C’est une étape historique pour le devenir sécuritaire de l’espace Alliance des États du Sahel (AES). Le jeudi dernier, un premier contingent de près de 800 soldats issus des Forces de Défense et de Sécurité du Burkina Faso (FDS) et des Forces Armées Nigériennes (FAN) a été officiellement déployé à Hèrèmakono, dans la région stratégique de Sikasso, au sud du Mali.
Accueillies dans une ambiance de liesse populaire, les troupes burkinabè et nigériennes ont fait leur entrée dans la ville sous les applaudissements nourris d’une population venue en masse saluer cette démonstration d’unité et de solidarité régionale. Ce déploiement marque le lancement opérationnel de la force conjointe de l’AES, fruit d’une coopération militaire renforcée entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger depuis avril dernier.
Une mission stratégique : sécuriser les corridors logistiques
Aux côtés des Forces Armées Maliennes (FAMa), les soldats de l’AES auront pour mission prioritaire la sécurisation des convois de citernes en direction de Bamako, un enjeu crucial dans un contexte de tensions régionales et de menaces persistantes sur les axes d’approvisionnement. Ce redéploiement militaire vise à restaurer la souveraineté territoriale et à garantir la libre circulation des biens et des personnes dans une zone longtemps fragilisée par l’insécurité.
Au-delà de cette première opération, l’ambition affichée par les trois États membres de l’AES est claire : mobiliser jusqu’à un million de soldats pour constituer une armée unifiée capable de répondre efficacement aux défis sécuritaires communs. Une perspective qui suscite un fort engouement au sein de la jeunesse sahélienne, largement disposée à s’engager pour la défense de ses nations.
Cependant, certains observateurs pointent du doigt une forme d’hésitation persistante chez les dirigeants de l’alliance, susceptible de freiner l’élan populaire. Dans un contexte où les menaces terroristes s’intensifient, à l’image de la situation en Syrie, l’urgence d’une réponse coordonnée et massive devient de plus en plus pressante jusqu’au niveau le plus bas au sein des groupes de discussions dans la population.
Un tournant pour la sécurité régionale
Le déploiement à Hèrèmakono symbolise bien plus qu’une simple opération militaire : il incarne la volonté politique manifeste des États de l’AES de prendre leur destin en main, en rompant avec les schémas sécuritaires traditionnels. Cette initiative pourrait bien redessiner les contours de la coopération régionale en Afrique de l’Ouest, avec le rapprochement rationnel du Togo de la Russie, et va ouvrir la voie à une nouvelle ère de sécurité collective partagée et de souveraineté affirmée dans la résilience des populations.
Source : L’Aube
Last Updated on 24/11/2025 by Ousmane BALLO
