains pays africains réclament des doses supplémentaires, d’autres en restituent. La République démocratique du Congo (RD Congo) en est l’illustration parfaite. Ce pays d’Afrique centrale aurait restitué plus de 1,3 million de doses de ce vaccin à l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Ces situations suscitent des interrogations légitimes chez nos compatriotes qui veulent s’entourer de toutes les garanties avant de recevoir le vaccin. Malheureusement, le ministère de la Santé et du Développement social aussi a été incapable de faire une bonne communication autour de la campagne. Ce qui n’était pas fait pour rassurer davantage nos compatriotes.

Ce qui justifie qu’au début, nos compatriotes ne se bousculaient pas aux portillons des centres de vaccination pour se faire administrer des doses d’AstraZeneca. En termes clairs, ils avaient des appréhensions diffuses sur cet antigène.

Même si on n’est plus au point mort dans notre pays puisqu’on a engagé les deux premières vitesses avec la réception à l’Aéroport international Président Modibo Keïta par le président de la Transition d’alors, Bah N’Daw, près de 40.000 doses de vaccin, le 5 mars dernier, et le démarrage de la campagne de vaccination contre la Covid-19, le 31 mars dernier, au Centre hospitalo-universitaire (CHU) du Point G. Les jours qui ont suivi le lancement de la campagne de vaccination n’avaient pas apporté des certitudes sur l’adhésion réelle des populations à la vaccination. Bien au contraire, on avait même l’impression de décélérer.

Heureusement que ces derniers temps, la tendance est en train d’être inversée. Même si ce n’est pas la grande affluence souhaitée, les Maliens se décident de plus en plus à se faire vacciner contre la Covid-19. Les autorités ont fait des efforts pour acquérir le vaccin et les premières doses ont été inoculées au personnel socio-sanitaire qui se trouve en première ligne dans la croisade contre la Covid-19. Ensuite, d’autres cibles notamment les personnes âgées de 60 ans et plus et celles atteintes des comorbidités (diabète, hypertension et autres).

Pour atteindre les cibles, trois stratégies classiques sont mises en œuvre. Il s’agit de la stratégie fixe dans les centres de santé communautaire (Cscom) ou de référence (Csref), celle avancée utilisée pour les hôpitaux et autres structures de santé et enfin la stratégie mobile. Pour cette phase, 344 vaccinateurs et 516 volontaires seront mobilisés. Le scepticisme est en train de laisser place à la confiance petit à petit. Ainsi, après une certaine hésitation, nos compatriotes commencent à percevoir la nécessité de se faire immuniser contre le coronavirus qui a même ébranlé les plus grandes économies mondiales.

Notre équipe de reportage a fait le tour de quelques points de vaccination. Au niveau du Csref de la Commune V, ce n’était pas la grande affluence. Mais le petit nombre de personnes qui entendait se faire vacciner était enthousiaste à l’idée de recevoir un antigène contre le coronavirus.

Aux environs de 10 heures, ce matin de mai, l’équipe du Dr Coulibaly Fatoumata Dicko avait déjà enregistré 45 personnes pour la première dose et 68 personnes pour le rappel, c’est-à-dire la deuxième dose. Selon la responsable de l’unité du Programme élargi de vaccination (PEV), son établissement de soins a enregistré depuis le début de la campagne un cumul de 6.086 vaccinés, soit 5.653 hommes et 433 femmes.

Elle a expliqué que les équipes de vaccination recevaient en moyenne 40 personnes par jour au début. Mais depuis que la population a commencé à y adhérer véritablement, les vaccinateurs accueillent environ 150 personnes par jour. Selon elle, les équipes de vaccination au niveau de notre centre (une équipe fixe et d’autres mobiles qui sillonnent les services, les gares routières et autres) officient tous les jours de la semaine et commencent à partir de 7h30 pour finir la journée vers 14h30.

