‘’Sans Détour’’/Mali : Les revendications dans la vengeance

Ce fut une journée très mouvementée. En l’absence de l’autorité morale, l’Imam Mahmoud Dicko (le terme autorité morale est de Choguel Kokala Maïga), les autres  leaders du mouvement, Choguel Kokala Maiga, Cheick Oumar Sissoko, Issa Kaou Ndjim, Me Mountaga Tall, ou encore Mme Sy Kadiatou Sow et Mohamed Salia Touré, ont appelé à la désobéissance civile et la suite est connue de tous. Le bilan officiel fait état de onze morts et plus de 140 blessés. Aussi, des bureaux, ainsi que des véhicules de services et personnels à l’ORTM comme à l’Assemblée nationale et le Haut conseil des collectivités ont été saccagés et incendiés par les manifestants.

Ce qui est sûr, c’est que cette situation est arrivée à cause de la maladresse du président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, pour avoir été incapable de prendre une décision responsable et concrète pouvant apaiser la crise. Mais, fallait-il en arriver là ? C’est-à-dire : incendier l’Assemblée nationale et la télévision nationale, le Haut conseil des collectivités, ainsi que d’autres services publics et privés et même calciner les véhicules personnels. Sincèrement, rien ne peut justifier ces actes, surtout ceux commis au sein des services privés. Idem à l’ORTM qui n’est qu’un service d’Etat, donc un service qui n’obéit qu’aux ordres du pouvoir.

La vérité dans cette histoire, c’est qu’il y a une part de vengeance chez certains leaders du M5 RFP, très révoltés contre le régime. Ces derniers, n’ayant pas pu satisfaire tous leurs désirs, veulent mettre leurs pieds dans le plat. Il s’agit là de Choguel Kokala Maïga, Issa Kaou Ndjim, Me Mountaga Tall, Mohamed Salia Touré… Ils ont tous servi ou soutenu le régime d’une manière ou d’une autre et ont décidé de prendre des dents contre le même régime après avoir été écartés du système pour des raisons qu’ils ne vont jamais avouer. Ainsi pour atteindre leurs  buts, ils se déguisent en bons patriotes afin de mieux berner ou manipuler des jeunes et des femmes et faire d’eux une arme de combat, de vengeance et de revendication. C’est pourquoi à la fin des actes de vandalisme du 10 juillet 2020, Choguel Kokala Maïga a laissé entendre : « La mobilisation d’aujourd’hui (10 juillet 2020) a été plus forte que celle du 5 et du 19 juin. Et donc, nous sommes satisfaits, cela montre que nous sommes en phase avec le peuple.»

Par contre, d’autres acteurs du M5 veulent se faire une place honorifique dans l’histoire du pays. Il s’agit particulièrement de Cheick Oumar Sissoko, L’Imam politicien Mahmoud Dicko et de Mme Sy Kadiatou Sow. Ils n’ont apparemment rien réclamé du régime, et contrairement à Cheick Oumar Sissoko, Mme Sy et Mahmoud Dicko profitent toujours de la moindre occasion pour descendre dans la rue et se faire filmer.

 

C’est dire que la manifestation du M5 RFP du 10 Juillet 2020 transformée en désobéissance civile, n’est rien qu’une vengeance chez certains manifestants. Pour d’autres, c’était la meilleure occasion pour déverser leur colère contre le régime. Ainsi, ces derniers sont mis à casser, piller et à incendier tout sur leurs passages. Comme toujours, ce sont des innocents qui sont victimes d’une telle situation. Mais une situation favorisée par le président de la République à cause de son inaction et de son incapacité à mieux gouverner le pays.

Au regard de la situation actuel du Mali, ni la grandeur, ni l’arrogance ne pourront résoudre cette crise sociopolitique. De toutes les façons, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, demeure le seul garant de la paix et de la stabilité et il dispose des moyens légaux pour calmer la situation. Toutefois, chacun de son côté doit pouvoir être raisonnable. IBK doit vite se rendre à l’évidence, parce que ce ne sont pas les discours stériles qui pourront résoudre l’équation malienne, mais plutôt des propositions concrètes capables de calmer les esprits.

Ousmane BALLO

Source : Ziré