Mali : environ 1 125 000 de personnes pratiquent toujours la défécation à l’air libre

à la une Accueil Actualités Au Mali Flash infos Infos en continus Société

En prélude à la Journée Mondiale des Toilettes, célébrée chaque 19 Novembre, le Ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement Durable, en partenariat avec WaterAid Mali, a organisé une conférence de presse pour annoncer les couleurs de l’évènement au Mali. Ainsi, il ressort des données de la Direction Nationale de l’Assainissement et du Contrôle des Pollutions et des Nuisances (DNACPN ) que 5 % des Maliens, soit environ 1 125 000 de personnes, pratiquent toujours la défécation à l’air libre.

Le thème de la Journée Mondiale des Toilettes, édition 2023, est : « Accélérer le changement ». C’est un thème assez révélateur qui interpelle tous à multiplier d’efforts afin d’être au rendez-vous de 2030 pour l’atteinte de l’Objectif du Développement Durable (ODD6) qui consiste à garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau.

Pour l’heure, les chiffres ne sont pas tout à fait rassurants. Selon la DNACPN, au Mali, seulement 45% de la population dispose d’un service de base d’assainissement, soit environ 10 125 000 de personnes, et la défécation à l’air libre est pratiquée par 5% de la population, soit environ 1 125 000 de personnes. Aussi dans un document technique, WaterAid Mali estime qu’actuellement, environ 60% de la population mondiale, soit 4,2 milliard de personnes, n’ont pas de toilettes à la maison ou disposent de toilettes qui ne permettent pas une gestion hygiénique des excrétas. « Dans le monde, 673 millions de personnes pratiquent la défécation en plein air. En 2022 , 70 % de la population Africaine n’avaient pas accès à des services d’assainissement gérés en toute sécurité selon le rapport conjoint OMS / UNICEF ( Source JMP 2023 )», peut-on lire dans ladite note.

Voilà des chiffres qui font toujours froid au dos. Une situation qu’il faut rapidement renverser, d’où le choix du thème « Accélérer le changement ». Pour Ousmane Kida, chargé de plaidoyer à la Coalition Nationale de la Campagne Internationale pour l’Eau Potable et l’Assainissement (CN-CIEPA/WASH), au Mali,  il ne s’agit pas de changer de politique, mais plutôt de pratiques. « Le Mali a des meilleurs textes, mais leurs mises en œuvre restent toujours un défaut. Donc, il s’agit, pour nous société civile, de changer de pratiques », a-t-il souligné, avant de saluer le gouvernement pour la reconnaissance de l’accès à l’eau comme droit constitutionnel dans la constitution du 22 juillet 2023.

Quant à Aly Sow, Directeur du Département Programme et Plaidoyer à WaterAid, si l’on parle de changement, ça veut dire qu’on est en train d’évoluer ; et l’accélération veut dire qu’on est en train de bouger. Selon lui, il s’agit de revoir le rythme par lequel l’on est en train d’évoluer. Ainsi pour atteindre la vitesse de croisière, M. Sow estime qu’il faut : un suivi régulier des indicateurs ; des ressources humaines de qualité ; une innovation en terme de financement ;  et une stratégie de bonne collaboration.

Les excrétas, un problème de santé publique

Dans sa note technique, WaterAid Mali révèle : « Le manque d’assainissement constitue un facteur de risque important pour la santé publique. Il affecte en priorité les populations pauvres, marginalisées et vulnérables. Chaque jour dans le monde, 1000 enfants de moins de cinq ans meurent de maladies liées aux matières fécales. L’accès aux toilettes sauve des vies, car empêche la propagation des maladies causées par les matières fécales »

Ces informations ont été confirmées par Sory Ibrahim Bouaré de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui a rappelé que les matières fécales ont l’impact réel sur la santé publique. « Un seul gramme d’excrément humain contient de plus d’un milliard de germes pathogènes. Sans une toilette conforme, tous ces germes se propagent et deviennent un danger réel pour la santé publique», précise-t-il, tout en ajoutant que ces germes pathogènes peuvent surtout provoquer la diarrhée ; le choléra ; les vers ; la fièvre typhoïde…

Un casse-tête….

Après avoir souligné les efforts du gouvernement dans le domaine de l’assainissement, Niarga Oulé Dembélé, directeur national de l’Assainissement et du Contrôle des Pollutions et des Nuisances, a lâché : « La problématique liée aux toilettes est un casse-tête ».

Toutefois, M. Dembélé a rassuré que les dispositions sont en cours pour y trouver une solution. Il s’agit, pour lui, de l’adoption de la nouvelle politique nationale de l’assainissement qui contient cinq programmes nationaux et une stratégie, ainsi qu’un plan d’action.

Aujourd’hui, avec seulement 45 % d’accès au service d’assainissement de base et 20 % d’accès à des services d’assainissement gérés en toute sécurité, le chemin semble être encore long pour l’atteinte de l’ODD6 d’ici à 2030. Mais pour l’heure, l’État et ses partenaire, ainsi que la société civile sont tous unanimes qu’il faut encore accélérer afin d’être au rendez-vous de 2030.

Ousmane BALLO / Afrikinfos-Mali

Last Updated on 20/11/2023 by Ousmane BALLO