Camp Soundjata de Kati : bruit des rangers et tirs de sommations, la vie de la nation bascule

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On parlait de bottes pour les militaires pendant les guerres mondiales, au XXIè siècle et depuis, les bottes des militaires ont été remplacées par des rangers. En milieu de matinée de ce mardi 18 août 2020, le camp Soundjata de Kati a connu à nouveau, sept ans après, un mouvement, un bruit des rangers, peu ordinaires. Beaucoup d’habitants et de résidents ont entendu même des coups de feu. En l’espace d’une journée, même de quelques heures, la vie sociopolitique du pays a basculé. Pourquoi ?

Nos premières sources soutiennent que le mouvement des éléments du camp Soundjata de Kati serait dû à limogeage de l’adjoint de l’officier chargé de la sécurité présidentielle. Cet adjoint est gendarme. Son chef hiérarchique est garde national et ce dernier cumulerait les deux fonctions. Les militaires et les militaires gendarmes auraient senti un recul de leur influence et de leurs autorités dans les sphères du pouvoir. Dans nos pays, le sentiment est le suivant : plus on est loin des sphères décisionnelles, moins on est impliqué et pire on est facilement oublié. Est-ce ce sentiment qui a motivé la saute d’humeur des éléments du camp Soundjata ? Difficile de répondre à l’affirmatif. Ce qui est probable, en cette période de crise sociopolitique et de méfiance généralisée, un prétexte est vite trouvé. Surtout que les scandales se sont multipliés ces temps-ci. Des scandales qui ont touché l’armée dans sa gestion des fonds de la crise sécuritaire et d’autres scandales liés aux relations inter personnelles au sein des bidasses. Kati a-t-il fait peur à Bamako ? Il a néanmoins suscité beaucoup de rumeurs et de panique. L’information selon laquelle les éléments de Kati se sont emparés des armes et font mouvement vers Bamako n’a laissé personne ou presque indifférent. Certains travailleurs et commerçants sont rentrés à la maison précipitamment, d’autres avec quelques usagers, peu nombreux, sont restés sur place ou étaient en circulation.

Des noms ont commencé à être cités sur les réseaux sociaux comme étant les leaders de ce mouvement à Kati.

Des personnes visées sont aussitôt neutralisées

Les officiers généraux aux commandements, les membres du mini gouvernement, le président de la république et son premier ministre en dernier lieu. En milieu d’après midi de ce mardi 18 août, sans effusion de sang, les mutins du camp Soundjata de Kati ont ramassé et amené à Kati tous ceux qui sont susceptibles d’entraver leur objectif.

Objectif atteint dans la nuit du mardi à mercredi

C’est tard dans la nuit, précisément à minuit que le président a lu sa démission, la dissolution de l’assemblée et du gouvernement. Le lendemain mercredi, vers 3h, le porte parole de la junte regroupe au sein du Comité national pout le salut du peuple- CNSP, le Colonel Major Ismaël Wagué, entouré d’autres leaders du mouvement, à lu la toute première déclaration. C’est à partir de mercredi matin, sept heures plus précisément, que la majorité des maliens se sont appropriés de ces déclarations, celles de l’ancien président de république et du porte parole du CNSP.

Le CNSP à la recherche d’une stabilité au pluriel

Dans la semaine du 18 au 25 déjà, les réactions des organismes sous régionaux, régionaux et internationaux se sont fait entendre par une condamnation en règle de ce qu’ils ont appelé ‘’Coup d’Etat’’. La Cedeao (Communauté économique pour le développement des Etats d’Afrique de l’ouest) a aussitôt décrété un embargo et annoncé une mission à Bamako. Le CNSP, de par ses représentants, a rejoint le meeting de soutien du M5-RFP le 21 août sur la place de l’Indépendance pour remercier ce mouvement. Le CNSP a choisi son président en la personne du Colonel Assimi Goïta et des vices présidents notamment Colonel Malick Diaw, Colonel Sadio Camara…

Depuis, le CNSP a initié et organisé des prises de contact avec toutes les forces vivent de la nation et les partenaires. Douze jours après ces rencontres se poursuivent, demain le M5-RFP ira à Kati pour la deuxième et avec sa feuille de route de sortie de crise. Ce document pourra être une base de discussion et de propositions pour les deux parties. Mais il y a bien d’autres propositions qui peuvent être prises en compte pour un Mali meilleur si tel est le vœu de tous.

Drissa Tiémoko SANGARE

Source : Analyste