Semaine nationale de la réconciliation : de la pure diversion pour les maliens !

Le dimanche 04 septembre, le ministre de la Réconciliation Nationale, de la Paix et de la Cohésion nationale, chargé de l’Application de l’Accord issu du Processus d’Alger, a procédé au lancement officiel de la  première  édition de la Semaine Nationale de la Réconciliation (SENARE).  Dont le thème est : « Faisons de la diversité, un atout pour la cohésion sociale au Mali ». 

Ainsi, en application  de l’article 7 de la Loi N° 2019-0042 du 24 juillet 2019, suite à la Conférence d’Entente Nationale, la SENARE se déroulera  du 15 au 21 septembre 2022. Outre  sur  l’étendue du territoire national, les activités de la SENARE se tiendront dans les ambassades du Mali pour la diaspora.   Le ministre   Col  Ismaël Wagué  estime que  la SENARE : «  va aider   à cultiver les valeurs de la réconciliation et du vivre ensemble.

Cette assertion est  utopique. D’autant plus  qu’au Centre et Nord du Mali, il serait  difficile de réconcilier  les populations et cultiver le vivre ensemble entre elles alors que des criminels qui sont auteurs de la mort ou des blessures de leurs proches vivent dans l’impunité.   Il faut  d’abord  que  l’impunité   cesse d’être  la règle dans notre pays. Sinon,  il  est  fort  à redouter   que la SENARE ne parvienne jamais  à atteindre ses objectifs. Les anciens  criminels  de l’invasion terroriste et rebelle doivent d’abord passer devant les tribunaux pour répondre de leurs crimes. Une fois jugés, ils devront se repentir  pour être  ensuite pardonnés.  Ce sont des étapes indispensables avant tout exercice de  réconciliation.

Rappelons  que  des citoyens maliens ont  eu à prendre des armes contre l’Etat du Mali. Certains  détiennent toujours  (A Kidal, la CMA est  dotée d’armements  lourds  et de logistique militaire sophistiqués). Ces combattants ont  occasionné des morts et des blessés parmi les FAMAs et les populations civiles maliennes.  Mais au lieu que  ces gens répondent  de  leurs  crimes devant les juridictions maliennes,  tant s’en faut, l’Etat du Mali, sous la pression de la Communauté dite internationale,  leur accorde  une prime pour détention d’armes.

Ainsi, au nom de  l’Accord de Réconciliation et de Paix dit du processus d’Alger, des rebelles et des terroristes  maliens (non repentis,  non jugés,  n’ayant subis aucune  enquête de moralité et en dehors  de  toute  orthodoxie  républicaine)  vont tout simplement  intégrer  les Forces de Défense et de Sécurité nationales et la Fonction publique. Cela, sans aucun mérite. Quelle manière pour réconcilier !

Evidemment, cette  injustice  qui  fait la part  belle  à une seule  communauté du pays, afin que  celle-ci  puisse accepter la tutelle de l’Etat du Mali,   n’est  naturellement  pas partagée  par la majorité de nos concitoyens.  Pour cette raison, l’on est en droit   d’interpréter    ladite SENARE comme  une  simple diversion pour  les maliens.  Tant   sa tenue dans  un climat d’injustice et d’exclusivité,  ne  saurait   aider à la réconciliation et au vivre ensemble au Mali.

D’ailleurs,  comment  des victimes  et proches  de victimes  pourraient  volontairement  accepter  de se réconcilier avec  des  criminels (non repentis et non jugés). Qui sont  à l’origine de la mort  de  leurs  proches  ou des sévices commis  sur eux ?  Difficile non !

Falaye Keïta

Source: Le Pélican