Homme politique malien né à Bamako (1915-1977). Sorti de l’école normale William Pointy de Dakar en 1936, il fonda l’année suivante le Syndicat des enseignants de l’Afrique occidentale française (AOF), avec le Burkinabé Ouezzin Coulibaly. En 1946, il se joignit à Félix Houphouët-Boigny pour créer à Bamako, le Rassemblement démocratique africain (RDA).
Intégré dans le sérail des représentants de l’Union française à l’Assemblée nationale, il entra dans les cabinets de Bourgès-Maunoury et de Félix Gaillard (1957). C’est un fédéraliste comme la plupart des hommes politiques de la savane qui rêvent à l’unité d’autrefois, mais il est aussi pragmatique, car le Soudan français est un pays enclavé dont le seul poumon est la voie ferrée qui le relie au port de Dakar.
En 1959, il préside la Fédération du Mali, qui unit son pays au Sénégal, mais sa personnalité et son amitié avec Sékou Touré, qui a quitté la Communauté française avec fracas, heurtent les options socialisantes tout en nuances de Léopold Senghor. Après l’éclatement de la Fédération, il continue à présider son pays, qui a gardé le nom prestigieux de Mali. Sans rompre totalement avec la France, il se rapproche de la Guinée et du Ghana (création de l’Union des États de l’Afrique de l’Ouest), opte pour le «non-alignement», une formule dont il est l’auteur, et fait sortir le Mali de la zone franc.
Les difficultés financières et la raréfaction des produits importés, alors que l’administration pléthorique absorbe l’essentiel du budget de l’Etat, déclenchent une sourde opposition de la population. L’opinion publique bascule lorsqu’il créé une milice qui ne tarde pas verser dans la corruption. L’armée, composée de responsable formés à l’école française, en profite pour prendre le pouvoir sous la direction du lieutenant Moussa Traoré (1968). Détenu pendant de longues années à Kidal, le premier président de la République malienne meurt le 16 mai 1977.
Air Mali
Dans le cadre de l’option fondamentale du parti et du gouvernement, le 22 septembre 1960 la résolution économique demandait entre autres: de s’attaquer immédiatement et rigoureusement à la décolonisation économique; d’instituer rapidement des structures économiques nouvelles en renversant et développant les circuits commerciaux dans le cadre de la planification socialiste fondée sur les réalités africaines; d’user de tous les moyens, pour implanter une infrastructure ferroviaire, routière, fluviale et aérienne conforme aux besoins du pays. C’est donc en application de ces décisions que fut créée la Compagnie nationale Air Mali.
L’exploitation du réseau aérien intérieur était faite par la Compagnie Air France dans le cadre général de son exploitation Inter africaine et ne ravitaillait donc pas en profondeur le territoire. Trois fois par semaine, des longs- courriers de la Compagnie Air France-TAL-UAT reliaient Bamako à la France. Trois escales seulement étaient reliées deux fois par semaine, deux autres escales une fois par semaine et deux chaque quinzaine (Nioro-Nara).
D’octobre 1960 à décembre, les activités se sont surtout axées sur les prises de contacts, la mise en forme de la Compagnie et le recrutement du personnel indispensable. C’est en avril 1961, à la suite de la réception de trois DC 3, que devait commencer le rôle de transporteur aérien d’Air Mali. Lignes intérieures: Ségou, Mopti, Goundam, Tombouctou, Gao, Nara, Niafunké, Kayes, Nioro, Niono. Si l’on considère la jeunesse de cette compagnie à l’époque, nous pouvons affirmer qu’elle peut mériter toute la confiance qu’on peut placer en elle.
Le développement du tourisme en République du Mali sera un facteur de la progression du transport aérien, compte tenu des commodités qu’il offre (rapidité, stabilité, sécurité, confort). Pays continental, le Mali avec sa superficie étendue est obligé de s’appuyer sur une compagnie aérienne solide pour faire face à un développement économique rapide et cohérent.
Transferts définitifs: Extrait du livre du colonel Assimi Souleymane Dembélé né en 1935 à Mouroudiah (Nara)
Le livre du colonel Assimi Souleymane Dembélé est terrible et édifiant. Terrible parce qu’il montre du Mali une image que peu de gens soupçonnent. Le souvenir d’une terre de grands empires, un peuple fier et pacifique, une culture d’une richesse insolente caractérisent en effet ce pays, havre de paix dans les sables mouvants qu’est devenue l’Afrique. Il y a certes ce Mali- là, mais il y en a un autre plus secret, moins glorieux, celui des brimades, des tortures, des assassinats dont personne ne parle.