Dr Coulibaly Fatoumata Dicko explique aussi que les vaccinateurs demandent préalablement les motivations de la personne qui désire se faire vacciner, avant d’accomplir les formalités où une pièce d’identité est requise pour éviter toute erreur dans le nom sur la carte de vaccination qui lui sera livrée. On interroge la personne pour savoir si elle a des antécédents de pathologies chroniques. Après la vaccination, il est conseillé à la personne de garder une posture assise au moins 3 à 5 mn pour éviter des malaises. Elle bénéficie aussi des conseils sur d’éventuels effets secondaires (puisque le risque zéro n’existe pas), notamment les céphalées, la fièvre, etc. Après cela, le rendez-vous est donné pour un mois après en vue de recevoir la deuxième dose.

Sur la carte, on mentionne le nom de la personne, son âge, sa profession, le sexe, l’adresse, le numéro du vaccin et sa date de péremption, le centre et la date du rappel. On y écrit aussi le nom du vaccinateur, le cachet et la signature de la responsable. La responsable de l’unité PEV explique aussi joindre au téléphone les personnes vaccinées pour leur rappeler la date d’administration de la deuxième dose à l’approche de celle-ci.

Médecins sans Frontières (une organisation internationale) accompagne la sensibilisation pour toucher le maximum de gens dans les gares routières, les lieux de culte : églises etmosquées. Au niveau du Csref de la Commune V, on évoque volontiers un cas de réaction allergique à l’antigène qui a été rapidement pris en charge et bien circonscris.

Mme Sène Aminata Diop était venue pour sa première dose de vaccin. Elle a déclaré avoir été conseillée par son médecin à se faire vacciner contre la Covid-19 et estime avoir mis du temps à comprendre. Mme Aminata Wangara, n’a pas eu besoin des conseils de qui que ce soit.Elle inscrit sa démarche dans une volonté de se protéger de ce fléau.

«Je vois toujours du monde par ici. Donc, je me suis dit qu’il était nécessaire que je me fasse vacciner», a confié la vendeuse d’éventails dans l’enceinte du Csref. Elle confirmera également qu’aucun membre de sa famille n’a été vacciné et compte s’employer à les convaincre. à côté d’elle, une cohorte qui avait reçu sa dose était gardée en observation pendant quelques minutes.

Au Csref de la Commune III, on a enregistré environ 7.400 personnes vaccinées pour la première dose et 3.200 autres pour le rappel. Dr Cissé Hamadoun Lamine, médecin-chef adjoint, reconnaît que c’était timide au début.
Dans ce centre aussi les vaccinateurs sont disponibles toute la semaine de 8h à 13h30. Nous avons rencontré sur les lieux deux jeunes hommes qui ont requis l’anonymat. Le premier qui applique l’adage : «Mieux vaut prévenir que guérir», pense profiter de la campagne pour s’immuniser contre cette redoutable maladie. Et son ami vétérinaire partage bien son avis. Mémé Sanogo Coumba qui vaccine accueille 90 à 100 personnes par jour. Au passage de notre équipe, elle avait enregistré 45 personnes vaccinées. Dans les Cscom les gens viennent au compte-gouttes. C’est le cas au niveau de l’Association de santé communautaire de Boulkassoumbougou (ASACOBOUL).

Dans ce centre de vaccination, on avait vacciné que deux personnes entre 8 h et 11h. Mme Alima Traoré responsable de l’équipe impute cette situation au déficit de communication parce que les gens ne savent pas que le vaccin est disponible à ce niveau. Alimata Niang confirme cette assertion.

Elle même a su à tout hasard que les gens peuvent se faire vacciner dans ce Cscom. C’est donc à la vue d’une équipe de vaccination qu’elle s’est approchée pour recevoir sa dose de vaccin. Au Cscom de Kalaban, où Abdramane Diamouténé a fait sa vaccination, ce n’était pas non plus la grande mobilisation.

Actuellement, notre pays est sur une bonne dynamique dans la campagne de vaccination. Mais l’effort pédagogique doit continuer pour convaincre définitivement les plus sceptiques à recevoir leurs doses de vaccin.

Fatoumata NAPHO

Source : L’Essor