L’opposition malienne s’est félicitée mercredi 19 août du coup de force militaire de la veille, estimant qu’il avait « parachevé » sa lutte pour obtenir le départ du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) et se disant prête à élaborer avec la junte une transition politique.
La coalition d’opposition du M5-RFP « prend acte de l’engagement du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) », créé par les militaires désormais au pouvoir, « d’ouvrir une transition politique civile », a-t-elle indiqué dans un communiqué. Elle « entreprendra toutes les initiatives » pour « l’élaboration d’une feuille de route dont le contenu sera convenu avec le CNSP et toutes les forces vives du pays ».
Pour sa première réaction depuis le coup d’Etat, l’opposition malienne n’embrasse pas les putschistes sur les deux joues, mais fait une sortie mesurée, analyse notre correspondant à Bamako, Serge Daniel. Certes, elle s’est félicitée « du coup d’Etat militaire », mais rappelle tout de suite que ce coup a « parachevé » sa lutte pour obtenir la démission du président Ibrahim Boubacar Kéita.
Les opposants réunis au sein du Mouvement du 5-Juin – Rassemblement des forces patriotiques affirment également dans le communiqué « prendre acte de l’engagement » du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) « d’ouvrir une transition politique civile ».
Là encore les mots sont choisis. Et pour fêter ce qu’il appelle « la victoire du peuple », le M5 organise ce vendredi un rassemblement à Bamako à la place de l’Indépendance. Il ne s’agit pas donc d’un rassemblement de soutien aux putschistes.
Le message de l’opposition est clair : elle veut rester très vigilante. Le cinéaste Cheick Oumar Sissoko et ses camarades ne veulent pas se faire voler ce qu’ils estiment être « leur victoire ». La junte sera donc surveillée de près pour qu’elle ne quitte le rail avec le train de la transition politique.
Ce communiqué de l’opposition intervient à l’issue d’une nouvelle journée mouvementée au Mali. Tôt ce mercredi matin, les militaires ont pris la parole à la télévision nationale près de 24h après le début de la mutinerie. Ils ont annoncé la création du CNSP, le Comité national du salut public. « Nous ne tenons pas au pouvoir », ont-ils assurés avant de promettre la tenue d’élections dans un délai raisonnable.
A la tête de cette junte, le nouvel homme fort du Mali s’est fait connaître quelques heures plus tard. Il s’agit d’Assimi Goita, colonel de l’armée de terre qui dirige les Forces spéciales au centre du Mali, décrit comme un homme d’action. Il a fait ce mercredi une descente sur le terrain pour rencontrer les secrétaires généraux des ministères. « C’était mon devoir de rencontrer les différents secrétaires généraux pour que, ensemble, nous puissions leur assurer de notre soutien par rapport à la continuité de l’Etat », a-t-il expliqué.
A l’issue d’une conférence de presse dans l’après-midi, le CNSP a également appelé les Maliens à reprendre leurs activités et les fonctionnaires à retourner au travail. Le Comité demande aussi l’arrêt du vandalisme et assure que des sanctions seront prises contre les auteurs de tels actes.
« Le Comité demande l’arrêt immédiat des actes de vandalisme et de destruction des édifices publics, a déclaré le colonel major Ismaïl Wagué, porte-parole de la junte. Au demeurant, tout contrevenant fera l’objet de sanctions. Le Comité insiste : lors de ses activités, on a déploré zéro morts, contrairement à certaines allégations qui font état de quatre morts. »
Mais à l’hôpital Gabriel Touré de Bamako, on a enregistré 4 morts. Les enquêtes sont en cours.
Source: RFI
Last Updated on 20/08/2020 by Ousmane BALLO