De l’ère «socialiste» de Modibo Keïta au long règne des militaires sous la férule de Moussa Traoré, ce furent trente années de violences sans nom. Nul n’était épargné, ni les femmes, ni les enfants, ni les vieilles personnes. Comme régie par une loi implacable la chaîne des assassinats fut ininterrompue, les bourreaux finissant immanquablement par devenir les victimes. Et cela, au nom de l’idéologie, au nom du pouvoir. Le Mali fut un pays relativement stable sous Modibo Keïta comme sous Moussa Traoré, mais c’est à la lecture du livre du colonel Dembélé qu’on comprend le prix que le pays a payé pour cette stabilité: une vie faite de silence.
Silence de ceux qui ont subi les pires tortures, silence de leurs parents, silence des cadres, silence des politiciens. Il faudra un jour répondre à cette question: comment un peuple qui fut pourtant grand a-t-il subi de telles dictatures durant des décennies sans broncher ? La réponse: Au Mali, nous sommes passés du monopartisme au multi-monopartisme. Cela veut dire que nous sommes passés d’un système de parti unique à un système avec une multitude de partis qui gardent encore les réflexes du parti unique. On a chassé le naturel, il est revenu au galop. Alors que le 26 mars 1991, date historique pour les Maliens, signe la fin de privilèges d’une dictature et d’un régime bâti sur le parti unique, le népotisme et la corruption.
Comment un peuple qui fut pourtant grand a-t-il sombré ? La réponse à cette question se trouve dans un fait abracadabrant au Mali: le Programme d’ajustement structurel (PAS) qui frappé notre pays sous le parti unique de Moussa Traoré et sous la démocratie. La Banque mondiale et l’USAID et d’autres partenaires financiers ont imposé et financé dans le cadre de l’ajustement structurel des liquidations des sociétés et entreprises d’État qui ont occasionné des départs volontaires à la retraite. Plusieurs entreprises sont liquidées: Éditions et imprimeries du Mali (EDIM-SA), Société Nationale d’Entreprise de Travaux Publics (SONETRA), Société malienne d’import-export (SOMIEX), Société malienne de conserves (SOMACO), Office des produits agricoles du Mali (OPAM), Société des conserves du Mali (SOCOMA), Société nationale de recherches et d’exploitation des ressources Minières (SONAREM), Société malienne des produits chimiques (SMPC), Société nationale Air-Mali (AM), Régie des chemins de fer du Mali (CFM), Industrie textile du Mali (ITEMA), Usine de Bois, Librairie populaire du Mali, Société nationale des hôtelleries du Mali, Office malien du bétail et de la viande (OMBEVI), Société malienne du bétail et des peaux (SOMBEPEC), Société d’exploitation des produits oléagineux du Mali (SEPOM) , Société de construction radioélectrique du Mali (SOCORAM), Société nationale de tabac et allumette du Mali (SONATAM), Union nationale des coopératives (UNICOOP), Compagnie malienne de navigation (CMN), COMATEX, Société des ciments du Mali (SOCIMA) à Diamou, Société des tanneries maliennes (TAMALI), Mali Lait, etc.
Au total, 5 666 fonctionnaires ont été victimes des PAS. Plus d’un tiers des fonctionnaires de la fonction publique ont été compressés entre 1987 et 1993. Le programme a concerné deux (02) vagues. La première 1987-1988 et 1989. La deuxième vague: 1991-1992 et 1993. Depuis ces années, les Programmes d’ajustement structurel ont créé un malaise social. Une injustice sociale, source de tous nos maux.
La démocratie devait réparer la blessure, elle l’a enflée en redéployant ses militants victimes du Programme d’ajustement structurel dans des institutions et services nouvellement crées. Dès lors, la méchanceté gratuite, la jalousie et la haine sont rentrés dans nos mœurs. La Banque mondiale, l’USAID et les partenaires financiers ont versé 310 milliards de francs CFA pour payer les droits des travailleurs compressés.
Source : Inter de Bamako