Liberté provisoire pour Sanogo et co-accusés : l’affaire reste floue !

Inculpés en 2013 pour enlèvement, torture et meurtre dans l’affaire dite des vingt-et-un bérets rouges disparus à la suite du contre coup d’Etat échoué du 30 avril 2012, le général Amadou Aya Sanogo et ses co-accusés ont bénéficié d’une liberté provisoire de la part de la chambre d’accusation de la Cour d’Appel. C’est donc ‘’provisoirement’’ sept ans de calvaire qui vient de connaître sa fin. L’avenir judiciaire de ses supposés criminels  reste cependant incertain. Une chose semble sûre : il n’y a toujours pas eu de justice dans cette affaire. Quid des victimes ?

Autant le putsch de 2012, dont la responsabilité a été portée à l’époque par le capitaine Amadou Aya Sanogo, est anticonstitutionnel et condamnable, autant la disparition de ses frères d’armes dans la foulée mérite justice. Car dans cette affaire, des familles ont été endeuillées, des enfants devenus orphelins et des épouses veuves. Pire, ces militaires maliens ont été  assassinés comme des ennemis de la nation, cela après avoir été neutralisés par leurs frères d’armes pendant l’affrontement du 30 avril 2012 et montrés à la télé.

Sept ans après, il n’y a toujours eu aucune responsabilité située. Pourtant l’audience portant sur la libération du général Amadou Aya Sanogo du mardi 18 janvier 2020, dont le délibéré a eu lieu une semaine plus tard, ouvre la voie à des interrogations sur le sort des victimes.

Certes, plus personne ne s’opposait  à la mise en liberté des présumés, puisque la partie civile, le parquet et la défense ont accordé leursviolons dans ce sens et surtout que la détention des présumés accusés n’était plus dans le dispositif réglementaire. Mais, la mise en liberté de ces derniers sans jugement au préalable serait aussi une insulte à la mémoire des victimes et même de tous ceux qui ont condamné leur acte.

Des non-dits sur leur libération !

A l’issue de cette libération, certains sources ont fait entendre que les plus hautes autorités du pays et la hiérarchie militaire ont dégagé des conditions pour que toutes les parties soient satisfaites. Cela au nom d’une prétendue réconciliation nationale.

Ces fameuses conditions seraient que, chaque famille endeuillée des bérets rouges sera compensée à hauteur de 30 à 40 millions de F CFA. En plus d’un logement social, une place pour un ayant-droit dans les fonctions militaires ou paramilitaires (l’armée, la gendarmerie, la protection civile, la garde ou la police), ou dans la fonction publique de l’Etat ou des Collectivités territoriales.

Pire encore, les mêmes conditions envisageraient de réintégrer les inculpés qui ont passé sept ans en prison sans être jugés. En plus  d’être relaxés, ils regagnent leurs familles respectives sans être indemnisés à leur tour. Mieux, ils reprendront leurs corps d’origine en ce sens qu’aucune charge pénale qui soit de nature à leur fermer les portes de l’armée, ne pèse sur aucun d’eux. Ils reprendront aussi le service comme si rien n’était jamais passé les concernant.

La question que l’on se pose pour l’instant est de savoir si oui ou non ces présumés criminels réapparaîtront devant une juridiction ou pas. Cependant pour la défense, si les ex-putschiste ont passé sept ans sans être jugé, c’est qu’il y a pas de preuve de leur crime. Alors qui est l’auteur de la disparition des vingt-et-un bérets rouges en 2012 ? Quoi que l’on dise, cette affaire reste encore floue.

 Amadou Basso